Trop souvent encore, des personnes LGBTQ+ sont encore confrontées à des professionnel.le.s, des conseillers.ères spirituelles, ou autres qui tentent de les convaincre de renoncer à leur orientation sexuelle ou à leur identité de genre choisie. Bien que ce soit illégal aussi bien au Québec et au Canada, de nombreux témoignages prouvent que cette pratique n’a pas disparu. D’où l’idée de prendre une journée, le 28 février prochain, pour en discuter avec des spécialistes mais avec aussi des témoignages.
Pour le chargé de programme et formateur de la Fondation Émergence, Julien Rougerie, en charge du programme «en finir avec les thérapies de conversion», même si elles sont interdites, trop souvent encore des personnes LGBTQ+ sont amenées à rencontrer des professionnel.le.s ou autres qui tentent de les décourager pour les ramener dans le “droit chemin”. «Pourtant la loi passée en janvier 2022 est très claire, selon Julien Rougerie, et peut mener à des accusations pour quiconque ferait la promotion ou la publicité de telles thérapies, pourrait en tirer profit tout comme de demander à quelqu’un de donner une thérapie de conversion, ou encore de faire en sorte qu’une personne mineure suive une thérapie de conversion dans un autre pays, même si c’est légal dans ce pays».
Un crime qui peut entraîner une condamnation jusqu’à 2 à 5 ans de prison ce qui peut avoir un effet dissuasif selon le chargé de programme. Bien évidemment, ce sont les personnes victimes qui peuvent porter plainte. Bien sûr, on pense à des professionnel.le.s ou des personnes qui tenteraient de convaincre des jeunes en questionnement de ne pas changer ou réprimer leur orientation sexuelle ou leur identité de genre en raison de leur conviction scientifique, spirituelle ou religieuse, mais il arrive que ces dernièr.e.s soient tout simplement mal informé.e.s sur les conséquences traumatisantes qu’une telle démarche peut entraîner. « Une personne trans m’a raconté que son thérapeute qui la suivait depuis longtemps, raconte Julien Rougerie, voulait la décourager d’entreprendre une transition disant que tout cela relevait d’un traumatisme de l’enfance qu’il fallait dépasser».
Si selon le chargé de programme, la loi est est bien faite, il faut aujourd’hui expliquer sur le terrain ce changement législatif. «Le Bureau de lutte contre l’homophobie et Justice Canada a mandaté la Fondation Émergence pour que nous donnions l’information la plus juste autour des thérapies de conversion et des raisons de leur interdiction, continue Julien Rougerie, nous rencontrons donc des professionnel.le.s de la santé, des juristes, des policiers, des enseignants ou encore des personnes des CAVAC (Centre d’aide aux victimes d’actes criminels) pour qu’ils puissent accompagner des victimes de thérapies de conversion, de les informer des recours qu’elles ont à leur disposition pour obtenir réparation».
Il est difficile de chiffrer le nombre de personnes qui ont subi ou été incitées à suivre de telles thérapies sachant que beaucoup d’entre elles se sentaient isolées et ne sachant vers qui se tourner.
Le symposium organisé le 28 février prochain fera le point sur les droits et les recours, sur la question de la fausse représentation, entendre comment amener une personne vers une thérapie de conversion. Selon La Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres, un quart des personnes LGBTQ+ de plus de 18 ans se sont vu proposer des thérapies de conversion, et 4,5% ont reçu des services en ce sens.
Mais au-delà des spécialistes, cette journée donnera la parole à des personnes qui ont subi des thérapies de conversion. En fait, de découvrir les ravages de ces pratiques et les séquelles psychologiques qui en ont découlé.
Enfin, il est connu que de nombreuses religions condamnent l’homosexualité et le transgenrisme et plus ou moins ouvertement incitent celles et ceux qui viennent se confier à leurs représentants à ne pas s’engager sur cette voie. Pour en témoigner, les journalistes Quentin Dufranne et Zoé Arcand évoqueront l’enquête qu’il et elle ont mené sur une année après avoir infiltré différentes églises de Montréal. Il et elle ont pu constater combien les pratiques de conversion étaient courantes allant à l’encontre de la loi aujourd’hui. Les thérapies de conversion ne sont pas choses du passé, et il est important encore une fois de les dénoncer. Ce symposium, ouvert à tous et toutes, est aujourd’hui une porte d’entrée pour en savoir plus et pour mieux les contrer.
INFOS | Symposium national – En finir avec les thérapies de conversion
Le 28 février 2024, de 9h à 17h, au Centre PHI, 407, rue Saint-Pierre, Espace 4, Montréal
https://www.fondationemergence.org
https://www.educaloi.qc.ca