Quelques moments marquants pour nos communautés

En consultant les numéros de Fugues du passé, il n’est pas seulement étonnant de constater le chemin parcouru sur le plan légal, mais de se rendre compte comment nos habitudes de vie, la culture gaie et nos intérêts comme communauté ont aussi évolué. En 40 ans, tout est allé très vite, à l’image d’une société à la recherche de son identité et qui, sous l’effet conjugué de la mondialisation, de l’immigration et de l’arrivée d’Internet, a radicalement changé depuis 1984. Dans cette évolution, Fugues a apporté sa petite pierre, en rendant compte des actions visant au mieux-être et à l’épanouissement de nos communautés.

Dans les pages qui suivent nous vous invitons à un parcours subjectif dans le temps d’hier à aujourd’hui. Notez bien qu’il ne s’agit-là que de quelques dates et de quelques noms, parmi les centaines qui seront mis de l’avant dans l’exposition «40 ans de FUGUES et d’histoires des communautés LGBTQ+ au Québec» qui se tiendra durant le Festival Fierté Montréal.

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La nuit du 1er au 2 juin 1984 : Descente au Buds
Cette nuit-là, quelque 75 policiers participent à la descente au bar Chez Buds, un bar sur la rue Stanley, au cours de laquelle 188 personnes sont arrêtées et accusées de grossière indécence et d’avoir visité une maison de débauche. À la suite de la descente, l’Association des droits des gai(e)s du Québec (ADGQ) organise une manifestation en réponse aux arrestations. Entre 500 et 600 personnes sont réunies au coin de la rue Stanley et Sainte-Catherine à Montréal afin de dénoncer les arrestations.

Été 1984… la création de l’école l’École Gilford
Des groupes lesbiens louent une ancienne école primaire dans le quartier du Plateau-Mont-Royal pour fonder l’École Gilford. Cet espace, utilisé comme espace communautaire pour créer une communauté lesbienne, occupe une place centrale pour la communauté lesbienne montréalaise jusqu’à la fermeture de ses portes, en 1993.

9 novembre 1986, élection de Raymond Blain
Homme politique, Raymond Blain est la première personne ayant révélé publiquement son homosexualité à avoir gagné au Canada les suffrages des électeurs. Alors candidat ouvertement gai aux élections municipales au poste de conseiller municipal pour le district Saint-Jacques, il déclarait à Fugues : «Je veux faire de la politique d’une façon honnête. Il me semble important que la population sache qui je suis. En fait, c’est pour moi une condition pour me présenter à ces élections. » Il a été élu à deux reprises conseiller municipal du district Saint-Jacques où est situé le Village, soit en 1986 et en 1990. Il a représenté le quartier de Saint-Jacques au conseil municipal de Montréal jusqu’à son décès en mai 1992. Il est mort de complications reliées au sida à l’âge de 41 ans. Parmi ses réalisations, il faut mentionner l’implantation de la ligne Info-Drogue, l’adoption d’un programme de lutte contre le sida et la création de maisons d’hébergement pour les personnes vivant avec le VIH. Il a aussi collaboré à la création du Centre communautaire LGBT de Montréal.

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MIELS-Québec débute ses activités à Québec dès 1986
C’est en 1986 que quelques braves de la ville de Québec s’assoient autour d’une table pour exprimer leurs inquiétudes face à la réalité des personnes directement touchées par le VIH-sida. Ensemble, ils créent le CIELS, le premier comité pour la lutte contre le VIH-sida dans la ville de Québec. À ce moment, la population ignore tout de cette infection. Les préjugés, le rejet, la solitude, l’impuissance et la mort détruisent la vie des personnes vivant avec le VIH-sida. Quelques mois plus tard, le CIELS devient le MIELS-Québec, soit le Mouvement d’information et d’entraide dans la lutte contre le VIH-sida à Québec qui est toujours le principal organisme VIH de la grande région de Québec.

Automne 1987, le sida devient la première cause de mortalité chez les hommes à Montréal Présent depuis le début des années 80 dans la métropole, le sida devient la première cause de mortalité chez les hommes adultes, au centre-ville de Montréal en 1987. 395 cas de sida ont été enregistrés dans les deux seules années de 1986 et 1987. En fait, il y avait des gens malades depuis déjà quelques années, surtout au centre-ville, mais jusqu’alors on n’était pas conscient de l’importance du phénomène et de l’amplitude que cela allait prendre. On savait que c’était causé par un virus, mais on ne savait pas grand-chose.

