Avoir sa place dans la communauté. Avoir sa place dans son milieu de travail. Ce besoin de représentativité était au cœur de l’ambition de Tanguy Meddy Magné lorsqu’il a entrepris, à 18 ans, des démarches d’immigration depuis la Guadeloupe pour venir étudier au Canada. Le jeune homme rêvait de devenir ce modèle qu’il aurait aimé voir en grandissant.
Timide et réservé, Tanguy a nourri très tôt un vif intérêt pour les langues, les arts et les voyages. C’est dans le terreau d’une famille séparée, mais aimante, qu’a germé en lui le désir de quitter son archipel pour découvrir le monde. Ses recherches l’ont mené vers Montréal.
En moins de six mois, il a bouclé ses démarches d’immigration : demande d’admission à l’UQAM, prêt bancaire, visa étudiant. « J’étais le premier dans ma famille à envisager des études supérieures à l’étranger, raconte-t-il. Mes parents ne comprenaient pas forcément mon choix, mais ils m’ont soutenu. Sans trop réfléchir, je me suis lancé avec l’intuition que c’était la bonne chose à faire. »
Premiers pas dans la métropole
À mi-parcours de son baccalauréat en administration, une camarade d’université lui a parlé d’une ouverture chez Desjardins, où il a obtenu un poste de remplacement comme caissier au service à la clientèle dans une succursale : « J’ai été privilégié de vivre cette première expérience professionnelle pendant mes études, reconnaît Tanguy. C’était un peu le success story classique que j’imaginais. Pour mes parents, c’était une grande fierté que je travaille dans une institution financière à mon âge. C’était gratifiant pour moi et ça m’a permis d’acquérir une discipline tôt, dans un environnement structuré. D’entrée de jeu, j’avais compris que je pouvais grandir dans l’organisation. »
Tout en découvrant le dynamisme de la métropole, Tanguy a pris conscience de son unicité, mais aussi de l’importance d’inspirer et de marquer positivement le parcours de ses semblables. Ses rencontres l’ont amené à explorer de nouveaux univers, notamment la ballroom culture (une scène artistique qui combine mode, danse et performance) et le mannequinat (une agence le représente aujourd’hui à l’international). « En m’expatriant, je me suis promis de vivre mon authenticité, de ne pas me cacher dans toutes les sphères de ma vie. Je me suis dit que je devais toujours viser plus haut », affirme-t-il en souriant.
Viser plus haut
Cette émancipation personnelle l’a aussi porté à choisir les ressources humaines, un domaine qui lui permettait de contribuer activement à la stabilité et à la sécurité des personnes qui, comme lui, méritaient d’être soutenues et valorisées. « La représentativité est ce qui est le plus important pour moi, dit-il sans hésiter. Représenter les personnes queers, racisées ou immigrantes, c’est une façon de faire rayonner ma communauté, d’apporter ma touche de créativité et de pousser les initiatives encore plus loin. »
Une collègue l’oriente vers la suite de sa carrière : un emploi comme technicien en acquisition de talents. Il a ensuite grimpé les échelons et occupe aujourd’hui un poste de conseiller en acquisition et gestion de talents. Ce cheminement l’a conforté dans sa volonté de poursuivre ses démarches d’immigration : après son permis de travail, il a obtenu sa résidence permanente et est aujourd’hui en voie d’obtenir sa citoyenneté.

Porter les voix
En plus d’être ambassadeur LGBTQ+, Tanguy est champion d’une escouade qui se consacre au recrutement inclusif. Développer des processus d’accommodement pour les personnes issues de la diversité, élaborer des outils d’aide aux gestionnaires et réviser les étapes de recrutement font partie de leurs objectifs. « Une personne peut nous interpeller pour nous informer qu’elle a entamé une transition de genre. Nous amorçons alors une préparation en amont, on outille le gestionnaire et on accompagne l’employé·e en fonction de ce qu’il ou elle souhaite partager. »
Avec une grande ouverture, Tanguy aborde les sujets sensibles sans jugement, préférant l’éducation à la confrontation, et créant un espace où chaque individu peut prendre sa place. Lors de la dernière édition de Werk it, un salon de l’emploi axé sur les communautés 2ELGBTQIA+, le conseiller a pris la mesure du chemin parcouru ces dernières années.
« Chaque lettre dans LGBTQ+, chaque membre représente une réalité distincte, avec ses propres
besoins et attentes. Comprendre ces nuances et les intégrer à chaque étape du parcours, c’est ce qu’on cherche à faire dans notre accompagnement, nos processus et nos outils. La disponibilité, l’écoute et l’approche bienveillante sont clés. » – Tanguy Meddy Magné
« Ce qui suscite le plus de réactions quand je vais à la rencontre des gens, c’est la communauté interne qu’on a réussi à se bâtir au sein du Mouvement Desjardins. Elle a un véritable impact sur le sentiment d’appartenance du personnel. »
Cette communauté prend vie notamment grâce à des réseaux sociaux internes, des événements et des initiatives de toute sorte. Parmi celles qui lui tiennent le plus à cœur, Tanguy cite les Conversations courageuses qu’il anime à l’occasion et qui visent à contrer la discrimination, favoriser l’expression libre, enrichir les connaissances et faire évoluer des pratiques organisationnelles. « Ces rencontres mensuelles ont un impact fort, tant pour la communauté LGBTQ+ interne que pour les allié·es, atteste-t-il. On nous dit souvent qu’elles permettent de grandir : les messages circulent, les gens reviennent.
C’est un espace
sécuritaire pour aller plus loin dans nos réflexions, aborder des sujets délicats avec ouverture et simplicité. On sent que ça repose sur une culture interne authentique. »
Rêver, construire, transmettre
Et c’est justement cette culture qui nourrit l’ambition. Car parler d’ambition, c’est ouvrir un espace sur ce qu’il reste à bâtir… Pour Tanguy, cela signifie imaginer, construire et transmettre un monde où les communautés sont mieux représentées dans tous les paliers d’emploi, y compris stratégiques et exécutifs.
Il rêve d’un environnement corporatif plus libre, où les codes vestimentaires seraient moins rigides. « Mon ambition serait de briser encore davantage les codes de l’hétéronormativité. Qu’on puisse entrer dans une entreprise et se faire servir par une ou des personnes au style varié et distinctif, et sentir dès la première ligne qu’on est accueilli par une institution qui valorise l’expression de soi, l’inclusion et la créativité. »
En dehors du travail, Tanguy poursuit cet engagement à travers ses projets personnels. Il orchestre des soirées queers caribéennes et rêve d’organiser un ball – des espaces festifs et inclusifs qui renforcent les liens communautaires.
Car oser être soi et ouvrir la voie à d’autres, un geste à la fois, c’est aussi ça l’ambition. Témoignage fondé sur l’expérience de l’employé, partagé volontairement.

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