La réalisatrice canadienne Sandi Somers sera de passage à Montréal dans le cadre du festival Image + Nation pour y présenter Hailey Rose, son plus récent long métrage. Le film, qui met en vedette notamment Kari Matchett (Covert Affairs) et Em Haine (Reginald the Vampire), a déjà brillé aux plus récents Alberta Film & Television Awards.
Comment présenteriez-vous le film ?
Sandi Somers : Cette question est toujours difficile à répondre. C’est difficile parce que, dans ce film, il y a des rires et des pleurs, et donc, au final, ça dépend de comment on connecte avec le film.
Je dirais que c’est l’histoire d’une femme, Hailey, qui vit en Alberta et qui n’a pas eu de contact avec sa famille, qui est en Nouvelle-Écosse, pendant les 10 dernières années. Elle reçoit un appel de sa sœur lui disant que sa mère est décédée et qu’elle aimerait qu’elle l’aide à tout gérer. Quand la protagoniste retourne chez sa famille, elle se rend compte que tout ce qu’on lui a dit n’est pas totalement vrai.
Votre film semble avoir des points communs avec votre vie. Est-ce une histoire basée sur votre vie ?
Sandi Somers : Il y a beaucoup de choses dans ce film qui ressemblent à ma vie. J’ai grandi à Cap-Breton et j’ai déménagé en Alberta il y a quelques décennies.
Mais les personnages en soi sont un amalgame de plein de personnes. C’est le reflet de la beauté et de la complexité des personnes avec qui j’ai grandi. Je retourne parfois visiter la Nouvelle-Écosse. Je pense que plus j’y retourne, plus je remarque que je suis probablement devenue une personne de l’Ouest, parce que je constate à quel point les Néo-Écossais sont uniques, beaux et chaleureux.
Selon vous, y a-t-il une différence entre l’Alberta et la Nouvelle-Écosse en matière d’acceptation des LGBTQ+ ?
Sandi Somers : J’ai l’impression que c’est devenu similaire. Je sens qu’il y a une plus grande acceptation, notamment pour la culture lesbienne. Je pense que, puisqu’il y a de plus en plus d’œuvres [lesbiennes], la communauté s’est intégrée à notre culture. Les gens deviennent plus habitués, sont plus ouverts. Je sens que les deux [l’Alberta et la Nouvelle-Écosse] sont aujourd’hui similaires. Les choses ont changé et nous avons désormais les mêmes droits que tout le monde.
Quel a été le plus grand défi dans la production du film ?
Sandi Somers : Le plus grand défi a probablement été d’ajouter de la complexité et de la
profondeur aux personnages. M’assurer que, sur papier, les personnages n’étaient pas
superficiels ou caricaturaux, mais qu’ils étaient humains. Mais c’est mon travail de m’assurer que l’on puisse refléter les personnages dans leur entièreté.
C’est encore difficile de trouver des interprètes LGBTQ+ ?
Sandi Somers : La représentation était vraiment importante pour moi. Il y a certaines caractéristiques que je voulais mettre de l’avant dans le film. J’ai dû chercher plus en profondeur, et donc ça, ça a été un défi pour moi. Mais c’était important pour moi de trouver quelqu’un qui « vivait » le personnage.
Évidemment, si je cherchais uniquement des femmes cisgenres dans la vingtaine, j’aurais eu l’embarras du choix. Mais quand tu veux mettre de l’avant une personne LGBTQ+, tu dois entrer un peu plus dans le côté personnel de l’interprète, en plus de t’assurer que la personne est confortable de s’afficher, ce qui n’est pas nécessairement facile.
Sentez-vous encore du jugement face à la représentation LGBTQ+ au cinéma ?
Sandi Somers : Ça a évolué. Un de mes premiers films était — essentiellement — un film lesbien. Et j’avais reçu tellement de backlash… C’était incroyable. Contre mon film, contre ma personne… Je dois dire que cela m’a probablement préparée à ma carrière. Ça m’a forgé une carapace.
Ressentez-vous une pression ou certaines attentes, notamment en ce qui a trait à la représentation LGBTQ+ ?
Sandi Somers : C’est une bonne question. Peut-être que je ressentais de la pression à une époque, quand je commençais et qu’il y avait plus de conflits dans le monde quand on en venait aux LGBTQ+. Aujourd’hui, je crée tout simplement des histoires. Je ne m’inquiète plus de ça.
INFOS | Hailey Somers de Sandi Somers sera présenté dans le cadre du
Festival image+nation lgbtqueer de Montréal, le 26 novembre à 15h.
https://www.image-nation.org
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Synopsis de Hailey Rose
Hailey (Em Haine), une jeune femme dans la vingtaine, a fui sa mère (Kari Matchett) et sa petite ville côtière de la Nouvelle-Écosse il y a une dizaine d’années. Elle est sans emploi et commence à manquer d’excuses pour ne pas emménager avec son petit ami. Un jour, sa sœur Rose (Caitlynne Medrek), un peu surexcitée, l’appelle et insiste pour qu’elle vienne à la maison. Rendue sur place, une surprise l’attend. Avant qu’Hailey puisse retourner à sa petite vie paisible plus à l’Ouest, elle est confrontée à certaines vérités étonnantes à propos de ses parents, des effets de son départ sur sa sœur et du sort d’un vieux bateau de pêche en piteux état. Ce récit tragicomique et touchant porte sur la fuite, le passé qui finit par nous rattraper et l’acceptation des gens que l’on aime depuis longtemps ou depuis peu.