En Juin 1987, Robert Laliberté débute sa longue relation avec Fugues
C’est à partir de juin 1987 que Robert Laliberté mettra son talent au service de Fugues, pour lequel il signera plus de 125 couvertures (soit plus du quart de toutes les couvertures). Événement rare dans l’histoire de l’édition au Québec, la longue collaboration entre Fugues et Robert Laliberté aura eu l’avantage notable de créer une image forte et cohérente du magazine, tout en donnant au photographe une notoriété très grande au sein de la communauté gaie québécoise.

1988, premier Festival Image & nation
C’est à partir de novembre 1988 que Diffusions gaies et lesbiennes du Québec — et les bénévoles qui s’y sont impliqués — organisent le festival de cinéma et de vidéo image&nation gaie et lesbienne. En plus de 35 ans, ce festival (dont le nom est dorénavant image+nation festival de films queer de Montreal), dirigé depuis le milieu des années 1990 par Charlie Boudreau, épaulé.e par Kat Setzer, n’a jamais cessé d’offrir un témoignage intense et riche, fait d’expériences vécues de l’intérieur. Il a permis à plusieurs milliers d’œuvres cinématographiques et vidéo de partout dans le monde d’être présentées à Montréal.

19 mars 1989, meurtre homophobe de Joe Rose
L’activiste homosexuel de 23 ans, Joe Rose, est tué dans un bus alors qu’il rentre chez lui, accompagné d’un ami. Un groupe de jeunes se mettent à crier des insultes homophobes au duo et se mettent à les frapper pour finalement tuer d’un coup de couteau au dos Joe Rose à l’intérieur même du bus. Le meurtre fait la manchette et ébranle la communauté gaie et lesbienne. Les quatre adolescents âgés entre 13 et 19 ans sont arrêtés et accusés d’homicide au deuxième degré. La famille de Joe Rose gagne une poursuite contre le service de transport de Montréal puisque le conducteur n’a pas enclenché le signal d’urgence de l’autobus. Cet homicide s’inscrit dans une vague d’attaques envers la communauté LGBTQ+ à Montréal qui mènera à la création de Table de concertation des lesbiennes et gais sur la violence du Grand Montréal.

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Juillet 1990, Sex Garage
La police de Montréal, accusée depuis longtemps d’entretenir une culture homophobe, fait une descente, dans la nuit du 14 et du 15 juillet, lors du Sex Garage, un party privé qui se tenait ponctuellement dans un loft, situé rue de la Gauchetière. Durant cette intervention qui se conclut par une évacuation violente des lieux, doublée d’arrestations, une vingtaine de membres du SPVM, qui avaient retiré leur matricule d’identification, ont proféré des grossièretés visant de l’orientation sexuelle des participants et participantes. De participants qui tentaient de fuir les lieux ont été frappé par des matraques ou poursuivis par des voitures de police. Quelques heures plus tard, une manifestation de plus de 250 personnes bloquent pendant quelques heures l’intersection Sainte-Catherine et Amherst (rebaptisée depuis Atateken). Le lendemain, le 16 juillet, un kiss-in est organisé devant le poste de police 25, responsable de la descente au Sex Garage. La manifestation se termine par autre arrestation musclée, cette fois de 48 personnes. Plusieurs des policiers, qui avaient pris soin d’enlever leur matricule d’identification et d’enfiler des gants de latex, frappent les manifestants devant les caméras des médias. D’autres manifestations sont organisées, les jours suivants, devant le poste de police 25 et une grande manifestation se tient le 29 juillet 1990 à laquelle plus de 2000 personnes participent. L’année suivante une manifestation est organisée pour souligner le 1er anniversaire de Sex Garage et une autre pour le 2e anniversaire. C’est de ces commémorations qu’est finalement né Divers/Cité en 1993. Clairement, la descente du Sex Garage a politisé et conscientisé une génération entière de militants LGBTQ et provoque un changement le paysage militant québécois, par la création du défilé Divers/Cité, de groupes d’action pour les droits civils de la communauté LGBTQ et force un examen de conscience des autorités de la Ville et policières.

La création de la COCQSIDA en 1990
Les organisations gaies québécoises d’alors — axés sur le lobbying ou les services de soutien liés à l’orientation sexuelle — n’étaient pas préparés à faire face à l’épidémie. On voit donc la création de nombreux organismes sida se créent offrant services ou soutien aux personnes atteintes, alors que d’autres prennent les devants quant à la prévention ciblée. Devant la multiplication des organismes une coalition se forme en 1990. Cette Coalition des organismes communautaires québécois de lutte contre le Sida, mieux connue comme la COCQ-Sida, qui compte maintenant une trentaine de membres.

