Grand moment de théâtre au TNM : Luc Provost (Mado Lamotte) s’approprie les mots de Michel Tremblay dans Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres, dans une adaptation et une mise en scène de Maxime Robin.
Créée au Théâtre du Trident à Québec en 2023, la pièce revient enfin à Montréal, là où se déroule l’histoire d’Hosanna. Le public montréalais pourra ainsi renouer avec l’un des personnages les plus emblématiques de l’univers de Tremblay. Qu’est-elle devenue, cette Hosanna, depuis la violence subie de la part de ses soi-disant amies travesties des années soixante-dix ? À l’époque, on ne parlait pas encore de drag queens, mais bien de travestis. Sur scène, Hosanna, vieillissante, se confie à un journaliste de… Fugues.
Qui d’autre que Luc Provost, mieux connu sous les traits de Mado Lamotte, pouvait incarner ce personnage ? Pour beaucoup — dont le metteur en scène Maxime Robin —, c’était une évidence. « Maxime Robin a vu un parallèle entre Hosanna et le personnage que je joue depuis longtemps, raconte Luc Provost. Même si Hosanna a raté sa vie — ce qui n’est pas mon cas —, il y a chez elle quelque chose qui m’interpelle. Moi, je n’ai jamais connu cette rivalité entre drag queens, mais je comprends son parcours. »
Le défi était de taille pour Luc Provost qui, malgré sa formation de comédien, n’a interprété qu’un seul rôle : celui de Mado Lamotte. « Mado faisait tout : le texte, la mise en scène, et laissait beaucoup de place à l’improvisation. Avec Hosanna, je ne sors pas du texte. Je ne suis pas seul sur scène, il y a plusieurs personnages. Je dois être attentif pour ne pas briser le rythme et suivre les indications du metteur en scène. » Avant d’accepter, il a pris un temps de réflexion — court, finalement. « Nous nous étions rencontrés dans un café, et en partant, je me demandais si j’en étais capable. Puis je me suis dit que oui, d’autant que j’avais toujours rêvé de jouer du Michel Tremblay. »
Luc Provost se souvient d’une rencontre avec l’auteur : « Michel m’avait dit qu’il n’était pas un grand fan des drag queens, mais qu’il aimait beaucoup ce que je faisais. Il me lisait dans Fugues et dans Ici Montréal. Il aimait ma provocation, mon côté bitch. J’étais renversé. C’est grâce à Tremblay et à ses livres que j’ai eu la liberté de créer Mado Lamotte, de dire ce que je voulais dire comme je le voulais. Il a été, sans le savoir, un mentor pour moi. »
Les astres se sont alignés : Tremblay lui a même écrit pour le féliciter d’avoir accepté le rôle. « Quand il est venu voir la première à Québec, j’avais un peu la chienne, confie Luc. Après la représentation, pendant le cocktail, il est venu me voir et m’a dit : “Tu étais super.” Je n’en revenais pas. »
Reprendre la pièce à Montréal permet aujourd’hui à Luc Provost de voir Hosanna autrement. « Je ne la perçois plus comme quelqu’un d’aigri qui a raté sa vie, mais comme un être fragile, lapidé sur la place publique, qui garde du monde de la nuit le souvenir d’une grande trahison. »
Mais qu’est-il vraiment arrivé à Hosanna pour qu’elle se retrouve seule à la fin ? Le mieux est d’aller le découvrir sur scène — et, pourquoi pas, de se replonger dans l’œuvre de Tremblay ou de revoir Il était une fois dans l’Est d’André Brassard, adapté d’un scénario de l’auteur.
INFOS | Hosanna ou la Shéhérazade des pauvres. Du 11 novembre au 6 décembre 2025 au Théâtre du Nouveau Monde. Texte de Michel Tremblay. Adaptation et mise en scène : Maxime Robin. Création du Théâtre du Trident, en coproduction avec le Théâtre du Nouveau Monde https://tnm.qc.ca

