Les arts vivants souffrent de sous-financement, Si le Festival Trans Amérique (FTA) semble épargner, il n’est pas à l’abri non plus d’un ressac surtout avec la situation économique que nous traversons. Et peut-être que plus que jamais les arts sous toutes leurs formes, les créateurs, les créatrices peuvent nous donner de l’air, pour nous élever, nous faire réfléchir, nous distraire et nous insuffler le goût de continuer. Alors, autant faire notre part en nous déplaçant pour assister à la 25e édition du FTA, du 22 mai au 5 juin 2025.
Le FTA, c’est une occasion unique à travers des découvertes en danse et en théâtre et même en Opéra, de découvrir le monde par d’autres yeux, et si ce n’est pour mieux le comprendre, tout au moins l’appréhender différemment. Comme l’avance Martine Dennewald, co-directrice artistique du festival, « comment déconstruire notre propre regard et changer nos angles d’approche de ce qui peut sembler loin de nous et de nous y rapprocher ».

Cette année encore, le FTA fait la place à des presque « habitué.e.s » et qui font partie de la scène culturelle québécoise, comme Louise Le Cavalier, présente cette année avec Danses vagabondes, ou qui nous donne l’occasion d’en découvrir d’autres. Impossible de passer sous silence la présence d’Elle Barbara pour la première fois au FTA, qui présentera Performance Cérémoniale. L’artiste multidisciplinaire nous convie à une grande cérémonie dans un lieu inusité.
Et l’on peut faire aussi tomber les barrières et être conviés à un Opéra qui ne peut susciter que notre curiosité. Imaginez l’homme de théâtre Christian Lapointe associé à la compositrice australienne et écrivaine Rósa Lind et s’appropriant dans une version opératique le film culte d’Alain Resnais et Marguerite Duras, Hiroshima mon amour. Ce long chant d’amour désespéré sur fond de catastrophe nucléaire au Japon reprendra donc vie sur une scène de Montréal.


Ils et elles viennent de partout, d’Afrique du Sud, d’Argentine, de Grèce et ils ont été choisis par le FTA pour leurs singulières créations. Comme le souligne Martine Dennewald, « nous recherchons toujours des artistes qui se démarquent bien sûr par leur esthétique, mais aussi parce qu’ils donnent voix à des catégories de populations ou de classes sociales qui sont très souvent effacées, voire invisibilisées. Le FTA cherche aussi à être en phase avec les préoccupations du moment, d’où l’importance pour nous de la représentation des femmes, des cultures indigènes, des sous-cultures aussi, comme celles LGBTQ ».
Dans les spectacles à ne pas manquer, on peut parler de Taverna Miresia – Maria Bella Anastasia de Mario Banushi. Ce jeune metteur-en-scène de 27 ans d’origine albanaise mais installé en Grèce est considéré comme un grand metteur en scène en devenir en Europe et ailleurs, à l’image d’un Romeo Castellucci, ou d’un Thomas Ostermeier. Dans cette pièce sans parole, sinon des chants traditionnels, un détour dans une famille en deuil métamorphosée par Mario Banushi. On ne peut passer à côté de Wayqeycuna de Tiziano Cruz, troisième et dernier volet d’une trilogie. Le second volet, Soliloquio, a été présenté au FTA en 2023. Le politique, la poésie, la tradition, l’engagement social envers sa communauté Quechua, et la création bien sûr, Tiziano Cruz les vit dans sa chair, comme un acte de survie. Dérangeant, puissant et inspirant au moment où nous ressentons un devoir de résistance, de solidarité pour ne pas disparaître.

L’Afrique du Sud connaît quelques grandes chorégraphes. Entre autres Dada Masilo, récemment décédée, et dont la compagnie a foulé plusieurs fois les scènes du Québec. C’est Mamela Nyamza qui sera au rendez-vous du FTA avec Hatched ensemble, pour nous présenter sa propre histoire de la danse, et comme d’autres l’ont fait, se fondent sur le répertoire du ballet classique pour le faire éclater. Jouissif.
Enfin un dernier mot sur Lacrima de Caroline Guiela Nguyen, une pièce qui nous emmène de Paris à une autre ville de France, Alençon, mais aussi à Mumbai. On passe dans les coulisses de la confection d’une robe de mariage de la princesse d’Angleterre. Les projecteurs ne sont plus sur la princesse et sa robe mais sur celles et ceux, invisibles et anonymes, dont on oublie l’existence. L’envers du glamour, entendre la violence des rapports de domination.
Les billets pour ces spectacles sont déjà en prévente sur le site du FTA et d’autres spectacles seront annoncés au cours des semaines à venir.
INFOS | FTA 25e édition,
du 22 mai au 5 juin 2025, https://fta.ca/