Naissance du Black & Blue en octobre 1991
Le légendaire party montréalais Black & Blue est né à l’automne 1991. La première édition est d’abord et avant tout un événement privé, entre amis des quatre coins de l’Amérique du Nord. Son fondateur Robert Vézina, expliquait dans Fugues quelques années plus tard : « nous pensions que Montréal avait besoin d’un bon bol d’air frais » et l’événement par la suite est ouvert au public et sa popularité grandie à chaque édition. Sa fréquentation est record en 1999, quand le festival accueille plus de 17 000 personnes au Stade olympique. Et l’année suivante, le terrain du stade illuminé de 25 000 bougies, pour créer un gigantesque Ruban d’espoir représentant le ruban du sida, comme entrée spectaculaire à l’événement. La dernière édition du Black & Blue a eu lieu en 2022, après avoir souligné ses 30 ans.

1991, création d’Action Séro Zéro 
Dès sa création, Action Séro Zéro adopte une approche de promotion de la santé sexuelle et le bien-être des hommes gais, bisexuels et ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes. L’idée est de fournir de l’éducation et de la sensibilisation quant à la prévention du VIH et des autres ITSS, en offrant offre notamment des services d’intervention en plus d’être présent sur les différents lieux de rencontres (parcs, saunas, et internet) afin de répondre aux questions sur les ITSS et la santé. En 2009, l’organisme change de nom pour RÉZO. Si ses missions et son approche restent les mêmes, l’organisme offre des services d’intervention en santé plus diversifiés et intègre dorénavant les hommes trans.

Du 12 au 15 novembre 1992, la Vie en Rose
En novembre 1992, se tient à l’université du Québec à Montréal et à l’université Concordia, le premier colloque québécois d’études lesbiennes et gais. Ouvert au public, l’événement a réuni plus de 180 conférenciers et conférencières. Plus de 60 ateliers et tables rondes ont traité de sujets variés tels que l’histoire des lesbiennes et des gais, le féminisme et le lesbianisme, les rapports des homosexualités avec l’ethnicité, le droit, la religion, les arts et les médias.

Descente de la police de Montréal dans le bar Katakombes en février 1994
Trois mois après les audiences de la Commission des droits de la personne (voir notre autre article sur le militantisme) portant, entre autres, sur la répression et les préjugés entretenue par la police de Montréal envers lesbiennes et les gaies, la police de Montréal fait une descente dans le célèbre bar gai KOX/Katakombes. Les policiers arrêtent tous les 168 hommes présents pour s’être trouvés dans une «maison de débauche». Traités en criminels, beaucoup vont souffrir longtemps de cet épisode traumatisant. Était-ce une tactique d’intimidation de la police (le bar était alors la propriété d’un criminaliste), ou la poursuite d’une opération débutée les mois précédents, alors que la police avait visité la discothèque Max et les 2R (un bar de danseurs nus). Quoi qu’il en soit, la police est prise à son propre jeu et doit éventuellement abandonner les accusations contre 92 des 165 personnes arrêtées. En fin de compte, seulement une poignée d’entre eux seront formellement accusés. Cette descente force des négociations sérieuses entre la police et la communauté et pave la voie à la mise sur pied de Dire enfin la violence (DELV), ainsi qu’à une table de concertation où les gais, la Ville et les corps policiers ont démontré leur capacité à se parler, à faire avancer les dossiers et à changer l’approche d’intervention des policiers.

Le marketing rose à partir de 1994
Le couple homosexuel devient à partir de 1994 une cible spécifique du marketing dans les pays occidentaux : le comportement public de certains gais a inspiré la publicité. En cela, le marketing a intégré un certain nombre de clichés gais. Ainsi, des opérateurs touristiques se sont spécialisés dans le «tourisme gai», des marques de vêtements, de lessives ou de voitures commencent à afficher des couples gais dans leurs campagnes publicitaires. On voit apparaître chez les spécialistes du marketing des expressions telles que DINK (double income, no kids) – double revenu, pas d’enfants – ou encore Pink dollar, pour parler du commerce ciblé sur les gais, lesbiennes, bisexuels et transsexuels.

