Crête est un·e sirène qui doit franchir le rite de passage inhérent à son espèce : porter aide à un être humain avant que ne se couche le soleil au terme d’un cycle lunaire de 30 jours. S’il y a réussite, iel pourra retourner parmi les siens; dans le cas contraire, iel devra demeurer en compagnie d’une espèce qu’iel juge profondément inférieure. Un échec ne peut donc être envisagé!
Un sortilège lui permet de transmuter sa queue de poisson en jambes, mais il doit cependant éviter tout contact prolongé avec l’eau pour maintenir son état. C’est alors qu’il déambule sur une plage de Los Angeles qu’iel fait la connaissance de Sean, un maître-nageur qui vient tout juste de se faire plaquer par son premier copain.
Désireux de ne pas prolonger son séjour plus qu’il n’en faut, Crête saute immédiatement sur l’occasion : faire renaître l’histoire d’amour des deux hommes est sans aucun doute l’épreuve qu’iel doit traverser! Et quoi de mieux que de simuler une relation amoureuse avec Sean afin de susciter la jalousie de son ex et le ramener, excuser le jeu de mots maritime, dans ses filets. Mais plus les deux adolescent·es passent du temps ensemble et plus Crest réalise que sa compréhension des humains était bancale et que ces derniers ne se limitent pas à détruire leur environnement et à vouloir tout genrer : un concept que les Océaniens jugent incompréhensible puisque tous les habitants de la mer sont non-binaires.
On s’en doute, les faux semblants mènent bientôt à l’émergence de sentiments véritables, ce qui vient tout compliquer puisque notre sirène se retrouve ainsi partagé·e entre son attachement pour Sean, le mensonge qu’iel entretien au regard de son identité véritable et son désir de retrouver les siens. Et qu’arrivera-t-il lorsque la période de séjour allouée arrivera à son terme?
La prémisse de cette comédie romantique sur le passage à l’âge adulte fait immédiatement songer à une variation sur le thème de La petite sirène ou du film Splash auquel l’auteur ajoute cependant un angle fort intrigant : l’identité de genre. Il faut d’ailleurs souligner que l’écriture non binaire est beaucoup plus simple à mettre en place en anglais puisque peu de mots y sont genrés : le travail de traduction française a donc nécessité la mise en place de nombreux accords au neutre, auquel s’ajoutent 252 notes de bas de page. Un phénomène qui entrave la lecture même si on en comprend bien la nécessité.
Malgré ce léger bémol, la lecture des aventures amoureuses et identitaires de Crête et Sean ne pourront qu’enchanter les amateurs de comédies romantiques ou de contes de fées.
INFOS | Alerte à Maliblue / Jason June. [France] : Ellipsis, 2023. 335p.