Dimanche, 6 octobre 2024
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    Pourquoi cette obsession anti-LGBTQ+ du Kremlin?

    L’intensification de la répression contre les personnes homosexuelles et transgenres en Russie est de plus en plus grande. Une situation qualifiée d’«obsession » par Jean-Marc Berthon, l’ambassadeur français pour la défense des droits LGBTQ+, ce qui révèle selon lui «les faiblesses de Moscou»: chaque acte contre les LGBTQ étant «un aveu d’échec».

    En effet, depuis 2022, le gouvernement russe a multiplié les mesures pour :

    • interdire toute évocation des questions LGBTQ+ dans l’espace public,

    • limiter la possibilité de transition de genre

    • limiter les activités associatives et sociales des personnes LGBTQ+, « sous prétexte de lutte contre l’extrémisme ».

    Il a également renoué avec la « psychiatrie punitive », visant à « guérir » les LGBTQ+, une pratique héritée de l’époque soviétique.

    Il se serait aussi « doté d’outils de surveillance numérique des communautés et laisserait agir impunément les milices cherchant la confrontation avec les LGBTQ+ ».

    Les personnes homosexuelles et transgenres en Russie se voient désormais privées de leur liberté d’expression, de réunion et d’association, et leur sécurité ainsi que leur santé sont gravement menacées. « Face à cette homophobie d’État violente, elles n’ont pas d’autres choix que de vivre dans la clandestinité ou partir en exil. ».

    En parallèle, la propagande officielle s’est mise à marteler un narratif très agressif : «les LGBTQ+ seraient des êtres sataniques» détruisant les «valeurs traditionnelles» de la Russie, en même temps que des prétendues «agents d’influence de l’Occident décadent».

    Et cette rhétorique a pris une tournure délirante depuis le début de la guerre en Ukraine. Parmi les menaces imaginaires avancées par Moscou pour son «opération spéciale» : le projet de l’OTAN de détruire la Russie, le retour du nazisme à Kyiv, ou encore la propagation des mœurs corrompues de l’«Occident collectif» qui compterait une dizaine de genres. Les hommes n’y seraient plus des hommes, ni les femmes des femmes. Face à la «Gay Europa»«l’Occident transgenre», la Russie serait la protectrice des «valeurs traditionnelles».

    Cette obsession anti-LGBTQ+ du Kremlin est liée aux inquiétudes profondes de la Russie concernant son «déclin démographique», (le pays compte 12 millions de personnes de mois depuis 1992), et au « délitement de la famille », (environ 70% des mariages se terminent en divorce).

    Mais les personnes LGBTQ+ ne sont pas responsables de ces fragilités. Pour les chercheurs, les véritables causes de ces problèmes sont l’alcoolisme, les violences conjugales et d’autres facteurs sociaux comme «la surmortalité masculine, aggravée par les pertes colossales de la Fédération sur le front ukrainien». Accuser les LGBTQ+, c’est donc faire diversion, cacher la vraie cause des maux du pays.

    «La désignation d’un bouc émissaire permet aussi de fédérer la population, de la souder autour de son chef. Le réflexe d’un pouvoir autoritaire confronté à des crises ou des conflits qu’il a provoqué est de créer une menace imaginaire… pour en protéger le peuple», poursuit M. Berthon.

    En séduisant leurs éléments conservateurs, le Kremlin tente de diviser les démocraties européennes. Moscou espère en outre que sa croisade contre un supposé «Occident corrupteur» des valeurs traditionnelles lui vaudra le soutien des pays non occidentaux. C’est  «une tentative désespérée de retrouver une influence perdue depuis la chute du Mur de Berlin». C’est « le modèle démocratique lui-même que le Kremlin cherche, à travers la question LGBTQ+, à discréditer. Car il craint la contagion démocratique. Difficile de critiquer élections libres et liberté d’expression. Alors on attaque les fruits supposés immoraux de ce modèle ».

    Finalement, l’obsession LGBTQ+ du Kremlin est le symptôme de ses maux, faiblesses et difficultés, démographiques, ainsi que « son incapacité à justifier un pouvoir autoritaire », sinon par des arguments fallacieux pour « retrouver un rôle dans le monde », conclut M. Berthon.

    Source : Stop Homophobie

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