Derrière et devant la caméra, Bradley Cooper se penche sur le couple que Lenny, homosexuel collectionnant les amants, a formé avec la comédienne Felicia Montealegre, avec qui il a eu 3 enfants.
Vous imaginiez plonger dans la prestigieuse carrière de Leonard Bernstein? Ce n’est pas tout à fait ce que propose le film de Bradley Cooper, qui incarne également le légendaire chef d’orchestre, compositeur, pianiste, musicologue, pédagogue et humaniste engagé.

Né en 1918 dans le Massachusetts de parents juifs d’origine ukrainienne, Bernstein prend son envol en 1943. Il a alors 25 ans et doit remplacer au pied levé le chef du Philarmonique de New York, dont il est l’assistant. Il dirigera ensuite l’orchestre, de 1958 à 1969. Premier Américain à la baguette d’un opéra à la Scala de Milan avec Maria Callas, il a acquis une réputation internationale, notamment en tant que compositeur du film West Side Story (1957).


Tout en le suivant de son jeune âge jusqu’à sa mort, en 1990, le réalisateur d’A Star Is Born (2018) aborde en surface le parcours éclectique du maestro, qui a popularisé la musique classique.

Le film laisse de côté ses engagements politiques, comme sa lutte contre la guerre au Vietnam ou son soutien aux Black Panthers. Bradley Cooper s’intéresse avant tout à la vie intime de Lenny, homosexuel assumé (collectionnant les amants sans vraiment se cacher), et au couple atypique qu’il a formé pendant 27 ans avec l’actrice américano-chilienne Felicia Montealegre, incarnée par Carey Mulligan, aussi (sinon plus) célèbre que lui à l’époque de leur rencontre.


Le réalisateur évoque ainsi la vie commune tumultueuse et complexe de ces êtres passionnés — et fumeurs invétérés — tous deux décédés d’un cancer des poumons. Ce film biographique, que Steven Spielberg avait envisagé de réaliser lui-même, prend ainsi la forme d’un mélodrame.


Alternant noir et blanc et couleur, doté d’une mise en scène assez conventionnelle malgré quelques envolées inspirées, Maestro vaut d’abord et avant tout par la prestation de ses deux interprètes principaux, aussi convaincants qu’attachants dans cette relation amoureuse anticonformiste qui se désagrège fatalement. Ceci dit, tous les acteurs du film sont très justes.

Métamorphosé, Bradley Cooper «est» réellement Bernstein. Personnage charismatique, exubérant, survolté, dépressif, excessif, il est même époustouflant lorsqu’il dirige, carrément en transe, la 2e de Mahler dans une cathédrale. De son côté, Carey Mulligan est magnifique dans le rôle de l’épouse, femme hors norme qui a pesé dans l’œuvre du génie.

Sachant à quoi elle s’engageait, elle a accepté pendant un certain temps l’orientation de son mari. Mais au cours des années, elle a de plus en plus de mal à supporter sa volonté d’afficher son homosexualité au grand jour. Frustration, amertume, colère, humiliation, font monter la tension jusqu’à l’explosion.

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