Samedi, 8 février 2025
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    Un Ougandais homosexuel menacé d’expulsion du Canada obtient un sursis

    Un homme d’Edmonton qui devait être expulsé vers l’Ouganda, où il craignait la prison ou la mort en raison de son homosexualité, peut rester au Canada pour le moment.

    Le jeune homme de 25 ans a obtenu un permis de séjour temporaire de sept mois, vendredi. 

    «Je suis extrêmement reconnaissant et soulagé que la décision ait été annulée et que je puisse rester en sécurité», a réagi l’homme à La Presse Canadienne.

    Il a demandé à ne pas être identifié pour sa sécurité, car il pourrait toujours être renvoyé dans son pays d’origine à l’avenir. Il s’appelle parfois Sue. 

    Depuis que l’Agence des services frontaliers du Canada lui a ordonné de se présenter lundi pour prendre un vol vers l’Ouganda, Sue rangeait son appartement et d’essayer de vendre ses biens sur Facebook.

    L’homosexualité est depuis longtemps illégale dans ce pays d’Afrique de l’Est. Plus tôt cette année, il a adopté l’une des lois anti-homosexualité les plus sévères au monde. Il pourrait imposer la peine de mort en guise de punition pour «homosexualité aggravée».

    Le premier ministre Justin Trudeau a appelé l’Ouganda à abroger cette loi.

    Le moment où «tout a basculé»
    Sue a raconté avoir eu une bonne enfance et qu’il avait grandi comme la plupart des Ougandais. Il est allé à l’école, a joué au soccer et a fait du bénévolat. Il a ensuite étudié pour devenir infirmier.

    Il a déménagé au Canada en 2018 avec un visa étudiant, qui devait expirer l’été dernier. Il a transféré ses crédits en soins infirmiers et obtenu ses titres de compétences en soins infirmiers auxiliaires, puis a obtenu un emploi à temps partiel dans le domaine de la santé, tout en poursuivant ses études en vue d’obtenir un baccalauréat en sciences.

    Sue a indiqué qu’il avait également trouvé du soutien au sein de la communauté LGBTQ d’Edmonton. Puis il a fait son coming-out auprès de sa famille, qui vit en Ouganda.

    «C’est à ce moment-là que tout a basculé», a-t-il confié. Ses parents ont interrompu ses frais de scolarité et, sans fonds, il a abandonné ses études universitaires.

    Retourner en Ouganda après avoir annoncé son homosexualité le mettrait en danger, a-t-il mentionné. Il a donc demandé conseil à Newcomers Edmonton, qui lui a conseillé de demander le statut de réfugié, ce qui serait sa meilleure option.

    Sue explique avoir déposé une plainte au motif qu’il serait persécuté en tant qu’homosexuel s’il retournait en Ouganda. Le gouvernement fédéral a rejeté la demande d’asile de Sue en juillet 2022, décision confirmée en appel début 2023.

    L’avocat torontois Michael Battista a alors demandé le report de l’expulsion de Sue. Elle a été rejetée en début de semaine.

    Selon M. Battista, la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada a rejeté la demande de statut de réfugié même si Frank Mugisha, directeur de Sexualized Minorities Uganda, a déclaré connaître Sue depuis sept ans en Ouganda et qu’il l’avait vu avec un petit ami.

    M. Battista a déclaré que la commission n’avait pas jugé l’ensemble des preuves suffisamment convaincantes pour annuler l’ordre d’expulsion.

    Toutefois, M. Battista a déclaré que le gouvernement fédéral avait pris la bonne décision vendredi. Il a remercié le ministre de l’Immigration, Marc Miller, et le député d’Edmonton, Randy Boissonnault, d’être intervenus.

    Sue pourra demander l’année prochaine le statut de résident permanent, a déclaré M. Battista.

    L’Agence des services frontaliers du Canada a indiqué dans un courriel qu’elle ne commentait pas les cas individuels. La Commission de l’immigration et du statut de réfugié n’a pas non plus fait de commentaires. 

    1500 demandes d’aide
    M. Mugisha a dit que l’expulsion de Sue aurait été la première dont il aurait entendu parler au cours de la dernière décennie impliquant l’envoi d’un homme gai vers l’Ouganda.

    Il a affirmé que la famille de Sue est musulmane et qu’elle pense que le Canada a fait de lui un homosexuel. Selon lui, ils ont les moyens de le retrouver et de le mettre en prison pour cause d’embarras s’il retourne en Ouganda. 

    Rainbow Railroad, une organisation mondiale à but non lucratif qui aide les personnes LGBTQ, a indiqué avoir reçu 1500 demandes d’aide de la part d’Ougandais depuis le début de l’année, dont 90 % à la suite de l’adoption de la loi draconienne sur l’homosexualité

    Le directeur général du groupe, Kimahli Powell, a déclaré dans un courriel que les citoyens ougandais sont tenus de se dénoncer les uns les autres sous peine d’être sanctionnés. 

    Doug Kerr, de Réseau Diginité Canada, un groupe d’organisations de la société civile, a déclaré que la décision du Canada d’expulser une personne homosexuelle vers l’Ouganda avait été décevante.

    M. Kerr a affirmé qu’une contestation de la loi sur l’homosexualité avait été déposée lundi devant un tribunal ougandais et qu’il espérait que le Canada ferait un effort officiel pour soutenir les Ougandais concernés. 

    Un porte-parole d’Affaires mondiales Canada a indiqué que le gouvernement fédéral condamnait fermement la loi ougandaise et qu’il évaluait la suite à y donner.

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