Dans le cadre du 40e de Fugues, le rédacteur en chef du magazine propose sur le site web quelques films LGBTQ+ qui ont marqué à leur façon le 7e art. Voici quelques films de 1986…
CARAVAGGIO
de Derek Jarman (1986)
Caravaggio n’est pas un film biographique au sens classique du terme, mais un essai, un film d’art de Derek Jarman, qui s’inspire de la vie et de la peinture de Caravage, de ses stylisations formelles, de ses obsessions homoérotiques, avec des anachronismes irrévérents mais qui se révèle néanmoins une œuvre puissante et rare sur l’influence de la vie privée dans l’art créatif. Ce n’est pas tant l’histoire de l’artiste mais l’essence de son existence que le réalisateur évoque, aidé par des acteurs (Nigel Terry, Sean Bean, Tilda Swinton) tous plus brillants les uns que les autres. Magistral.
PARTING GLANCES
de Bill Sherwood (1986)
Tourné en 1984, le long métrage de Bill Sherwood — le seul film qu’il ait terminé avant sa mort des suites du sida à seulement 37 ans — a été l’un des premiers films à traiter directement et frontalement de la maladie. Se déroulant sur seulement 24 heures, il est lié à la relation entre Robert et Michael, bien que l’ex de ce dernier, Nick (un premier rôle principal pour Steve Buscemi et quel rôle fort) soit également central. Bien qu’il n’hésite pas à montrer l’injustice, Parting Glances est loin de montrer un visage misérabiliste, il donne vivacité et humour à ces fêtes essentielles et à l’esprit de défiance qui a marqué la scène new-yorkaise durant les pires années de l’épidémie. Un aspect de Parting Glances que j’admire est la cohérence interne d’un film sur les impulsions contradictoires; le flux et le reflux perpétuels entre les désirs de stabilité et de chaos, d’interdépendance et de liberté, de s’installer et de partir à l’aventure… Fort et puissant.
MALA NOCHE
de Gus Van Sant (1986)
Dans un quartier déshérité de Portland en Oregon, Walt, jeune propriétaire d’une petite épicerie, tombe amoureux de Johnny, un immigré clandestin mexicain de dix-huit ans. Celui-ci le repousse d’abord… Adapté de l’unique roman autobiographique de Walter Curtis, figure mythique de Portland, Mala Noche est le premier long métrage de Gus Van Sant. Rarement présenté, le film est auréolé d’une réputation de film culte. Tourné avec peu de moyens, en 16 mm et en noir et blanc dans un Portland clandestin, le réalisateur y trouve certains thèmes qu’il développera plus tard, les errements de jeunes hommes marginaux, dont l’état de grâce influe sur le reste du monde. Une œuvre phare de la contre-culture américaine des années 80.