Samuel Larochelle ne cache pas son enthousiasme en parlant de son nouveau bouquin. « Mon espoir, c’est que ce livre-là se retrouve dans toutes les maisons, dans toutes les bibliothèques, pour que les hétéros et les queers découvrent l’impact immense que les queers ont eu sur l’histoire et sur le monde. Sans ces gens-là, le monde dans lequel on vit n’existerait pas tel qu’il est ! »
L’auteur, déjà à son 17e ouvrage, a la conviction que chaque histoire, chaque parcours mérite d’être raconté. C’est le point de départ de son nouveau livre, Les queers qui ont changé le monde, une œuvre vivante, percutante et pleine d’audace. Un ouvrage de référence qui souhaite faire éclater les préjugés et montrer que les personnes LGBTQ+ ne sont pas que de flamboyants artistes. « Les queers ne sont pas confinés, par exemple, à des artistes exubérants », lance Samuel. Il est convaincu que le rôle des personnes queers a été, et est toujours, bien plus vaste qu’on ne le pense. Faire une sélection parmi toutes les personnes n’a pas été une mince tâche. « J’ai choisi les personnes qui avaient le parcours le plus parlant dans différents domaines : sportifs, scientifiques, affaires, politiques et artistes. »
Une variété qui est essentielle pour la jeune génération. « C’est important de montrer qu’on peut être partout parce que, lorsqu’on manque de modèles en tant que jeune LGBTQ+, on ne s’imagine pas faire son chemin vers un métier si on n’a jamais vu quelqu’un qui nous ressemble le faire avant nous », dit-il en donnant pour exemple Farah Alibay, ingénieure en aérospatiale ayant un parcours qui pourrait en inspirer plus d’un.e.

Déconstruire les idées reçues et briser les plafonds de verre
L’ouvrage présente près de 70 profils complets et aborde le parcours de 150 personnes queers. Mais attention, ce n’est pas un dictionnaire. « C’est un ouvrage de référence funky, lance Samuel. Avec de l’humour, des prises de position et plein d’infos hyper intéressantes. Ce n’est jamais long, ça va d’une ligne à deux pages par personne. »
Samuel Larochelle a choisi les parcours les plus percutants, les plus inspirants. Il a voulu montrer la diversité des personnalités, mais aussi l’étendue de leurs réalisations. Pour Samuel, il était primordial de faire sortir de l’ombre les femmes, les personnes trans, non binaires et de couleur. Il donne en exemple le cas de Harvey Milk, souvent présenté comme le premier politicien ouvertement gai à avoir été élu. « Ce n’est pas vrai. Quelques années avant lui, il y a deux femmes à deux endroits des États-Unis qui ont été élues, Kathy Kozachenko et Elaine Noble. » Un choix éditorial qui vient rééquilibrer le portrait en donnant de la place à des histoires trop souvent ignorées.
Le livre rend hommage à des figures emblématiques, comme la joueuse de tennis Billie Jean King, « une petite crisse pleine d’audace », s’exclame Samuel, mais aussi à des personnalités plus méconnues comme Christine, la reine de Suède, une femme qui a osé défier les conventions du XVIIe siècle. Il y a aussi ce médecin trans, Alan L. Hart, qui a été un pionnier de l’usage des rayons X pour dépister la tuberculose, sauvant ainsi de nombreuses vies. « C’est ironique, alors qu’il y a tellement de gens en 2025 qui souhaitent la mort des trans et des non-binaires, de réaliser qu’il y a une personne trans qui en a sauvé des millions. »
De l’art à la science, la diversité des modèles
Le livre nous entraîne dans une multitude de domaines et d’époques où se rencontrent des personnalités connues d’ici et d’ailleurs (Elton John, Yannick Nézet-Séguin, Laurent McCutcheon, Ellen DeGeneres) et d’autres moins connues, comme l’activiste Alicia Garza, cofondatrice de Black Lives Matter, la cheffe de l’État islandais Jóhanna Sigurðardóttir ou encore l’infirmière et statisticienne Florence Nightingale. « J’ai vraiment découvert plein de monde fascinant en faisant mes recherches ! »
Et pourquoi terminer ce bouquin avec le portrait de Leonardo da Vinci ? « À cause du flou qui entoure Da Vinci, puis pour laisser une porte ouverte de réflexion sur son homosexualité présumée. Je trouvais ça intéressant de conclure avec lui, puis parce que c’est probablement la personne, si elle est effectivement queer, qui a eu le plus d’impact sur la planète avec ses inventions et son art », conclut-il.
Je lance une dernière question à l’auteur qui est aussi journaliste pour le magazine Fugues : et si tu avais la chance d’interviewer une de ces personnes, vivantes ou décédées, laquelle serait-ce ? « Je challengerai Tim Cook (directeur général d’Apple) qui vient d’abandonner les mesures d’équité, de
diversité et d’inclusion, parce qu’il suit Trump. J’aimerais beaucoup discuter avec la joueuse de soccer Megan Rapinoe qui a énormément de cran et qui a tenu tête à Donald Trump après avoir gagné la Coupe du monde en disant : “si on gagne, je n’irai pas à la Maison-Blanche”, puis elles ont gagné, et elle a tenu parole ! »
INFOS | Les queers qui ont changé le monde, de Samuel Larochelle, Québec Amérique En librairie le 3 septembre 2025