Mardi, 3 décembre 2024
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    Faire ce film a été une vraie bataille

    Le réalisateur suédois Levan Akin a choisi la Géorgie, le pays de son origine ethnique, pour y raconter l’histoire de Merab, un jeune danseur qui va vivre une attirance forte pour le nouvel arrivant du ballet traditionnel avec lequel il s’entraîne. And then we danced  est un très beau film de «coming of age» sincère et touchant qui donne l’occasion de découvrir la difficile situation des LGBT+ en Georgie, à travers la vie d’une troupe d’artistes à l’énergie communicative. Ce troisième long-métrage de Levan Akin ouvrira le festival image+ nation, le 21 novembre prochain. Le réalisateur a répondu à quelques questions…

    Votre pays natal est la Suède, et c’est là que vous travaillez principalement. Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire ce film en Géorgie, et en géorgien ?
    J’ai vu un reportage en 2013, où 40 ou 50 jeunes gens avaient décidé de monter une Gay Pride à Tbilisi. Il y avait aussi une contre-manifestation organisée par l’église orthodoxe, probablement aidée par des connexions russes – le clip montrait des milliers de ces « protestataires ». Les gens de la parade se sont cachés dans un petit bus qui a littéralement été détruit par la foule : on aurait dit un vrai film de zombies. Je suis une âme sensible, et un vegan convaincu, qui se sent même coupable de prendre l’avion pour me rendre dans les festivals de films, à cause du kérosène, et je me sens très mal aussi quand je lis des articles sur l’extinction du rhinocéros en Afrique. Mon sentiment est que mon travail doit être plus que quelque chose qui permet tout simplement de passer un bon moment. Quand ça prend quatre ans pour faire un film, il faut qu’il veuille dire quelque chose. Je n’en sais pas encore assez sur le rhinocéros, mais je connais la Géorgie, alors j’y suis allé. 

    Le thème de la tradition de la danse géorgienne représente une dynamique intéressante pour ce film, car d’un côté, c’est une emblème de la masculinité typique de l’Europe de l’Est et de l’autre côté, c’est une danse résolument peu masculine avec, possiblement, des connotations queer.
    C’est un paradoxe parfait, ce qui est incroyablement intéressant, qui a rendu l’histoire très facile à assembler. Nous avons là un jeune héros, un danseur très doué, qui commence à explorer ses sentiments, sa sexualité et enfin l’amour… pour un autre gars. Tout s’est naturellement agencé ensemble. 

    Comment les autorités géorgiennes ont-elles réagi au fait que la danse ait une position aussi centrale dans le film ? Ont-ils soutenu votre choix de présenter cette culture sur le grand écran au niveau international ?
    Eh bien, tristement, non. Officiellement, le gouvernement géorgien est complètement « pro-Occident », avec tout le soutien de l’Union européenne que cela comporte, mais ils ne nous ont pas aidés un seul instant. En effet, nous avons tourné le film en mode guérilla. Des rumeurs sur certains des thèmes, que nous allions aborder, ont filtré en dehors de notre cercle et nous avons reçu des menaces. À ce moment là nous avons décidé d’embaucher des gardes du corps. S’ils avaient vraiment su ce que nous tournions, nous aurions été chassés du pays, j’en suis convaincu! Mais nous sommes parvenus à faire le film, et cela a été très gratifiant. J’ai rencontré des gens merveilleux en chemin.  

    Le film est-il ou va-t-il sortir en Géorgie ?
    Il n’a pas encore pris l’affiche en Goergie et nous ne savons pas encore s’il le sera. Mais le film a attiré beaucoup d’attention jusqu’ici de par sa présence dans les festivals. C’est quelque chose comme le cinquième film de Georgie à jamais avoir été projeté à Cannes, donc ils ne savent pas quoi faire, vraiment. Ils se retrouvent avec une sacrée patate chaude dans les mains. Je suis sûr que la Russie va voir le film comme un exemple de «propagande de l’homosexualité et de l’union européenne». C’est vraiment intéressant, et politique comme tout. On m’appelle même Satan sur certains réseaux sociaux géorgiens, donc ça veut dire que je ne me suis pas complètement trompé (rires)! 

    AND THEN WE DANCED sera présenté, le 21 novembre 2019 au Cinéma Impérial, dans le cadre de la soirée d’ouverture du Festival Image+nation.

    And Then We Danced   Levan Akin  Georgia  Suède  France   /  jeu, 11/21/2019 – 20:00  Imperial

    La 32E édition de IMAGE+NATION, festival cinéma lesbien, gay, bi et trans de Montréal, du 21 novembre au 1er décembre 2019. INFOS www.image-nation.org

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