L’actualité nous le répète sur tous les tons, le monde est sens dessus dessous, inutile d’en ajouter. Et si la littérature avait le pouvoir de le remettre à l’endroit ? C’est bien ce que propose le menu de la 27e édition du Festival littéraire international Metropolis bleu, qui aura lieu, à Montréal, du 24 au 27 avril 2025 (à compter du 14 avril pour la programmation en ligne). Cette édition qui s’interrogera sur notre rapport au temps, la situation climatique et la diversité affiche un éventail exceptionnel de voix venues du Québec, du Canada et du reste du monde.
Salman Rushdie sera présent au Festival pour recevoir le Grand Prix Metropolis bleu 2025. Dans son dernier ouvrage, Knife. Meditations after an Attempted Murder (tr. fr. : Le Couteau. Réflexions suite à une tentative d’assassinat), Salman Rushdie écrit que la littérature est la seule arme qu’il n’ait jamais possédée. Sa présence marquera sans contredit l’un des temps forts du Festival littéraire international Metropolis bleu. Ce ne sera pas le seul.
L’historien, romancier et essayiste britannique, internationalement connu, Simon Sebag Montefiore sera présent au Festival pour y recevoir le prix Metropolis bleu. Ses romans et ses essais sur la Russie, sur Staline ou sur l’impératrice Catherine, sa biographie de la ville de Jérusalem, sont des best-sellers dans le monde entier. Son plus récent ouvrage, The World : A Family History of Humanity, raconte l’histoire de l’humanité depuis l’homme de Néandertal jusqu’à Donald Trump, vue à travers la lorgnette de familles célèbres ayant façonné notre histoire : les César, Médicis, Bonaparte, Habsbourg, Rothschild, Rockefeller, Kennedy, voire les Kim (Corée du Nord) et les Assad (Syrie).
L’auteur et excellent vulgarisateur allemand Peter Wohlleben sera présent au Festival Metropolis bleu. À sa parution en 2015 La vie secrète des arbres a été un véritable phénomène qui ne s’est pas démenti depuis, avec les rééditions qui se succèdent et les titres ayant suivi dans plusieurs langues. Au Festival, Peter Wohlleben recevra le prix Metropolis bleu Planète littérature.
En 2025, Metropolis bleu inaugure le Prix des Premiers peuples édition internationale. C’est que la renaissance des cultures autochtones s’observe un peu partout dans le monde, au-delà des frontières nationales. Le premier lauréat de cette édition internationale est l’auteur américain Stephen Graham Jones, de la nation Pikunis (Blackfoot), qui vit et enseigne au Colorado. Le volet « Voix autochtones » du Festival accueillera d’ailleurs les poètes Liliana Ancalao (Patagonie, Mapuche, mapuzung), Joséphine Bacon (nutshimit/Québec, innue), Fiorella Boucher (Uruguay/Québec, guarani); l’essayiste Niigaan Sinclair (Winnipeg, Peguis, anishinaabe), la spécialiste des littératures inuites Nelly Duvicq (Nunavik), le romancier Coltrane Seesequasis (Gatineau, Willow Cree, Canada).
Le volet queer de Metropolis Bleu
Au chapitre des Prix littéraires Metropolis bleu, précisons que le prix Violet, décerné à une figure marquante de la littérature queer canadienne pour l’ensemble de son œuvre, sera remis en 2025 à France Daigle. L’événement sera animé par l’auteur Christopher DiRaddo, qui a été (de mémoire) l’instigateur du prix il y a quelques années, et Catherine Leclerce interviewera France Daigle à l’occasion. «Les membres du jury pour le Prix Violet cette année, étaient Étienne Bergeron, Michel-Mac Bouchard et Arianne des Rochers», explique Chris DiRaddo. «Le jury a désiré souligner que France Daigle «est une figure majeure non seulement de la littérature acadienne, mais de la francophonie canadienne.» France Daigle bâtit une œuvre postmoderne, rigoureuse et cohérente depuis les années 1980. En plus de douze romans, elle a écrit pour le théâtre et publié un recueil de poésie. Rappelons que son roman Pour sûr a été récompensé par un Prix du Gouverneur général en 2012, en plus d’être finaliste au International Dublin Literary Award. «Après plus de dix ans d’absence, elle a publié en 2024 Petit crayon pour faire mine aux Éditions du Boréal, un récit qui aborde, notamment, sa transition de genre.»
Chris DiRaddo présentera également à Metrolopis Blue l’événement Queer Dating Horror Stories, une «soirée animée et touchante où des conteurs LGBTQ+ vont partager leurs moments de rencontres les plus hilarants, gênants et inoubliables. Parmi les participants notons la présence de Johanne Pelletier, John Cotrocois, Lukas Rowland, Kadi Diop, Jennifer June Chapman, Thomas Mundinger. La drag Misty Waterfalls va coanimer avec moi la soirée», explique Christopher DiRaddo. «Ça va des premiers rendez-vous ratés aux rencontres délicieusement désastreuses. On va y entendre des histoires vraies mêlent humour et vulnérabilité», offrant un aperçu brut et pertinent du monde des rencontres queer.