Suicide chez les jeunes 1999-2000
Malgré les progrès accomplis par leurs aînés sur le plan des droits et libertés et de la visibilité sociale et médiatique, les jeunes gais demeurent plus vulnérables. Conscient qu’il y a problème, Gai Écoute lance la première recherche québécoise portant sur le suicide chez les jeunes gais et bisexuels. Après deux ans de négociations avec le ministère de la santé et des services sociaux, une subvention de 67 000$ est finalement octroyés, en 1999, à Gai Écoute, pour la réalisation d’une recherche dirigée par Michel Dorais. Ce dernier publie, en 2000, Mort ou fif, le premier livre en langue française à se pencher sur la fréquence alarmante de leurs tentatives de suicide. En retraçant les origines de leur désarroi, Michel Dorais va au-delà des statistiques qui signalent que les jeunes gais sont beaucoup plus à risque de se suicider que leurs pairs hétérosexuels, et révèle les déchirants « scénarios de vie » dans lesquels ils se retrouvent bien malgré eux.

Une représentation des communauté LGBTQ+ en évolution via le Recensement canadien
Le recensement canadien présenté de 2001 inclut pour la première fois les unions libres de même sexe dans les questions sur la cohabitation. Près de 68 400 personnes déclarent vivre dans une union libre avec un·e partenaire de même sexe. L’inclusion des couples homosexuels dans le recensement, qui se fera progressivement, a pour objectif d’offrir progressivement un meilleur portrait statistique et de mieux faire ressortir et comprendre certains besoins de la population. Vingt ans plus tard, plus d’un million de canadiens, âgés de 18 ans et plus, s’identifient comme une personne LGBTQ+. Un nombre qui devrait encore augmenter dans le futur, quand on analyse les données par génération. En effet, la proportion double en importance : des plus âgées aux plus jeunes, et ce, pour chacune cinq générations ayant répondu au dernier recensement. En 2001, la population du Canada venait de dépasser les 30 millions. Elle atteindra les 40 millions au cours de 2024.

Juin 2003, la Fondation Émergence met sur pied la première Journée de lutte contre l’homophobie
Créée en 2000, à l’instigation de Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute, la Fondation Émergence se donne pour but de lutter contre l’homophobie et la transphobie en créant divers programmes axés sur la sensibilisation aux réalités des communautés issues de la diversité sexuelle et de genre. Elle est à l’origine de la première Journée nationale contre l’homophobie qui se tiendra en juin 2003 et 2004. La date du 17 mai sera ensuite choisie comme Journée internationale de lutte contre l’homophobie, en 2005. En effet, c’est un 17 mai (en 1990) que l’Organisation mondiale de la santé supprime (enfin) l’homosexualité de son répertoire des maladies mentales. 

Les Outgames mondiaux à l’été 2006
Du 26 juillet au 6 aout 2006, Montréal vibre au rythme d’un des plus important événements internationaux pour les LGBTQ+ : les 1ers Outgames mondiaux. Fugues publie pour l’occasion sa plus imposante édition de 296 pages, dotée exceptionnellement d’un tirage de 65 000 exemplaires. Une Conférence internationale sur les droits humains des lesbiennes, gais, bisexuels et transgenres (LGBT), du 26 au 29 juillet, rassemble près de 1600 participants, venus des quatre coins de la planète pour débattre de la situation des LGBT. La Déclaration de Montréal, entérinée à l’unanimité par les participants de la Conférence internationale sur les droits humains des LGBT, demeure certainement un des grands moments des 1ers Outgames mondiaux. Les compétitions sportives qui suivent la conférence se déroulent rondement et mettent à l’honneur un peu plus de 11 000 athlètes de tous les âges, provenant de 111 pays. Grand moment d’émotion à la cérémonie d’ouverture alors que les milliers d’athlètes inscrits aux compétitions ont fait leur entrée dans le Stade olympiques. Costumés et regroupés par pays ou ville, ils ont été chaudement applaudis par le public. Les athlètes représentants les pays où l’homosexualité est condamnée ont été chaudement accueillis par la foule qui s’est spontanément levée debout. Plusieurs athlètes que Fugues a rencontrés durant la semaine de compétitions se sont déclarés impressionné par l’accueil des Montréalais et du niveau de préparation de l’organisation. Les disciplines sportives étaient sanctionnées par les fédérations sportives québécoises et canadiennes. Si la foule ne s’est pas précipité pour regarder les épreuves sportives, quelques 32 000 personnes assistent néanmoins au spectacle de clôture au Stade olympique réunissant sur scène Liza Minnelli, Marjo, Marie-Chantal Toupin, Mélanie Renaud et la DJ Tracy Young. Malheureusement, alors que l’organisation prévoyait un bilan financier équilibré, les Outgames se retrouvent avec un déficit d’un million de dollars (sur un budget d’un peu plus de 15 millions).


