Mardi, 20 mai 2025
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    FTA 25 : Hatched Ensemble de Mamela Nyamza

    Le FTA nous fait découvrir des pépites, des artistes qui s’inscrivent dans nos mémoires et parfois que l’on voudrait voir revenir plus souvent sur nos scènes, et plus longtemps. C’est le cas pour la grande chorégraphe sud-africaine, Mamela Nyamza, qui présentera Hatched Ensemble, une œuvre qui continue de la hanter depuis sa création en 1998. Créée comme un solo, la pièce n’a cessé d’évoluer, elle a été présentée en duo, puis en collectif. Les émotions naissent alors de la fusion du ballet classique et des danses traditionnelles africaines, de décolonisation, et de la propre histoire de la chorégraphe, le tout porté par la musique du Cygne de Camille Saint-Saëns.

    Comment devient-on danseuse de ballet classique, alors que rien dans sa culture d’origine ne devait nous pousser vers un art typiquement blanc et colonial ?
    Mamela Nyamza : Quand j’étais enfant, j’avais des amies qui [suivaient] des cours de ballet classique et je les ai suivies. C’était avant un hobby pour moi. C’est à l’université que j’ai pensé que je pouvais peut-être en faire une carrière. C’est un choix qui s’est fait tardivement dans ma vie. J’ai obtenu un diplôme en ballet classique et je suis allée étudier au Alvin Aley Dance Theater à New York. C’est là, avec un professeur, que nous avons décidé de faire ce solo de La mort du Cygne, c’était en 1998. De retour en Afrique du Sud, j’ai dansé de nombreuses fois ce solo et même reçu plusieurs prix.
     
    Mais tu es restée très accrochée à cette chorégraphie, au point de continuer à la présenter ?
    Mamela Nyamza : C’est lié à mon histoire personnelle, je l’ai créée en 1998 et en 1999 j’ai continué à danser alors que j’étais enceinte et ma mère est décédée. Et la musique de Saint-Saëns a été une réelle et profonde connexion avec ma mère. C’est devenu comme un rêve récurrent que je devais encore et encore danser. Puis du solo, je suis passée au duo, puis en 2006-2007, c’est devenu un collectif. Ce sont des années de travail, comme si ce n’était jamais fini, que j’avais encore quelque chose à dire à travers cette mort du cygne.

    Comment concilies-tu le style du ballet classique avec le style des danses africaines qui portent des univers totalement différents ?
    Oui, c’est radicalement différent. Avec le ballet classique et les pointes, on se trouve vers l’élévation, alors que dans la danse traditionnelle africaine, nous sommes groundés, on fait du bruit avec nos pieds, on produit des sons. Mais, j’ai vu que l’on pouvait utiliser la structure du ballet classique et l’adapter à la danse africaine. Par exemple, le cygne est léger, il vole, et nous, nous le transformons en autruche, qui utilise les griffes de ses pattes pour gratter le sol.

    Mais, c’est avant tout une recherche spirituelle, une expérience, puisque lorsque nous dansons en Afrique, on parle aux ancêtres, d’où les sons, les bruits des pieds sur le sol, ou même des pointes du ballet classique. C’est un travail sur l’art qui amène le ballet classique ailleurs. Pour les danseurs et les danseuses comme pour moi, ce chemin vers nos racines a été comme une libération, une libération pour sortir du carcan du ballet classique. Mais, ce n’est pas fini, c’est un travail qui continue, en fait comme de trouver après chaque mort une renaissance. On peut lire La mort du Cygne de Saint-Saëns comme une fin, mais qui appelle à une renaissance.

    INFOS | Hatched Ensemble
    Chorégraphie : Mamela Nyamza
    Monument National, Salle Ludger-Duvernay
    23 et 24 mai 2025
    https://www.fta.ca
     

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