Pour sa 36e édition, qui se déroulera du 16 au 26 novembre, le festival pionnier montréalais Image+Nation nous propose une programmation toujours aussi variée, avec des films à saveur LGBTQ+ d’ici et d’ailleurs. Entrevue avec Charlie Boudreau, la directrice générale du festival.
Contactée alors qu’elle était dans les derniers préparatifs du festival, Charlie ne cache pas toute l’organisation que demande un tel évènement annuel : « Il y a beaucoup de morceaux qui bougent, organiser un festival ce n’est pas juste de programmer des films, mais organiser des activités, faire des partenariats, avoir les salles, etc. », explique-t-elle en soulignant avec humour que la programmation, c’est le bonbon! Et que nous réserve-t-on cette année en termes de sucreries? Charlie appuie d’emblée : « Cette année au niveau de la programmation, il y a de bons films de partout, une visée internationale ». À cet effet, soulignons le film All the Colours of the World are Between Black and White (Babatunde Apalowo) du Nigeria, présenté à la Berlinale plus tôt cette année. À l’aide d’une composition de couleurs discrète, Apalowo raconte l’histoire sobre et tendre de deux hommes qui se rapprochent dans une société où les relations sexuelles entre personnes de même sexe sont considérées comme taboues et passibles de poursuites criminelles.
Également parmi la programmation, le film israélien In Bed (Nitzan Gilady) où la diégèse prend forme lors du défilé de la fierté gaie, alors que le bonheur du moment est brusquement interrompu par une fusillade mortelle. Mentionnons également le documentaire The Radical (Richard Finn Gregory) d’Afrique du Sud qui s’intéresse à Muhsin Hendricks, le premier imam ouvertement gai au monde. Enfin, les films des pays scandinaves valent le détour dit-on ! Au menu : The Venus Effect (Anna Emma Haudal) du Danemark, Norwegian Dream (Leiv Igor Devold) de Norvège et Opponent (Milad Alami) de Suède, sélectionné aux Oscars. « C’est excitant d’aller découvrir d’autres cultures qu’on ne connait pas et des perspectives moins mainstream », appui Charlie « c’est pour ça qu’on va voir des films en festivals! On est très fières de la perspective internationale qu’on amène à Montréal. »
Cette année, c’est aussi une belle cuvée pour les films de filles en français. « À commencer par le documentaire Lesbiennes, quelle histoire? qui revient sur l’histoire de la représentation lesbienne en France », explique Charlie. Nous pourrions d’ailleurs le mettre en parallèle avec le documentaire canadien Analogue Revolution: How Feminist Media Changed the World de Marusya Bociurkiw. Narré par l’icône du rock canadien Carole Pope, le film examine la montée et la chute des médias féministes des années 1970 aux années 1990 avec Moira Simpson, Michelle Wong, Arti Patel, Ella Cooper et Susan G. Cole. « Ces films permettent un retour sur la place que les lesbiennes ont pris dans l’histoire et rappeler aussi aux nouvelles générations l’existence de ces personnes », soutien Charlie.
Côté fiction, une thématique sportive est palpable. Mentionnons le film biographique Marinette, réalisé par Virginie Verrier, qui suit la carrière puis l’ascension de la joueuse de soccer professionnel française Marinette Pichon qui fera également carrière aux États-Unis. Elle est considérée comme la première vedette française du « foot » féminin. Pour sa part, le film suisse Rivière de Hugues Hariche s’intéresse au passage à l’âge adulte d’une jeune femme qui, en partant à la recherche de son père, se retrouve et retrouve ses rêves. Au centre de ce drame remarqué au festival de Locarno, le hockey y trouve une place de choix, puisque Manon rêve de devenir hockeyeuse professionnelle. Qui plus est, au-delà des histoires de coming out, « cette année, il y a aussi une belle représentation d’histoires diversifiées et plus complexes, de toutes les populations queer. C’est la chance de découvrir d’autres histoires et de voyager à travers les films », explique Charlie.
Parmi les films québécois, mentionnons le plus récent film de Chloé Robichaud, Les jours heureux, avec Sophie Desmarais dans le rôle d’une cheffe d’orchestre en pleine ascension. La réalisatrice viendra également présenter une master class. Il y aura aussi d’autres évènements spéciaux, dont des tables rondes sur la production queer québécoise et un volet gaming, sur le jeu vidéo et sa façon de raconter des histoires. Si le fait de présenter des films en salles ainsi qu’en ligne n’est pas nécessairement une formule facile, au niveau de la distribution, cela demeure néanmoins pour cette année, confirme Charlie : « On garde la formule hybride, car on y tient! Donc une partie de la sélection se retrouvera disponible en ligne. On encourage d’autant plus les gens en régions à regarder ces films, car si on fait ça c’est avant tout pour les rendre accessibles aux gens qui ne peuvent se déplacer en salles! » Bref, pas d’excuse pour ne pas prendre part à la 36e édition d’Image+Nation!
INFOS | Pour vous procurez des billets, plur plus d’informations sur le festival et la programmation des films et des évènements spéciaux, consultez le site web du festival : https://www.image-nation.org