Lundi, 7 octobre 2024
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    La grande révélation de l’auteur, Antoine Charbonneau-Demers

    Je suis un grand fan de l’auteur montréalais Antoine Charbonneau-Demers qui fait partie d’une nouvelle vague de jeunes et passionnants auteurs québécois qui met le feu à la littérature canadienne et québécoise. Charbonneau-Demers a fait irruption sur la scène littéraire en 2016 avec son premier roman Coco qui a remporté le prestigieux prix littéraire Robert-Cliché, décerné chaque année au premier roman original de langue française d’un auteur canadien.

    Parmi les autres romans acclamés par la critique, notons Good Boy de 2018 et l’autofiction de Daddy qu’Antoine Charbonneau-Demers a écrit en deux semaines chrono, en 2020, pendant la pandémie de COVID. Il a également remporté le prix du jeune écrivain au Salon du Livre de Paris en 2019 pour sa nouvelle La femme à refaire le monde, et son nouveau roman Roman sans rien paraîtra en mars chez VLB Éditeur. Né en 1994 à Rouyn-Noranda, l’acteur, écrivain et graphiste a déménagé à 19 ans à Montréal où il a obtenu un diplôme en création littéraire de l’UQAM avant d’étudier au Conservatoire d’art dramatique de Montréal. J’ai récemment rencontré Antoine Charbonneau-Demers, couramment bilingue, pour une séance de questions-réponses franche. L’interview a été éditée pour des raisons de longueur et de clarté.

    Pourquoi avoir écrit Roman sans rien ?
    Antoine Charbonneau-Demers : Le roman est une réflexion sur l’écriture, la fiction et l’autobiographie. La première partie est un carnet de voyage dont les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des personnes. La deuxième partie est une fiction complète. C’est une histoire du début à la fin, mais séparée en deux parties et deux manières d’écrire, l’une répondant à l’autre. C’est ma réflexion sur l’autofiction et l’écriture.

    Le message de ton livre consiste-t-il à essayer de plaire aux autres ?
    Antoine Charbonneau-Demers : Oui. Et jusqu’où allons-nous pour plaire aux autres. Beaucoup d’écrivains, lorsqu’ils terminent un livre, quand c’est fait, c’est fait. C’est comme une œuvre d’art, quelque chose que l’on regarde sur le mur. Pour moi, je parle de moi. Je recherche de l’empathie et je veux que les gens prennent soin de moi.

    Crédit photo: Same Ravenelle

    C’est très brut. N’as-tu pas peur de te révéler de cette Antoine Charbonneau-Demers : C’est effrayant. Mais je me suis mis dans des situations vulnérables, comme avec mon journal Substack. Parfois, je me demande : « Oh mon Dieu, qu’est-ce que je fais ? J’étais là-bas, même avec mes OnlyFans. L’auteur et dramaturge Jordan Tannahill m’a confié, en 2021, en entrevue pour Fugues qu’il complétait ses revenus d’écriture par le travail du sexe. La même année, dans ton journal Substack, vous as écrit que tu lançais un compte OnlyFans.

    J’ai ressenti le besoin de le faire. Quand j’ai commencé à m’exposer sur Instagram et à faire des trucs de salope, je me souviens qu’à ce moment de ma vie je sortais tout juste du Conservatoire où pendant trois ans j’avais appris à être hétéro. C’est ça, l’école de théâtre, tu vois ce que je veux dire ? J’étais tellement fatigué de jouer des rôles de pères et d’hétéros et d’agir comme un homme hétéro. Quand j’ai fini l’école, j’ai décidé que je voulais écrire, mais je voulais aussi que tout le monde sache que j’étais aussi un être sexuel. Tant au Cégep qu’à l’université, j’ai toujours été le plus drôle. Je n’ai jamais été cute. Mais je voulais que les gens sachent que je suis aussi une personne sexuelle. Faire OnlyFans était un choix. Il y a certaines choses que j’ai faites et que je regrette. Mais tout cela était par choix. Tout était prévu parce que je ne suis pas comme ça dans la vraie vie.

    Combien de temps a duré ton compte OnlyFans ?
    Antoine Charbonneau-Demers : Environ deux mois.

    J’espère que vous as gagné de l’argent.
    Antoine Charbonneau-Demers : Oui je l’ai fait.

    Pourquoi as-tu arrêté ?
    Antoine Charbonneau-Demers : Je pense que c’était trop. Il y avait trop d’exposition. Les gens voyaient tout et j’en avais marre d’exposer ma vie et mon corps. C’est bien qu’il y ait encore des choses aujourd’hui, mais je suis arrivé très vite au point où j’avais besoin de quelque chose rien que pour moi. Je mettais aussi toute mon énergie dans l’image que je projetais alors qu’en réalité je voulais juste me concentrer sur mon écriture.

    Comment s’est passé ton coming-out ?
    Antoine Charbonneau-Demers : J’ai fait mon coming-out à mes amis au Cégep lors d’une soirée où ce gars essayait de me séduire. J’ai dit à mes amis : « Ce n’est pas mon genre. » Et c’était tout. Puis plus tard, ‘en ai parlé à mes parents lorsque j’ai eu un petit ami et leurs réactions ont été formidables. Mais ayant grandi à Rouyn-Noranda, je n’avais pas vraiment l’occasion de sortir dans les bars gais à l’époque.

    Que penses-tu des bars gais aujourd’hui ?
    Antoine Charbonneau-Demers : Arriver à Montréal et découvrir un tout nouveau monde a été une révélation. Au début, j’avais peur d’aller dans les bars gais parce que je n’avais personne avec qui y aller. Je pense qu’ils sont toujours importants même si j’avoue que je ne fréquente pas souvent les bars du Village. Fait intéressant, lorsque j’ai visité Berlin trois fois, je me suis senti plus à l’aise pour
    sortir et expérimenter.

    Es-tu un écrivain gai ou un écrivain qui se trouve à être gai ?
    Antoine Charbonneau-Demers : Je suis un écrivain gai. Bien sûr, je n’écris pas seulement sur mon homosexualité ou mes réalités gaies, mais j’écris dans une perspective gaie, peu importe ce sur quoi j’écris. Je suis très gai et j’aime la culture gaie.

    Tu as été invité à créer un spectacle au Théâtre La Chapelle pour la saison prochaine.
    Antoine Charbonneau-Demers : Oui, en septembre, je présenterai un spectacle basé sur mes écrits. Ce nouveau projet est très excitant ! Je travaille également sur un nouveau livre. Je suis vraiment content que Roman sans rien soit publié, car il clôt un chapitre de ma vie. Je suis prêt à passer à autre chose.

    INFOS | Roman sans rien d’Antoine Charbonneau-Demers (VLB Éditeur) paraîtra le 13 mars. https://editionsvlb.groupelivre.com/collections/antoine-charbonneau-demers

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