Jeudi, 12 décembre 2024
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    Avec Pomme, #Metoo prend le micro dans la musique

    En recevant son prix d’artiste féminine (deuxième Victoire de sa jeune carrière à 24 ans après l’album révélation l’an dernier), la chanteuse a souhaité au micro vendredi soir une «industrie (musicale) plus ‘safe’ (sûre) pour les femmes», en espérant que ces dernières puissent «renverser les codes¢ du milieu.

    a veille des Victoires, Pomme avait décrit son « arrivée dans l’industrie de la musique » comme « traumatisante » dans une lettre ouverte publiée par Mediapart. « De mes 15 à mes 17 ans, j’ai été manipulée, harcelée moralement et sexuellement, sans en avoir conscience à cette époque évidemment », confiait-elle.

    Voilà un nouvel écho donné au mouvement #MusicToo, apparu avec le compte du même nom au cours de l’été 2020 sur Instagram. Un outil qui a recueilli près de 300 témoignages de victimes de harcèlement ou agressions sexuelles, selon son décompte. Un matériel destiné à être médiatisé pour que « la peur change de camp », insistent ses responsables, anonymes.

    L’existence de #MusicToo a pris en septembre 2020 un autre relief avec les affaires d’agressions sexuelles – sans que la plateforme n’ait un rôle à jouer – concernant Moha La Squale (visé par une enquête ouverte après plusieurs plaintes), Roméo Elvis (qui s’est excusé sur les réseaux sociaux après des accusations d’agression sexuelle sur internet) et Chloé Briot, cantatrice qui a porté plainte.

    Humiliation et sexisme
    En revanche, #MusicToo a été moteur dans une enquête ouverte par le parquet de Strasbourg visant un des managers de la maison de disques strasbourgeoise Deaf Rock Records.

    Plus généralement, il y a un début de prise de conscience. Le label Because a ainsi fait lui-même le ménage. Un directeur est licencié pour faute grave et un autre responsable reçoit un avertissement après une enquête interne établissant une « ambiance sexualisée » marquée « par des paroles inacceptables et relevant de l’humiliation et du sexisme jusqu’au racisme et à l’homophobie », selon un communiqué des salariées sur les réseaux sociaux.

    Et des artistes en vue prennent à tour de rôle la parole. Christine and the Queens a écrit à l’automne sur son compte Instagram: « Chacune, nous avons connu une forme plus ou moins ténue de harcèlement, des remarques sexistes, comme toutes nos soeurs qui marchent dans des bureaux, qui rentrent tard la nuit, qui sont de corps de métiers radicalement différents du nôtre ».

    Les statistiques font froid dans le dos: « 31% des femmes travaillant dans le secteur musical (artistes ou professionnelles) disent avoir été victimes, au moins une fois, de harcèlement sexuel », selon une étude de 2019 de la Cura (Collectif pour la santé des artistes et des professionnels de la musique) et de la Gam (Guilde des artistes de la musique).

    Pression énorme
    D’autres plateformes voient plus loin, à l’instar de DIVA -« Informations et ressources sur le sexisme et les violences sexuelles dans l’industrie de la musique » – et Change de Disque, qui « lutte contre les problèmes structurels (rémunération, progression de carrière) et les violences sexistes et sexuelles systémiques dans la musique ». Les deux sont liées.

    «Nous avons créé une association loi 1901 pour être la passerelle entre les tonnes de collectifs qui existent et pour s’attaquer à un problème systémique», exposait à l’automne à l’AFP Emily Gonneau (Change de Disque). Elle avait dévoilé sur les réseaux il y a quelques années avoir été agressée sexuellement et dissuadée par sa direction de l’époque de porter plainte.

    Et les choses ont commencé à bouger du côté institutionnel. Le Centre national de la musique (CNM) conditionne désormais ses aides «au respect d’un protocole de lutte contre les violences sexistes et sexuelles».

    INFOS : pommemusic.fr

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