Le 24 avril à 19h30 il sera possible d’assister, à la librairie L’Euguélionne, à un entretien avec France Daigle, portant le titre d’«Écrire pour dépasser les binarités». Prenant appui sur son dernier livre, Petit crayon pour faire mine, la discussion visera à mettre en lumière plusieurs thématiques présentes dans l’œuvre de France Daigle, notamment le dépassement des binarités, qu’elles soient en lien avec le genre ou bien les champs littéraires et linguistiques. La rencontre sera l’occasion de mettre en valeur la contribution remarquable de France Daigle, en tant que figure importante de la littérature contemporaine chiac, tout en soulignant sa participation au rayonnement de la culture queer, du Nouveau-Brunswick et de la francophonie.


La traduction est un art… elle peut aussi être un bonheur (à ce sujet, Chris me confiait qu’il est à la recherche du match parfait pour la traduction ses deux romans Geography of Pluto et The Family Way). Comment lire un roman ? Comment faire entendre sa voix dans une autre langue ? Quel dialogue subtil la traduction crée-t-elle ? La grande Anne Michaels, prix Giller 2024 pour Held (tr. fr. Étreintes) discutera tantôt des bonheurs de la traduction avec sa traductrice Dominique Fortier également romancière (La part de l’océan), ainsi qu’avec le romancier Kev Lambert et son traducteur Donald Winkler pour (Que notre joie demeure), dans le cadre de l’événement Bonheurs de la traduction, le 26 avril à 11h30 à la Salle Jardin de l’Hôtel 10. Le même jour, en après-midi (14h), on nous propose une rencontre à la Bibliothèque Le Prévost (quartier Villray), avec Jonathan Bécotte, finaliste du prix TD de
littérature jeunesse 2024, qui va présenter son livre Tache d’huile.
Certaines situations, expériences, émotions ou dimensions identitaires appartiennent à l’individu et ne se transmettent pas. Elles peuvent cependant être communiquées par la littérature, souvent source d’empathie. Trois voix, trois expériences — noir, queer, autochtone — au miroir de la traduction s’exprimeront, le 26 avril à 16h à l’espace Godin de l’Hôtel 10 (lors de l’événement Black, Queer, Indigenous : la voix de l’autre, la voix de soi), sur comment la voix de l’autre peut être entendue en traduction: Katia Grubisic, lauréate du Prix du Gouverneur général pour sa traduction d’Une réunion près de la mer, de Marie-Claire Blais (Nights Too Short to Dance). David Chariandy, récentes traductions françaises chez Héliotrope de Mon Frère et Il est temps que je te dise. Lettre à ma fille sur le racisme. Et la poète mapuche Liliana Ancalao (Patagonia), dont les poèmes en mapuzungun ont été traduits en anglais et en espagnol.
Le même jour, à 17h30, on nous proposera une discussion entre Sherry Simon et Robert Schwartzwald à l’occasion de la publication de leur anthologie Worldwise. Edouard Roditi’s Twentieth Century. Édouard Roditi représente la quintessence de l’esprit cosmopolite dans le monde de la culture et de l’histoire du XXe siècle. Critique, traducteur, essayiste et homosexuel, Édouard Roditi (1910-1992) avait des ancêtres juifs séfarades d’origine grecque, espagnole et italienne du côté paternel, et des liens avec des juifs catholiques et ashkénazes du côté maternel. Né à Paris, il a été publié dès l’âge de dix-huit ans. Il a servi d’interprète au procès de Nuremberg et était un traducteur littéraire et essayiste réputé sur la littérature, l’art et la politique de son époque.
Évidemment, il ne s’agit qu’un des volets du festival. Sur le thème général de « Le Temps, l’Arbre, la Page », la 27e édition de Metropolis bleu réunira à Montréal plus de 150 invités, proposera plus de 120 événements, mettant à contribution plus de 8 langues.
INFOS | Festival Metropolis Bleu du 24 au 27 avril 2025 (à compter du 14 avril pour la programmation en ligne)
HORAIRE DE LA BILLETTERIE https://www.metropolisbleu.org
Quelques moments queer à souligner
ÉCRIRE POUR DÉPASSER LES BINARITÉS entretien avec France Daigle
Librairie L’Euguélionne, le 24 avril à 19h30
QUEER DATING HORROR STORIES – A BLUE MET BY NIGHT EVENT
Hôtel 10 – Espace Godin, le 24 avril 2025, 21h30
BONHEUR DE LA TRADUCTION
Hôtel 10 – Salle Jardin, le 26 avril 2025, 11h30
RENCONTRE AVEC JONATHAN BÉCOTTE
Bibliothèque Le Prévost, le 26 avril 2025, 14h00
PRIX VIOLET REMIS À FRANCE DAIGLE
Hôtel 10, Espace Godin, le 26 avril 2025, 14h30
BLACK, QUEER, INDIGENOUS: LA VOIX DE L’AUTRE, LA VOIX DE SOI
Hôtel 10 – Espace Godin, le 26 avril 2025, 16h.
ÉDOUARD RODITI AND THE TWENTIETH CENTURY OF A COSMOPOLITAN SPIRIT
Salle Jardin de l’Hôtel 10, le 26 avril 2025,17h30.
PASSE FESTIVAL 2025
Offre spéciale à 30$ jusqu’au 14 avril, minuit
Puis à 50$, prix régulier à partir du 15 avril