Hazbin Hotel (Hôtel Hazbin), un ostie d’jour de joie en enfer!

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Hazbin Hotel (Hôtel Hazbin)

L’enfer fait face à un problème de surpopulation. Il y a bien l’extermination annuelle qui vient en réduire les rangs, mais Charlotte Morningstar, fille de Lucifer et de Lilith, propose une solution moins sanglante. Un hôtel où il serait possible de trouver la rédemption et se voir ainsi ouvrir les portes du Paradis! Ne manque que des clients!

Hazbin Hotel est une série d’animation qui découle d’un pilote réalisé par Vivienne Medrano déposé sur la chaine YouTube ViziePop en 2019. Après plus de 90 millions de visionnements, le concept a attiré le regard de la prestigieuse société de production A24 (Midsommar, Uncunt Gems, Euphoria) qui a financé le développement d’une première saison de huit épisodes pour le compte de Prime Video.

D’entrée de jeu, cette critique va se concentrer sur l’époustouflant doublage français québécois qui se distingue à ce point de la version originale anglaise ou du doublage réalisé en France qu’après y avoir goûté, il est impossible d’envisager autrement l’écoute de la série. En effet, le studio Cinélume a opté pour un niveau de langage valsant entre un français relâché et un joual bien grivois. Inutile de dire que combiner une intrigue se déroulant en enfer avec le catalogue des sacres développés au Québec génère des moments d’hilarité absolue.

La truculente traduction de la série, réalisée par Emilie Ndejuru, est truffée de références égrillardes à la fois surprenantes et désopilantes. À témoin, ce monologue d’Adam, passé de matrice masculine originelle à archange, qui proclame être « la graine originelle. Toutes les queues viennent de la mienne. […] Après, on a fourré : c’était génial ! »

Au-delà de l’aspect linguistique, il faut souligner une diversité de représentation rarement vue en animation. Charlotte (Elisabeth Gauthier Pelletier) se fait épauler par sa blonde, la très prosaïque Vaggie (Sofia Blondin), dans son projet un tantinet naïf. De son côté, Louis-Julien Durso livre une performance époustouflante dans le rôle d’Angel Dust, un acteur de porno gai qui tente d’échapper aux griffes de Valentino (Kevin Houle), producteur en chef de vidéos libidineuses pour les puissances infernales.

Sir Pestieux, Husk, Charlie Morningstar, Niffty et Angel Dust : Hôtel Hazbin

Il faut également souligner les performances enlevées de Renaud Paradis dans le rôle d’Alastor, démon associé aux médias radiophoniques, de Gabriel Lessard dans celui de Sire Pestieux qui, à l’instar de son corps de cobra, ponctue ses discours de nombreux « ssss », et de Manuel Tadros, dans le rôle de Husk, un barman alcoolique qui jette des regards exaspéré et lancinant sur Angel.

Que ce soit au niveau de l’intrigue ou des dialogues, la rudesse et la violence des bas-fonds de l’enfer sont évoquées avec brio et le choix du niveau de langage contribue d’ailleurs à crédibiliser le tout : un peu comme si les personnages animés étaient directement issus du Hosanna de Michel Tremblay.

Tout n’y est cependant pas rose et l’épisode 4 présente une vision à ce point toxique et cruelle de la relation entre Angel et Valentino qu’elle donne presque froid dans le dos. Heureusement, l’humour et les chansons (puisque c’est également une comédie musicale) ponctuent allègrement le récit pour en alléger le ton. Manuel Tadros (à qui l’on doit des compositions pour plusieurs artistes, dont le cultissime « C’est zéro » de Julie Masse) est d’ailleurs responsable des adaptations françaises (dont la savoureuse rime « aujourd’hui sera un ostie d’jour de joie en enfer ») qui sont interprétées de main de maître par l’ensemble des interprètes.

Les chansons sont, pour la plupart, instantanément accrocheuses et il serait criminel de ne pas souligner les performances exceptionnelles de plusieurs des interprètes, plus particulièrement Elisabeth Gauthier Pelletier qui impressionne par la justesse et la puissance de son interprétation.

Aucune bande-annonce québécoise n’est disponible, mais on peut retrouver certains extraits audios sur YouTube en associant le titre de la série aux mots clés « Quebec French ».

Les huit épisodes de Hazbin Hotel (Hôtel Hazbin) sont présentés sur Prime Video, en anglais et dans deux doublages français, dont un qui fait déjà école, réalisé au Québec.

Hazbin Hotel (bande-annonce originale anglaise)


Happy day in Hell (doublage québécois)

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