Carl Arsenault a bossé comme sommelier pour la Délégation du Québec à Paris, en plus d’être finaliste à l’émission Le meilleur pâtissier en France. Avec son mari Isaac Hub, qui a travaillé comme mannequin avec Karl Largerfield, ils ont lancé les chaînes YouTube Carl is cooking et Huby, qui ont plus de 2 millions d’abonné.e.s. Au cours de la dernière année, ils sont devenus papas des petites Clea et Stella, tout en veillant à la création d’un livre de recettes méditerranéennes, asiatiques, allemandes et mexicaines, Tellement Yummy.
Le livre est dédié à vos mères qui vous ont transmis l’amour de la cuisine. Votre passion a commencé très tôt.
Carl : Dès l’âge de 8 ans, ma mère, qui était un cordon bleu, cuisinait les recettes salées et je m’occupais des desserts. On était toujours ensemble en cuisine. C’étaient des moments
privilégiés.
Isaac : Mes parents m’ont toujours laissé beaucoup de liberté. Quand j’ai voulu apprendre, on me donnait carte blanche. Parfois c’était bon, parfois c’était mauvais, mais j’ai appris.
Carl, peux-tu nous résumer ton cheminement en cuisine ?
Carl : Mon idée première était de devenir cuisinier et pâtissier. Assez jeune, je travaillais déjà en restauration et mes collègues ont constaté que j’aimais trop parler avec les gens pour travailler dans une cuisine. C’est pour ça que j’ai étudié en service de la restauration et en sommellerie. En 2015, j’ai pu participer à l’émission Le meilleur pâtissier, car je n’avais jamais suivi de formation dans le domaine.
Isaac : Il se préparait pour les tournages durant notre déménagement. On n’avait pas encore notre cuisine, alors on a fait ce qu’on pouvait avec nos moyens. On a beaucoup misé sur la créativité, parce que Carl maîtrisait déjà le goût et l’exécution.
Isaac, pourquoi as-tu étudié en droit ?
Isaac : La justice m’a toujours attiré. Comme j’étais un garçon homosexuel dans une petite ville, il fallait que je me défende. Je m’intéressais à tout ce qui est juste ou non. Mais j’ai quitté le milieu quand j’ai commencé à travailler pour un avocat, durant mes études, et qu’on a dû défendre un mec qui avait violé sa belle-fille. Pour moi, c’était trop. J’ai mis fin à mes études. J’ai déménagé à Paris et commencé le mannequinat à plein temps.
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Isaac : Lors de mon 30e anniversaire, en 2010, il y avait une fête avec comme thématique la mythologie grecque. Tous mes invité.e.s étaient déguisé.e.s. Vers minuit, un ami m’a appelé pour me dire que Carl viendrait avec une amie. Ils n’étaient pas déguisé.e.s en fonction du thème. Il faut préciser qu’à l’époque, même si ça ne fonctionnait plus avec mon ex, on restait ensemble pour ne pas ruiner la soirée. Trois jours plus tard, on a annoncé notre séparation.
Carl : Le jour de son anniversaire, j’avais bien sûr remarqué qu’il était le plus beau. Trois jours après, j’ai vu qu’il se séparait et je lui ai écrit pour lui proposer de prendre un verre de champagne ensemble. Il a répondu qu’il n’avait pas la tête à ça. Plus tard, il est parti à New York. Il est revenu à Paris et quand je l’ai appris, je l’ai réinvité. On s’est revus et ensuite, on s’est vus tous les jours.
Pourquoi avez-vous déménagé à Montréal ?
Carl : En 2015, j’avais été recruté pour travailler en tant que directeur pour un gros projet en France. Après quelques mois, Isaac m’a fait réaliser que mes horaires étaient décadents. On ne se voyait plus. J’étais en train de dépérir. Il m’a proposé d’aller vivre au Québec pour travailler en restauration avec des horaires allégés. Moi, je pensais passer ma vie en France. J’y vivais depuis 2008. J’avais obtenu ma nationalité française. J’adorais vivre à Paris. Mais quand j’ai pesé le pour et le contre, j’ai compris que ce serait une belle opportunité. Juste avant de repartir vivre au Québec, on s’est mariés en France, en janvier 2015.