2011 Dévoilement du 1er plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie
En mai 2011, le ministre de la Justice du Québec , Jean-Marc Fournier, rend public le premier Plan d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie 2011-2016. Ce plan d’action fait suite au rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) paru en 2007. Le gouvernement du Québec s’engage à poser 60 actions en se basant sur les quatre orientations décrites dans sa politique québécoise de lutte contre l’homophobie. Ces actions incluent notamment la mise en place d’une chaire de recherche sur l’homophobie, la création d’un programme de subventions pour des projets luttant contre l’homophobie, la tenue d’une campagne méiatique de sensibilisation sur l’homophobie et la sensibilisation des associations patronales afin de leur rappeler l’importance d’assurer un environnement sécuritaire sans homophobie. Deux autres plans d’action gouvernemental de lutte contre l’homophobie suivent. Le plus réçent plan d’action (2023/2028) est appuyé par un investissement total de 19,7 M$ sur cinq ans, auquel s’ajoutent 4 M$ pour renforcer la capacité de coordination de l’action gouvernementale. Il mobilise 25 ministères et organismes gouvernementaux.

Création en novembre 2011 de la Chaire de recherche sur l’homophobie
En novembre 2011, la Chaire de recherche sur l’homophobie (maintenant appelé la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres) est mise sur pied dans le cadre du plan d’action gouvernemental. Elle est la première chaire de recherche permanente sur l’homophobie en Amérique du Nord. Line Chamberland, professeure au département de sexologie de l’UQAM, est nommée titulaire de la Chaire à sa formation. À sa retraite, en 2020, elle est remplacée par Martin Blais.

En 2012, le monde entier est choqué par l’affaire Luka Rocco Magnotta
Luka Rocco Magnotta rêvait de devenir célèbre et il y est arrivé de funeste façon : en tuant et démembrant à Montréal, Lin Jun, un étudiant chinois de l’université Concordia, qu’il avait croisé sur un site de rencontres. Magnotta, qui a dépecé sa victime et envoyé les pieds et les mains de Jin Lin dans deux écoles à Vancouver et à des politiciens à Ottawa, a été arrêté en juin dans un cybercafé à Berlin, en Allemagne, après une chasse à l’homme qui a duré plusieurs jours, suite à la découverte d’un cadavre le 29 mai. Rapatrié au Canada et jugé pour ses crimes, il purge une sentence à perpétuité, donc sans possibilité de libération conditionnelle avant 2037.

Le 7 avril 2014, élection de Manon Massé
Aux élections provinciales, la militante féministe et organisatrice communautaire (elle était, entre autres, en charge de la Marche du Pain et des roses) Manon Massé, est élue députée de Sainte-Marie-Saint-Jacques sous la bannière de Québec solidaire. Ouvertement lesbienne, Manon Massé rejoint alors la députée péquiste Agnès Maltais, qui elle aussi a fait sa sortie du placard (mais plusieurs années après avoir été élue). Elle a été co-porte-parole de Québec-Solidaire, de 2017 à 2023.

À l’été 2017, Montréal vibre au rythme de Fierté Canada Pride
Dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de Montréal, la ville accueille lors de la fierté, la première édition nationale de Fierté Canada Pride, pour ce qui a été l’un des plus importants festivals de la fierté dans la métropole depuis les Outgames Mondiaux de 2006. Fierté Montréal dans le cadre de cette édition spéciale accueille à Montréal 96 organismes de tout le pays, et plusieurs centaines de personnes participent à une Conférence sur les droits LGBTQ+, alors que la ville et la nation célèbrent leurs 375e et 150e anniversaires respectifs. Environ 2,7 millions de personnes ont pris part à l’une ou l’autre des activités de Fierté Canada cette année-là.

Le 14 juin 2017 Gai Écoute devient Interligne
L’organisme Gai Écoute, fondée en 1980, change de nom pour devenir Interligne. Ce changement de nom est motivé par un effort d’inclure les différentes réalités de la diversité sexuelle et de genre. Le directeur général d’Interligne, M. Pascal Vaillancourt, expliquait en entrevue dans Fugues que «le nom Gai Écoute pouvait sous-entendre que seulement les hommes homosexuels étaient concernés par la ligne d’écoute, ce qui risquait de décourager certain·e·s appelant·e·s d’avoir recours à leurs services». En plus du changement de nom, Interligne veille à inclure des personnes trans et non-binaires dans leur équipe permanente ainsi que chez leurs porte-paroles.

