Le performeur et dramaturge queer Sebastian Kann présentera sa nouvelle création Topical Dance du 27 au 30 novembre 2024 à La Chapelle Scènes Contemporaines. Accompagné en direct par la musicienne Simone Provencher, Sebastian y dansera dans un espace peuplé d’images, de sons et de mots, nous entraînant dans un voyage ressenti où notre appareil perceptif sera mis en éveil. Topical Dance s’inscrit dans le cadre de la programmation 24-25 de Danse-Cité. Voici une courte entrevue avec l’artiste.
Topical Dance est à la fois un concert expérimental et un solo conceptuel. Quelle est ta relation artistique avec la musicienne Simone Provencher ? Quelle est la relation musique/danse dans l’œuvre ?
Sebastian : J’ai fait appel à Simone parce que j’ai entendu dans sa musique un sens de l’humour marié à une démarche sérieuse. C’est rare ! Notre collaboration se passe ainsi: j’amène les écrans, les rideaux et les idées chorégraphiques, elle amène son « gear » et ses instruments, puis c’est parti. J’envoie des mouvements comme des vagues sonores, elle joue des sons qui se dessinent dans l’espace. On se rejoint parfois, et parfois on dérive chacun·e de notre bord.
Tu es formé à l’origine comme acrobate. Tu as une pratique chorégraphique. Quelle(s) trace(s) laisse l’acrobatie dans ta pratique corporelle ?
Sebastian : L’acrobatie s’apprend en petites unités : une roue, une roulade, un saut de main. On fait une séquence acrobatique comme on fait un collier de perles, une figure après l’autre. En danse c’est autre chose : la danse, c’est un flux. Dans Topical Dance, je m’intéresse à la comparaison entre la danse et le langage. J’essaie de briser le flux de la danse, d’en former des « mots » et des « phrases ». Il y a donc quelque chose de la démarche acrobatique dans mon approche à la chorégraphie cette fois-ci.
Comment mêles-tu philosophie et art ?
Sebastian : Pour moi, les mots qu’on utilise pour discuter de la danse sont très importants. Par exemple, quand on dit que tel·le ou tel·le artiste aurait une belle « signature chorégraphique » ou « voix chorégraphique », on fait la comparaison entre la danse et l’écriture, la danse et la parole. C’est une mini-théorie qui dit : « la danse = la parole de l’artiste ». Elle nous montre le chemin à prendre. Les théories sont déjà à l’œuvre dans notre quotidien. Théoriser la danse, c’est expliciter ce qu’on « sait tou·te·s déjà », pour pouvoir décider : est-ce que je suis vraiment d’accord ?
Quelle est l’importance du public pour Topical Dance ? Quel public aimerais-tu avoir face à toi ?
Sebastian : Je me place dans une lignée de la chorégraphie contemporaine qui travaille par partition : c’est-à-dire, on ne donne pas de séquences chorégraphiées au mouvement près, mais plutôt des tâches chorégraphiques à accomplir. Pour être bon là-dedans, il faut être vraiment concentré sur la tâche. La faiblesse de cela, c’est qu’on peut être tellement concentré sur notre tâche qu’on oublie le public ! Pour cette œuvre, je me suis donné le défi de ne jamais décrocher du fait que je suis à vue. C’est ce qui donne aux tâches chorégraphiques leur sauce spéciale.
Qu’aimerais-tu que le public vive et retienne de Topical Dance ?
Sebastian : En novembre, c’est la première fois que je vais danser devant des inconnu·e·s. On ne sait pas exactement ce qui va arriver ! Mon souhait, c’est de rencontrer un public qui est ouvert à être témoin d’une tentative, d’un essai. Ce que j’espère qu’il retienne : c’est une danse qui prend forme entre corps et écriture, des interprètes qui s’écoutent et s’y lancent, une œuvre qui oscille à la limite de l’expression.
INFOS | Topical Dance, de Sebastian Kann, du 27 au 30 novembre 2024 à 19h30
Présenté en partenariat au / avec La Chapelle Scènes Contemporaines
BILLETS : https://danse-cite.org
Lien Bande annonce (Vimeo) : https://vimeo.com/1021820220