Christopher DiRaddo est reconnu pour les événements littéraires The Violet Hour, il est aussi l’auteur de The Geography of Pluto (2014) et The Family Way (2021). Chris DiRaddo a mis sur pied, également, diverses activités littéraires queers anglophones rattachées aux festivals Métropolis Bleu et Fierté Montréal. Mais depuis des années, il essaie de faire reconnaître les queers d’origine italienne à leur propre communauté et à la communauté LGBTQ+ montréalaise et à abattre les barrières de la tradition. Après plusieurs années, enfin, sans tambour ni trompette, un groupe queer italien renaît, Italo Queer Montréal ! On se promet de tenir plusieurs activités et de participer fièrement aux événements de Fierté Montréal l’été prochain.
« Nous avons un nom officiel Italo Queer Montréal, mais nous sommes encore en développement. Le groupe veut prendre le temps cet été pour définir son mandat en créant de multiples occasions de rassembler les Montréalais queers avec des origines italiennes (et nos amis, familles et alliés) afin qu’on puisse célébrer les intersections de nos identités. En ce moment, nous souhaitons travailler pour une présence dynamique (et une célébration significative) à deux des festivals majeurs du mois d’août, soit ItalfestMTL et Fierté Montréal », explique Christopher DiRaddo, l’organisateur principal de ce groupe. La première réunion du groupe a eu lieu le mercredi 27 mars à l’Istituto Italiano di Cultura di Montréal et plus de 30 personnes s’y sont présentées. « C’était une réunion exploratoire pour voir si les gens étaient intéressés à créer ce groupe, dit-il. La réponse était oui ! »
Mais l’avènement de ce nouveau rassemblement de queers d’origine italienne de la métropole n’est pas tombé du ciel. Bien du travail avait été effectué en amont pour permettre que des personnes LGBTQ+ italo-canadiennes se rencontrent ainsi. « J’ai travaillé très fort ces deux dernières années pour créer des liens entre les communautés queer et italienne de Montréal, souligne Christopher DiRaddo. Cela a commencé il y a deux ans avec Queer & Italian in Montréal, où j’ai interviewé trois personnes sur scène à propos de l’histoire et de l’avenir des personnes LGBTQ d’origine italienne à Montréal (Gaspare Borselino, Steve Galluccio et Vee Di Gregorio). L’événement, qui était une coprésentation avec Fierté Montréal, a été créé en réponse au manque de représentation queer dans l’exposition Montréal à l’italienne au Musée Pointe-À-Callière, en 2021.
Lors de notre événement, il est ressorti qu’il est encore difficile pour les personnes queers d’origine italienne d’être acceptées par la communauté italienne et nous avions besoin de plus de visibilité dans les espaces traditionnels italiens à Montréal. » Cette œuvre s’est poursuivie l’année dernière avec l’exposition de photos Unveiling the Queer Italian-Canadian Experience, qui a eu lieu à la Casa D’Italia (le centre communautaire italien de Montréal) dans le cadre officiel d’ItalfestMTL et Fierté Montréal. Parallèlement, il y a eu la projection du film documentaire Creative Spaces : Queer and Italian Canadian, sorti en 2021, qui a suscité beaucoup d’intérêt pour le sujet. Ce film a été réalisé par Licia Canton, une alliée, parce qu’elle voulait créer un espace où l’homosexualité ne devait pas être cachée à la table du dimanche dans les foyers italo-canadiens. « Grâce à ces événements, nous avons appris qu’il existe une communauté dynamique d’Italo-Canadiens, Italo-Québécois et Italian queers vivant à Montréal, qui souhaitent avoir des occasions de célébrer les deux parties de nos identités. Nous voulons continuer sur cette lancée cette année en créant ce nouveau groupe communautaire », rajoute-t-il.
Avec sa vaste expérience en tant qu’Italo-Canadien, pourquoi pense-t-il qu’il soit encore difficile pour les queers italiens d’être accepté, en 2024, par la communauté italienne ? « Je pense que c’est différent pour beaucoup de gens, et nous essayons de comprendre pourquoi c’est encore difficile, dit-il. Une chose que j’entends dire souvent par les gens, c’est qu’une grande partie de la communauté italienne de Montréal est coincée dans les années 1950, coincée à une époque où bon nombre de nos parents et grands-parents sont venus et ont immigré au Canada. Ici, il existe souvent une manière romancée et presque performative d’être italien, qui s’appuie fortement sur les notions traditionnelles de famille et de croyances religieuses. Il existe aussi, dans les milieux italiens, et depuis de nombreuses années, cette idée d’omerta (silence face aux interrogations des étrangers). Je pense que cela existe encore à bien des égards aujourd’hui et s’étend à la sexualité. Certaines familles savent peut-être que leur enfant fait partie de la communauté LGBTQ, mais elles ne veulent pas nécessairement que tout le monde le sache. Ils ne veulent pas en parler. Cela doit changer. »
Le prochain événement aura lieu le jeudi 2 mai. En plus de créer le documentaire mentionné plus haut, Licia Canton a également réalisé deux anthologies d’écrits d’Italo-Canadiens queers. Le deuxième volume : Here and Now: An Anthology of Queer Italian-Canadian Writing, Volume II sera donc lancé le 2 mai à la Librairie n’était-ce pas l’été (6792, boulevard Saint-Laurent) à 17 h. Il y a de nombreux Montréalais dans l’anthologie et plusieurs seront présents pour lire des extraits de leurs œuvres. Et les prochaines étapes pour ce groupe ? « Comme je l’ai mentionné, nous travaillons à créer de grands événements pendant l’ItalfestMTL et Fierté Montréal cette année, avec des événements plus petits d’ici là, explique Christopher DiRaddo. J’ai créé, également, une page Facebook et un compte Instagram ainsi qu’une infolettre. Si les gens souhaitent plus d’informations, ils peuvent écrire à [email protected]. »
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