Votre nouvelle vie au Québec a-t-elle ouvert la porte à la création de la chaîne Carl is cooking ?
Isaac : Absolument ! J’adorais déjà faire du montage vidéo. On avait fait quelques tests de vidéos de cuisine dans notre appartement à Paris et ça avait fonctionné. Avant d’inscrire Carl au Meilleur pâtissier, j’avais proposé de tourner un cooking show.
Carl : Isaac a eu l’idée de la chaîne. Je suis allé au Meilleur pâtissier. À notre retour au Québec, on s’est mis à travailler de façon assidue sur la chaîne. On faisait trois vidéos par semaine. Comme une émission de cuisine. Au moment où on a franchi le million d’abonné.e.s, on était très contents, mais les chiffres ne résonnaient pas tant en nous. On voulait surtout construire une bonne communauté.
En 2017, Isaac a lancé la chaîne Huby. Dans quel objectif ?
Carl : Les gens de ma chaîne nous demandaient pourquoi Isaac ne faisait pas des vidéos. On avait déjà les bons repères pour fonctionner sur YouTube. Isaac a suggéré de faire des vidéos amusantes : comme de passer une journée entière à manger des aliments de la même couleur. Ça a cartonné !
Isaac : En France, des gens étaient vexés que je fasse ça. Ils ne comprenaient pas que mes vidéos soient aussi populaires. C’était de la légèreté et ça plaisait aux gens.
Carl : À partir de ce moment-là, ma chaîne est passée d’un format cooking show à des vidéos dans notre vraie vie. Ça a eu un super bel impact. C’est à ce moment que j’ai délaissé la restauration. Isaac a continué de faire du mannequinat en parallèle.
Vos filles sont nées en décembre 2023 et janvier 2024. Quel a été le processus pour les avoir ?
Carl : L’un de nos objectifs en revenant au Québec, c’était de fonder notre famille. En France, la gestation pour autrui n’est pas autorisée comme ici. On a pris le temps de ramasser l’argent pour faire ce projet. En 2021, on a commencé nos recherches. On voulait une donneuse d’ovules pour que les enfants aient la même mère génétique et que nos enfants aient respectivement l’ADN de chacun un parent.
On a d’abord trouvé une donneuse d’ovules. Quand les embryons ont été faits, il a fallu trouver les mères porteuses, car au Québec, on ne peut pas faire d’implantation d’embryons multiples chez une même personne. C’est mieux comme ça pour les femmes. Après un moment, on avait trouvé une femme avec une agence. On a commencé le processus. En parallèle, la maman d’une de nos abonné.e.s nous a contactés, après qu’Isaac ait fait une vidéo expliquant nos projets en cours, en mentionnant au passage qu’on cherchait une femme porteuse.
La dame avait toujours rêvé d’être mère porteuse pour un couple qu’elle connaissait. Même si on ne se connaît pas dans la vie, elle avait l’impression de nous connaître via nos vidéos. Comme si on était ses amis. On a organisé une rencontre sur Zoom. Ça a vraiment cliqué. Nos quatre premiers transferts d’embryons n’ont pas fonctionné. On a trouvé une deuxième mère porteuse via l’agence. Et puis, nos deux derniers embryons ont fonctionné à deux mois d’intervalle.
À travers toute cette aventure, vous avez trouvé le temps d’imaginer un livre !
Carl : Eh oui ! La maison d’édition nous avait souvent contactés pour créer un livre de
recettes, mais on manquait toujours de temps. Un jour, Isaac a suggéré de rassembler nos incontournables du quotidien. On leur a annoncé qu’on voulait écrire le livre, mais qu’on avait deux enfants dans les fourneaux. Pendant l’été, on a fait un sprint de rédaction pour ne pas avoir à faire ça pendant les grossesses et les accouchements. On a remis le manuscrit. On a délégué les photos pour la première fois et le voici !
INFOS | Tellement Yummy ! de Carl Arsenault et Isaac Hub, Les Éditions de l’Homme, 2024, 192 pages