Habitée depuis l’antiquité, Capri a vu les magnifiques villas des grands empereurs romains tels que Octave Auguste, Tibère ou Caligula pour ensuite tomber presque dans l’oubli et devenir un refuge pour les bandits et les pirates. À 30 minutes de traversier de Positano, 50 minutes de Naples, Capri est une île majestueuse de six kilomètres sur trois qui magnétise, depuis les années 1950, une partie de la jet set européenne et américaine.
J’hésitais à aller à Capri, connue pour être bondée (l’île compte un peu plus de 7 000 résidents permanents, mais accueille entre 5 000 et 15 000 touristes par jour en été), assez chère et un peu snob. J’ai finalement cédé à la tentation de la découverte, en juin 2023, lors d’un passage dans la région de Naples pour visiter Pompeï. Et je ne l’ai pas regretté. Capri est un décor et un paysage de carte postale, capable d’enchanter ses visiteurs avec ses spectaculaires falaises. L’île est divisée en deux villes : Capri, entourée d’une atmosphère de glamour, de luxe et de mode, et Anacapri, qui offre un côté plus calme où la vie suit son propre rythme.
Les deux sont très différentes et ont un charme particulier. Commencer par la ville de Capri, à l’est, a toutefois de quoi inquiéter. Cafés surpeuplés, amoureux qui traquent la bonne lumière pour se prendre en selfie à chaque coin de rue, brouhaha permanent même si son centre est piétonnier. Mais à quelques mètres de la ville et des boutiques de luxe de la rue Camerelle, en osant certains chemins de traverse ou sentiers de randonnée, l’île se met à respirer, offrant à ceux qui osent l’aventure de somptueux panoramas sur ses côtes, ses eaux turquoise et ses trois immenses rochers qui déchirent la mer Tyrrhénienne, les fameux Faraglioni di Capri.
Anacapri, village avec vue sur le golfe de Naples
Anacapri, l’autre « grande » ville de l’île, se situe au nord-ouest. Moins rutilante, c’est celle ou mon chum et moi avons décidé de déposer nos valises 4 jours pour découvrir l’île. En arpentant sa rue principale, la via Giuseppe Orlandi, on arrête devant ses maisons blanches et la Casa Rossa construite à la fin du 19e siècle dans le style éclectique, mélangeant colonnes classiques, fenêtres mauresques et crénelage plus oriental. À quelques mètres, la chiesa di San Michele Arcangelo, typique de l’art napolitain du 18e siècle. À l’intérieur, surprise, un pavement de majoliques représentant l’Eden, juste avant qu’Adam et Ève ne gâchent tout. Montez à l’étage pour profiter de l’œuvre dans son ensemble. Le quartier attenant mérite vraiment de s’y attarder. C’est d’Anacapri, piazza Vittoria, qu’on accède en télésiège au mont Solaro, le point culminant de l’île (589 m), en une quinzaine de minutes. En bonne forme physique? L’ascension peut se faire à pied par la via Monte Solaro, comptez une heure et une récompense, l’ermitage de Santa Maria a Cetrella qui offre de beaux points de vue.
Les villas et jardins de Capri
À 5 min à pied du centre de la ville de Capri, on retrouve les incontournables jardins d’Auguste qui, outre les vues bien dégagées qu’ils offrent sur le littoral et les Faraglioni, permettent surtout d’accéder à la sinueuse, calligraphique et photogénique via Krupp. Pas connu pour faire dans la dentelle, l’empereur Tibère, qui y aurait dirigé l’empire romain de 27 à 37 après J.-C., aimait balancer du haut de sa luxueuse villa Jovis les récalcitrants qui ne partageaient pas ses opinions. La villa — des ruines bien conservées —, était divisée en quatre zones, le quartier des serviteurs, celui de l’empereur, les thermes et la salle du trône. La construction située dans un lieu insensé à côté d’un précipice transpire la mégalomanie de l’empereur.
La villa San Michelle qui abrite un musée), tout au bout de l’escalier phénicien. C’est bijou offert à l’île par l’écrivain et médecin suédois Axel Munthe qui en était gaga et fit tout pour protéger les oiseaux migrateurs en aménageant un magnifique jardin pour leur servir d’arrêt naturel. Jolie promenade sous un treillage végétal, jardin panoramique du plus bel effet et sphinx pensif qui contemple la baie de Sorrente. C’est mon plus beau souvenir de l’île.
Les grottes
À Capri, les grottes et les falaises font partie du paysage de cette seule du golfe de Naples à ne pas être volcanique. Percée de nombreuses cavités, Capri abrite la fameuse Grotta Azzura (grotte bleue), un gouffre sous-marin situé au nord-ouest de l’île dont les reflets bleu cobalt semblent presque fluorescents. Mais il existe bien d’autres grottes à Capri, moins achalandés et tout aussi belles. Pour les découvrir, l’idéal est de faire le tour de l’île en Gozzo, bateau de pêcheurs traditionnel, l’occasion d’admirer les nombreux rochers qui se dressent dans la mer. Les plus célèbres sont les Faraglioni, trois majestueux pics calcaires détachés de l’île par l’érosion, qui sont malheureusement menacés par la pêche à la dynamite (pourtant interdite).
Hôtels et plages
Les options sont nombreuses : hôtels, auberges, appartements offerts sur les applis de type Airbnb, Booking.com et Vrbo. Mais si vous voulez vous baigner, peut-être voudrez-vous (comme nous) opter pour un hôtel avec piscine. Capri ne possède pas de plages de sable. Plutôt des rochers aménagés ou de petites plages de galets auxquelles on accède par des sentiers escarpés ou des escaliers étroits sculptés dans le rock. Bref, la mer cristalline que l’on admire de toute part… elle se mérite. Je recommande l’Hotel San Michele, un vieil hôtel de luxe au charme surrané, qui offre un excellent rapport qualité/prix, comparé aux plus récents palaces clinquants. C’est central et la vue est incomparable. Sachez que la plus grande plage de l’île est Marina Grande, proche du port mais baignée d’une eau turquoise, tandis que la plus célèbre est celle de Marina Piccola, protégés du vent par le Monte Solaro. Et pour vous baigner face aux célèbres Faraglioni, empruntez les bateaux taxis de Marina Piccola pour rejoindre l’une des deux plages privées de Punta Tragara. Les locaux, eux, sont nombreux à préférer le rocher du phare de Punta Carena, à Anacapri, où l’on peut admirer le soleil
descendre dans la mer et profiter de ses derniers rayons.
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