Ils et elles sont six sur scène. Ils et elles se retrouvent ainsi à bouger dans une invitation à être sensibles à ce qui ne peut se dire, ni se prouver et qui pourtant peut se ressentir. Pour le chorégraphe Sylvain Émard, qui présente Les champs magnétiques à la Cinquième salle de la Place des Arts dans le cadre de Danse Danse, il y a une énergie et une communication qui nous relient toustes et dont nous pouvons avoir conscience sans qu’elles ne puissent se traduire en mots.
Sylvain Émard s’inspire des propos du physicien David Bohm, physicien mais aussi philosophe et neuropsychologue. Pour faire simple, tout serait lié, en résonance, aussi bien le visible que l’invisible, le vivant comme l’inerte et ce même dans les variations les plus infimes. Le chorégraphe tente d’en donner une illustration à travers les mouvements et les gestes des danseurs et danseuses. « Tout est lié, aucun geste n’est sans effet, chaque mouvement agit sur l’espace qui l’entoure. Et c’est comme une expérience avec six danseurs et danseuses dans un espace fermé, la scène, qui interagissent ensemble ».
Travaillant depuis deux ans sur cette nouvelle création, Sylvain Émard a multiplié avec ses danseurs et danseuses de longues phases d’exploration. « Ce sont des danseurs et des danseuses avec qui j’ai déjà travaillé, pour Chœur, et Rhapsodie, les deux précédentes créations. Nous nous connaissons et l’approche dans le travail est beaucoup plus facile, continue le chorégraphe, il et elles sont plus sensibles à ma démarche. En fait, il s’agit d’une exploration de la perception spatiale, de la sensibilisation à la présence, et à l’écoute de l’autre, sans qu’au départ il y ait de contact physique, de sentir les résonances de la présence de l’autre ».
De fait, il y a toujours une interaction avec quelqu’un que l’on croise, interaction infime, imperceptible, comme une communication, un lien qui nous relierait que l’on perçoit parfois mais qui nous échappe la plupart du temps.
La danse devient alors le lieu privilégié pour défricher ce rapport que nous pouvons entretenir à l’autre, aux autres, mystérieux, hermétiques mais dont nous avons tous déjà fait l’expérience nous laissant dubitatif. « Chaque mouvement, chaque geste agit sur l’espace qui l’entoure, a un effet, comme ces particules qui restent en communication même à distance, ajoute Sylvain Émard, et le lieu fermé dans lequel évolue les danseurs et les danseuses est comme un laboratoire mais bien sûr transfiguré par la chorégraphie qui en découle et la musique ».
Toujours selon le chorégraphe, le défi pour les danseurs et les danseuses c’est par l’écoute et d’entrer en résonance avec les autres jusqu’à trouver une synchronicité, d’être sur les mêmes longueurs d’ondes. Des solos, des duos, des pièces de groupes, la création de Sylvain Émard s’est construite à partir d’improvisations mais il n’y en aura pas au moment de la présentation sur scène. « Il y aura quelques espaces plus libres pour donner le temps aux danseurs et danseuses de se reconnecter avec les autres, mais ce ne sera pas perceptible pour le public. Le spectacle est le résultat construit de tous ces moments d’exploration que nous avons partagés au cours de nombreuses rencontres », de conclure le chorégraphe.
Et c’est peut-être une illustration parfaite de ce qu’est la danse. On sait qu’elle nous procure des émotions, qu’elle nous transporte dans un ailleurs parfois qu’ils nous aient difficile d’intellectualiser mais dont on sait par intuition qu’elles nous relient, qu’elles nous parlent, qu’elles influent sur nous sans que nous nous en doutions, à notre insu.
INFOS | Les Champs Magnétiques à la Cinquième salle de la Place des Arts, du 28 janvier au 1er février 2025, dans le cadre de Danse Danse. Une chorégraphie de Sylvain Émard. Avec Marie-Michelle Darveau, Charles Cardin-Bourbeau, Erin O’Loughlin, Sophie Breton, Christopher LaPlante. Musique : Poirier. Production : Danse Danse/Sylvain Émard Danse