Un Me Too gai
Dans la foulée du mouvement de femmes célèbres qui dénoncent leurs agresseurs, des personnalités gaies ne sont pas épargnés. On pense à l’acteur américain, Kevin Spacey. Au Québec, l’animateur Éric Salvail se retrouve dans la tourmente en 2017, suite à la publication d’une enquête dans LaPresse. Il est accusé d’avoir eu des comportements coercitifs auprès de collaborateurs masculins de son entourage. Il sera finalement acquitté en décembre 2020. Cette année-là, c’est au tour d’André
Boisclair, l’ancien chef du Part québécois, d’être accusé, cette fois par deux jeunes hommes, dont un l’accuse d’agression sexuelle armée. Il plaide coupable en juin 2022 et est condamné à deux ans de prison. Sa demande de libération conditionnelle est refusée à la fin 2022. La Commission des libérations conditionnelles explique dans sa décision qu’il a une attitude arrogante envers les agents correctionnels et considère que «le risque de récidive que vous présentez est inacceptable actuellement, et que le cheminement doit se poursuivre dans le contexte sécuritaire de l’incarcération».

Des excuses pour la purge LGBTQ2, le 28 novembre 2017
Novembre 2017, le premier ministre Justin Trudeau présente des excuses officielles au nom du gouvernement canadien devant la Chambre des communes aux personnes ayant subi un préjudice à cause des lois, politiques et pratiques fédérales qui ont mené à l’oppression et à la discrimination envers les personnes bispirituelles, lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres au Canada. Le premier ministre présente des excuses particulièrement pour la manière injuste dont ont été traités les fonctionnaires fédéraux LGBTQ2, notamment ceux des Forces armées canadiennes et de la Gendarmerie royale du Canada. Les excuses formulées par Justin Trudeau sont assorties d’un dédommagement financier et d’un projet de loi qui permettrait aux Canadiens punis jadis pour des relations homosexuelles consensuelles d’effacer toute trace de ces condamnations de façon «simple» et sans frais. L’été suivant, la Cour fédérale approuve une entente de réglement définitive accordant jusqu’110 millions de dollars d’indemnités.

Le 1er décembre 2021, les thérapies de conversion sont interdites au Canada
Le projet de loi C-6 est déposé fin octobre 2020 à la Chambre des communes et vise à interdire les thérapies de conversion, mais en raison du déclenchement des élections fédérales, le projet de loi est abandonné. Un projet de loi, nommé C-4 reprend l’idée globale du C-6, mais en modifiant une variable importante en matière de consentement : alors que C-6 proposait d’interdire les thérapies de conversation uniquement pour les personnes n’ayant pas consenti à cette procédure, le C-4 va plus loin et l’interdit même si une forme de consentement a été donnée au préalable. Le 1er décembre 2021, le projet de loi C-4 est adopté à l’unanimité à la Chambre des communes.

4 décembre 2022, fin de la discrimination pour les dons de sang
Les mêmes critères d’admissibilité sont dorénavant appliqués à tous les donneurs de sang chez Héma-Québec. Un homme homosexuel ayant eu une relation sexuelle avec un autre homme n’aura donc plus à s’abstenir durant trois mois pour le faire. Toute personne ayant eu un seul partenaire sexuel durant les trois derniers mois pourra ainsi se qualifier, a priori, pour un don de sang, peu importe son orientation sexuelle. Ceux ayant eu deux partenaires ou plus pourront aussi se qualifier, à moins qu’ils aient eu des relations sexuelles anales avec l’une de ces personnes, peu importe leur orientation sexuelle.

Le 18 mars 2024, «Nous ne serons pas sages»
La coalition Nous ne serons pas sages, constituée de 118 organisations féministes, syndicales, étudiantes et communautaires, s’inquiète des répercussions qu’aura le comité des sages, créé en décembre 2023 par la ministre de la famille Suzanne Roy, dans un contexte où la haine envers les personnes trans et non binaires croît rapidement. Ce Comité des sages est censé orienter le gouvernement de la CAQ sur les enjeux des personnes, donnant l’impression que les droits des personnes trans et non binaires sont négociables ou non acquis. La coalition dénonce l’absence de représentativité et d’expertise du Comité des sages et exige sa dissolution.

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