Vendredi, 17 janvier 2025
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    L’éveil du printemps ou la forêt de tous les désirs

    L’adolescence est toujours un moment clef dans le développement de chaque enfant. Et cela ne date pas d’hier puisque David Paquet a décidé de s’inspirer d’un Éveil du printemps écrit par un Allemand, Frank Wedekind, en 1891, pour faire son propre « éveil du printemps », laissant le soin à Olivier Arteau d’en signer la mise en scène.

    L’éveil du printemps a été présenté l’année dernière au Théâtre du Trident de Québec et s’installe sur la scène du Théâtre Denise-Pelletier dès la fin du mois de janvier. Si l’œuvre de Wedekind, qu’il qualifiait de « tragédie enfantine », a fait scandale à l’époque, c’est qu’elle s’attaquait au tabou de la sexualité des jeunes, abordant ainsi la question de la masturbation et même de l’avortement. Très vite le qualificatif de pornographie s’est imposé pour parler de la pièce de Wedekind. David Paquet a décidé de s’inspirer du texte pour le situer dans un contexte contemporain. Où, quand, comment et avec qui peut-on parler de ses pulsions sexuelles naissantes aujourd’hui pour des adolescents dans une société beaucoup moins conservatrice que celle dans laquelle vivait Wedekind, mais qui n’a toujours pas fini de percevoir le sexe et l’adolescence sous le grand néon clignotant du danger ?

    PHOTO : Olivier Arteau par Sarah Rouleau

    Selon Olivier Arteau, qui s’est déjà confronté à des créations provocatrices (Pisser debout sans lever la jupe), il fallait que le texte de David Paquet se construise au fur et à mesure de la création scénique. « Il arrivait avec une partie du texte et on travaillait ensemble les images scéniques, explique Olivier Arteau en entrevue, comme la création d’un objet collectif, chacun apportant de l’eau au moulin. » Si la langue de David Paquet et les métaphores s’inscrivent dans le contexte social actuel, les questionnements des jeunes sont les mêmes et traversent le temps. « Nous voulions aborder toutes ces questions de front, sans faux-semblants, avec ce qu’elles peuvent avoir d’apeurant, de tragique, mais aussi de joyeux, continue le directeur artistique du Trident. Nous voulions qu’il y ait du sérieux et du rire aussi et la langue de David Paquet est foisonnante, les métaphores sont percutantes et l’on passe de l’intime à quelque chose de plus vaste qui vient nous toucher, comme si dans cette découverte du sexe et de l’amour, il n’y avait pas qu’un seul chemin, mais de multiples entrées possibles. Et bien entendu, ce texte s’adresse à tout le monde, pas seulement à un public jeune, car il y a […] des personnages adultes qui viennent interférer dans le questionnement de
    ces jeunes. »

    Bien évidemment, sur scène, on bouge beaucoup, on danse aussi, le corps, car c’est bien de lui dont il est question, doit prendre toute sa place et livrer sa propre partition en accord ou en opposition avec le texte, ce corps adolescent qui cherche à s’exprimer et dont on se demande quelle forme d’expression il doit choisir. Et la forêt dans laquelle les personnages se réfugient est mystérieuse, elle fait peur, elle attire comme le désir.

    Pour Olivier Arteau, les tabous autour de la sexualité ne sont plus les mêmes, mais ils persistent encore et ne peuvent qu’inquiéter les adolescents. « On peut simplement regarder comment le corps soi-disant désirable est modelé par la publicité ou même par les séries pour adolescent.e.s, avance-t-il, ou encore les relations entre les gars et les filles, toujours marquées par des rôles auxquels ils doivent se modeler. Les adolescent.e.s ne sont peut-être pas mieux ou mal outillé.e.s que celles et ceux des générations précédentes face aux métamorphoses du corps à cet âge-là, face au désir sexuel. » Olivier Arteau, quant à lui, trouve extrêmement grisant de pouvoir changer de casquette dans une création, d’écrire le texte, ou encore de n’être que comédien comme il le sera dans N’essuie jamais de larmes sans gants au Théâtre Duceppe en décembre, ou encore de jouer le metteur en scène comme dans cet Éveil du printemps.  

    INFOS | L’éveil du printemps, du 23 janvier au 17 février 2024 au Théâtre Denise-Pelletier
    Texte : David Paquet librement inspiré de l’œuvre de Frank Wedekind
    Mise en scène : Olivier Arteau

    Coproduction Théâtre Denise-Pelletier et Théâtre du Trident
    https://www.denise-pelletier.qc.ca

    — Article publié le 29 novembre 2023

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