Mardi, 11 novembre 2025
• • •
    Publicité

    Queer as Punk — crier plus fort que le silence

    Portant haut l’esprit rebelle du punk, le groupe malaisien Shh…Diam! incarne une forme de résistance queer dans un pays où leurs simples existences sont criminalisées. Leur nom — qui signifie « Tais-toi! » — est une provocation hilarante, un doigt d’honneur ironique à leurs détracteurs. Sur scène, impossible de les faire taire : leur musique rugit, électrise et défie l’ordre établi. Dans une Malaisie où l’homosexualité et l’expression de genre sont interdites par la loi, leur démarche devient un acte de bravoure.

    Tourné sur une période de six ans, Queer as Punk de la réalisatrice Yihwen Chen dépasse le cadre du documentaire musical traditionnel. Oui, on y suit les tournées, les concerts et les chicanes de groupe, mais le film plonge surtout dans l’intimité de cette famille choisie, tout en exposant le poids d’un régime religieux conservateur obsédé par le contrôle moral. Chen juxtapose les moments de camaraderie avec des extraits d’actualités politiques, tissant un portrait nuancé d’un pays où être soi-même relève du risque calculé.

    Au cœur du film, Faris Saad, chanteur charismatique et homme trans, raconte son parcours vers l’affirmation de son identité dans un État qui refuse de la reconnaître. Sa présence magnétique — mêlée d’humour, de lucidité et d’une pointe de colère — incarne le courage du quotidien queer sous répression. Son récit d’un vote impossible à cause d’une carte d’identité « invalide », ou d’une descente de police où les gens sont séparés « hommes d’un côté, femmes de l’autre », glace le sang. Que faire quand ton apparence contredit ce qu’il y a sur ton papier ?

    Tourné caméra à l’épaule, Queer as Punk est brut, vibrant, viscéral. Les images, sombres et granuleuses, traduisent parfaitement l’énergie du punk : celle du refus, de la rage et de la liberté. Entre deux scènes de concerts, le film capte la complicité des membres, leur humour, leurs galères et leur solidarité. Mention spéciale à Yon, qui tente d’écrire un poème d’amour pour son mari mais finit chaque fois avec un texte trop explicite — moment savoureux d’autodérision queer.

    Le documentaire est traversé par une tension constante : celle d’un pays où aimer librement peut mener en prison. Pourtant, Shh…Diam! continue de jouer, de chanter, de rire. Leur chanson « Lonely Lesbian » fait danser le public avec un humour aussi mordant que libérateur.

    À travers leur musique, ces artistes redéfinissent la résistance : vivre pleinement, malgré tout. Queer as Punk célèbre l’esprit insoumis, la joie queer et la force du collectif dans un monde qui veut les faire taire. Et, comme leur nom le suggère avec une ironie cinglante : non, ils ne se tairont jamais.

    INFOS : Ce film sera présenté dans la cadre du festival image+nation, qui se tiendra du 20 au 30 novembre 2025. Pour vous procurer des billets https://image-nation.org

    Abonnez-vous à notre INFOLETTRE!

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité