Lundi, 19 mai 2025
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    40 ans de visibilité LGBTQ+ au grand écran (1995)

    Dans le cadre du 40e de Fugues, le rédacteur en chef du magazine propose sur le site web quelques films LGBTQ+ qui ont marqué à leur façon le 7e art.  Voici quelques films de 1995…

    CARRINGTON 
    de Christopher Hampton (1995)

    1915. La guerre fait rage à travers l’Europe, mais les artistes et écrivains de la Bohème londonienne continuent à vivre et festoyer comme si de rien n’était, défiant allègrement les mœurs victoriennes, raillant les déclarations pompeuses des hommes politiques et le conformisme des peintres et sculpteurs bourgeois. Par un bel après-midi d’hiver, l’écrivain Lytton Strachey (Jonathan Pryce), célibataire endurci manifestement homosexuel, part pour le sud de l’Angleterre rendre visite à la sœur de Virginia Woolf, Vanessa Bell, et à son mari, Clive. Il y fait la rencontre de la peintre Dora Carrington (Emma Thompson). L’histoire d’amour impossible (et véritable) entre ces deux artistes, membres du fameux Bloomsbury Group, est véritablement un très beau film, superbement interprété. Jonathan Pryce fut notamment récompensé comme meilleur acteur à Cannes pour ce rôle.


    CELLULOID CLOSET 
    de Rob Epstein et Jeffrey Friedman (1995) 

    Adapté d’un livre incontournable (pour ceux qui s’intéressent au cinéma) de Vito Russo, ce documentaire s’appuie sur le témoignage d’hommes et de femmes intéressés par la représentation de personnages homosexuels dans les films hollywoodiens. Traversant diverses époques, ce documentaire que tous devrait regarder au moins une fois perce à jour la censure et la cruauté des stéréotypes, jusqu’au retour de balancier des années 1990.


    GRAINS DE SABLE / NAGISA NO SHINDOBADDO
    de Ryosuke Haxhiguchi (1995)

    Grains de sable de Ryosuke Hashiguchi nous dépose au seuil des beaux jours tant attendus sur l’air des amours adolescentes ratées. Il rejoint la haute tradition courtoise du désir empêché avec ses combinatoires infinies de frustrations et d’élans échoués en plein vol. Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour. Ito, étudiant rêveur, est secrètement amoureux de son meilleur ami, le beau Yoshida. Quand Aihara, la rebelle de la classe, devient leur amie, elle pousse Ito à assumer son attirance et à révéler ses sentiments. Devenus inséparables, ils forment bientôt un trio romantique des plus énigmatiques… Grains de sable, à cet égard, mesurant l’espace à combler entre les êtres, atteint par instants des sommets de splendeur formelle: travelling nocturne sur un conciliabule amical entre Ito et Aihara ou déambulation hasardeuse dans un village assoupi en bord de mer. Le cinéaste ne cesse d’étonner par sa rigueur et son brio à saisir la sensibilité exaspérée de ses antihéros, l’euphorie douloureuse de leurs romances rayées. Mais si Grains de sable parle de solitudes, il s’attache aussi à déjouer les pièges d’un discours simpliste sur la morosité de l’âge ingrat. Chaque élément, a priori négatif, peut servir d’outil pour aller de l’avant: sitôt raillé par ses copains sur son homosexualité, Ito en profite pour rompre le silence honteux et se déclarer à Yoshida. De son côté, Aihara, dont on apprend qu’elle a été victime d’un viol, prévient tout accès de commisération en traitant deux lycéennes de «fascistes de la pitié»! Le film ne se clôt pas sur un happy end; pourtant, du fond de cet échec, le film recompose la possibilité du bonheur — mais pas familial du tout (ils ne se marient pas, ne feront pas d’enfants) —, un bonheur clandestin et vertigineux où chacun, tour à tour, bascule dans les abîmes de l’autre.

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