Dans un centre commercial de Bangkok, des couples de même sexe ont obtenu mercredi un certificat de mariage sans valeur officielle, à l’issue d’une cérémonie symbolique aux allures de répétition générale avant la légalisation prochaine promise par le gouvernement thaïlandais.
« Je pensais que c’était impossible. Nous méritons d’avoir les mêmes droits que les autres », lance Kan Kerdmeemool, venue de Sakhon Nakhon (nord-est), 67 ans.
Face aux journalistes, elle brandit avec fierté, au côté de sa compagne Pakotchakorn Wongsupa, 72 ans, le papier aux couleurs du drapeau arc-en-ciel – symbole de la communauté LGBT -, délivré par les autorités d’un arrondissement central de la capitale.
Pour la Saint-Valentin, les autorités de la métropole de Bangkok ont proposé d’offrir des certificats de mariage sans valeur légale aux couples de même sexe, qui devaient présenter leurs papiers d’identité pour en bénéficier. Dans l’arrondissement de Pathum Wan, une vingtaine d’amoureux se sont dit « oui » dans la matinée, lors d’une cérémonie tenue dans un centre commercial prisé des touristes.
Réputé être une terre de consensus et de tolérance, le royaume pourrait bientôt devenir le premier pays d’Asie du Sud-Est à autoriser le mariage entre personnes du même sexe. Approuvé en décembre par une majorité écrasante de députés, le texte légalisant ces unions doit encore franchir plusieurs étapes, mais une activiste interrogée par l’AFP espère une adoption définitive d’ici mai.
« C’est un moment historique. Bien qu’il subsiste des traces de patriarcat et des manques dans la loi, nous essayons de faire le maximum », a insisté Naiyana Supapong, qui a pris part aux travaux d’élaboration de la loi.
La nouvelle législation doit conférer à ces couples des droits en matière d’adoption et d’héritage.
L’actuel Premier ministre Srettha Thavisin, et son principal opposant, Pita Limjaroenrat, sont tous deux favorables au mariage entre personnes du même sexe.
En Thaïlande, si des milliers de personnes participent chaque année à la marche des fiertés à travers le territoire, la communauté LGBT+ affirme souffrir de discriminations tenaces dans le pays à majorité bouddhiste.
Ce dernier n’accorde pas de reconnaissance aux personnes trans ou non-binaires qui veulent faire modifier leur genre sur leurs papiers d’identité, a pointé Amnesty International.
« Je pense que ça pourrait être la prochaine étape », a déclaré Ariya Milintanapa, femme trans âgée de 40 ans.
En couple depuis vingt ans avec son mari américain, Lee Ronald Battiata, 65 ans, a pris part à la cérémonie avec ses deux garçons – l’un issu de l’adoption, l’autre d’une précédente union de son compagnon.
Obtenir une reconnaissance légale, « cela va avoir un impact pour les enfants. On se bat pour qu’ils aient une bonne vie (…) Ils pourront hériter, avoir les bons documents pour voyager ou aller à l’école », explique M. Battiata.
« Je pense que la société est prête » pour la nouvelle loi, assure-t-il.
En Asie, seuls le Népal et Taïwan ont légalisé le mariage des couples de même sexe.