Londres. Quelques minutes après une embrassade passionnée, qui conclut en beauté une spectaculaire réception du temps des Fêtes, un terrible accident fauche la vie d’Oliver, laissant Marc dans le deuil. Ne lui reste plus que la douleur de cette séparation soudaine et une carte de vœux que son conjoint lui a glissée entre les doigts quelques minutes plus tôt.
Good Grief (L’effet veuf) s’ouvre sur une prémisse relativement forte qui vient bousculer les éléments traditionnellement associés aux codes de la comédie dramatique. À la suite de cet événement traumatique, Marc (Daniel Levy, de l’extraordinaire série Schitt’s Creek) se contente de vivoter, se laissant bercer dans la très confortable aisance dont il a hérité, jusqu’au moment où il ouvre, un an plus tard, la carte de vœux et voit son monde s’écrouler.
Oliver y annonce qu’il a rencontré un autre homme à Paris et que, bien que cela ne remette pas leur couple en question, il souhaite prendre du recul pour explorer cette nouvelle passion. Pour ajouter l’insulte à l’injure, Marc réalise qu’il avait même loué un pied-à-terre à Paris et que le bail arrive bientôt à échéance. Il n’en faut pas plus pour qu’il propose un week-end dans la Ville Lumière à ses deux meilleurs amis : Sophie (Ruth Negga) et Thomas (Himesh Patel). Ce qui leur est présenté comme un séjour ludique et insouciant sera cependant placé sous celui des remises en question fondamentales.
Marc réalise qu’il s’est toujours positionné comme simple passager de sa vie de couple, vécue dans l’ombre de son charismatique compagnon, plutôt qu’en réel conducteur, se demandant même si ce n’est pas la crainte de perdre Oliver plutôt qu’une confiance en la solidité de leur amour qui lui a fait accepter une relation ouverte. Sophie et Thomas font un cheminement parallèle, bien que dans le cas de ce dernier, ce soit presque homéopathique. Bref, le week-end se révèle un creuset où faux-semblants et vérités se dévoilent enfin au grand jour.
C’est l’instant de tous les changements ! Du moins, ce le serait si ce n’était que le film — écrit, réalisé et interprété par Daniel Levy — semble constamment hésiter entre différents tons. La plupart des scènes sont pleinement dramatiques alors que certaines autres versent carrément dans l’ironie, voire la parodie. C’est notamment le cas d’un éloge funèbre où une actrice ramène tout à elle-même, ou d’un spectacle de danse expérimental aux limites du ridicule. Même constat du côté de Sophie et de Thomas dont les enjeux ne sont que peu approfondis. Le film ne s’investit donc jamais pleinement dans un ton ou une intrigue précise et s’arrête ainsi toujours avant l’apothéose scénaristique attendue, laissant le public devant l’agaçante sensation d’un coït interrompu !
Qu’on ne s’y trompe cependant pas, le film n’est pas mauvais : il ne laisse toutefois pas d’impression notable, à l’exception d’une scène finale assez émouvante, comme si la sauce ne prenait jamais réellement. À dire vrai, le moment le plus marquant du film est lorsque j’ai comparé la version originale et le doublage français d’une scène et réalisé que l’expression « pretentious asshole », en anglais, était devenue « Français prétentieux ». Ce choix de doublage est tout à fait justifié dans le contexte du film, mais je n’ai pu m’empêcher d’éclater de rire. Il s’agira malheureusement du principal souvenir que j’en garderai : un constat navrant.
INFOS | Good Grief (L’effet veuf) est un film disponible sur Netflix en anglais et dans un très bon doublage français.