Le nouveau Plan gouvernemental de lutte contre l’homophobie et la transphobie était attendu depuis bientôt deux ans. Le 14 décembre dernier, la ministre responsable de ce Bureau, Martine Biron, l’a dévoilé, rappelant qu’elle avait demandé un report de 6 mois la présentation pour s’assurer qu’il soit parfaitement ficelé. Et cela valait la peine d’attendre. L’octroi de 23,7 millions de dollars sur cinq ans pour le Bureau de lutte dont 11 millions iront directement aux groupes communautaires. Un doublement du financement en fait qui répond aux demandes récurrentes depuis des années des groupes communautaires.
Au cours du point de presse organisé en présence de représentant.e.s d’organismes communautaires, la ministre a rappelé qu’elle était inquiète face à la montée de discours et d’actes homophobes et transphobes que l’on retrouve aujourd’hui dans la société québécoise. Comme elle le souligne dans l’entrevue donnée à Fugues, et comme elle en a déjà parlé plusieurs fois, il semble que ce soit son cheval de bataille dans les mois à venir.
Mais au-delà du financement, le nouveau Plan de lutte couvre aujourd’hui toutes les réalités et les défis que rencontrent les personnes 2SLGBTQ+. en prenant en compte leur situation particulière dans d’autres sphères de la vie. C’est un grand pas vers l’intersectionnalité. Il rappelle aussi que le Bureau de lutte est interministériel et que les organismes communautaires peuvent s’adresser directement aux ministères qui les concernent. Ce rappel est important car plusieurs se plaignaient que certains ministères ne se sentaient pas interpellés, voire concernés, par la mise en place de politique soutenant les personnes 2SLGBTQ+, ou encore d’intervenir dans des champs qui relèvent pourtant de leurs compétences.
Autre élément notable et remarquable qui indique un changement profond dans l’octroi des subventions. Celles-ci, en fonction des projets, pourront être pérennes. Dans les faits, les organismes communautaires n’auront pas à refaire des demandes de subventions chaque année comme c’était le cas jusqu’à aujourd’hui. Cette demande était portée depuis des années par les organismes communautaires pour qui le mode de financement annuel entravait leur fonctionnement.
Le nouveau Plan de lutte tente de couvrir toutes les réalités des personnes 2SLGBTQ+ pour leur venir en aide. Entre autres, tout organisme communautaire dont la mission n’est pas la sensibilisation et l’éducation verra ses demandes prises en compte. On pense ici ainsi aux organismes qui s’adressent directement aux personnes de nos communautés en leur apportant un soutien, mais aussi aux organismes 2SLGBTQ+ à vocation culturelle dont la mission n’était pas prise en compte.
Enfin, tout un pan de ce Plan de lutte vise aussi à prendre en compte les réalités spécifiques que peuvent vivre certaines personnes ou certains groupes à l’intérieur de nos communautés, comme la question de la santé mentale ou encore du vieillissement des 2SLGBTQ+ pour s’assurer qu’ils soient entendus, soutenus et représentés.
Dernier point à souligner, l’insistance de la ministre à reconnaître le travail du Conseil québécois LGBT. Lors de son point de presse, elle a tenu à préciser que le Bureau de lutte avait une très bonne communication avec le Conseil québécois LGBT et que son équipe n’hésitait pas à prendre son téléphone pour parler avec des responsables du Conseil, lorsqu’elle avait des questions, cherchait de l’information. En somme, le Conseil québécois LGBT est devenu un joueur essentiel et incontournable pour le Bureau de lutte contre l’homophobie et la transphobie et de fait pour le devenir de nos communautés. Ce qui explique aussi pourquoi le Comité des sages nommés pour faire un bilan et un état des lieux sur les questions trans et non-binaires ait été appelé à collaborer avec le Conseil québécois LGBT.
Une journée faste pour les groupes communautaires que ce 14 décembre dernier qui a relégué au second plan toutes les inquiétudes concernant les nominations sur le Comité des sages sur lequel n’apparaissait aucune personne trans ou non-binaire. Saluons cependant l’engagement de la ministre auprès de nos communautés. Le nouveau Plan de lutte le prouve.
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