
Selon un projet de recherche de l’Université de Guelph sur les conditions de travail des drag queens au Canada et aux États-Unis, les artistes pratiquant l’art de la drag devraient avoir accès au statut de travailleurs à la demande, au même titre que les chauffeurs Uber ou les musiciens.
L’étude a été menée par Thomas Sasso, professeur associé au Département d’économie de l’Université de Guelph, et Matt Sbrissa, qui est un diplômé de l’établissement et lui-même artiste sous le nom de Chimaera.
Sur les 141 drag queens interrogées, seul le quart disaient tirer l’essentiel de leurs revenus de leurs performances. Jusqu’à 52 % des personnes interrogées souhaiteraient se consacrer à ce métier à temps plein, mais elles ne sont que 8 % à pouvoir se le permettre.
«Elles sont souvent embauchées pour la durée de la performance, sans être salariées ou employées par l’organisation
», explique Thomas Sasso. Selon lui, de facto, cela en fait des gig workers, des employés temporaires à la demande
.
Des conditions de travail jugées non sécuritaires
Cette situation favorise, selon le chercheur, de mauvaises conditions de travail qui expliquent le haut taux d’agressions verbales, physiques et sexuelles dont les drag queens sont victimes.
Selon l’étude, un artiste sur trois a confié avoir subi des violences physiques, alors que quatre personnes sur cinq disent avoir été harcelées verbalement et que plus de 80 % ont reçu des avances sexuelles non désirées.

Les lectures de contes pour enfants ont, par exemple, parfois été à l’origine de violentes protestations et de menaces physiques, et les policiers ont dû à plusieurs reprises intervenir partout au pays pour assurer la sécurité lors de ces événements.
La majorité des drag queens se produisent plutôt sur les réseaux sociaux, dans des bars ou des établissements de nuit, où ces travailleurs sont parfois rémunérés en pourboires ou en coupons pour des boissons, selon Thomas Sasso. Cela n’est pas suffisant pour subvenir à leurs besoins, estime le chercheur. Et la précarité s’ajoutent les contraintes d’organisation.
Selon le chercheur Thomas Sasso, assurer la sécurité des artistes passe par le fait de leur octroyer un salaire normal et, éventuellement, un syndicat. Il cite pour exemples les récentes grèves du syndicat des acteurs ou des scénaristes. «Nous constatons que les syndicats ont le pouvoir de représenter les travailleurs et de leur donner les moyens d’obtenir les protections dont ils ont besoin et les conditions sécuritaires de travail dont ils ont été privés
», conclut-il.
Au Québec, nous avons recensé plus d’une quinzaine d’artistes pratiquant (entre autres) l’art de la (ou du) drag (dont Rita Baga, Mado Lamotte, Michel Dorion, Adriana, Mona de Grenoble, RV Métal et Rock Bière) qui font partie de l’UDA comme artistes de variété, animateur.trices, comédien.ne.s ou humoristes. L’Union des artistes est d’ailleurs le syndicat professionnel au Québec qui représente les artistes interprètes et créateurs de plusieurs disciplines.