Jeudi, 12 décembre 2024
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    La Turquie quitte officiellement un traité protégeant les femmes

    La Turquie a officiellement quitté jeudi un traité international visant à renforcer la lutte contre les violences faites aux femmes, une décision du président Recep Tayyip Erdogan vivement critiquée par des associations qui ont appelé à manifester.

    Des manifestations étaient organisées dans plusieurs villes de Turquie jeudi pour protester contre le retrait de la Convention d’Istanbul annoncé en mars par Recep Tayyip Erdogan et devenu effectif à minuit.

    La Convention d’Istanbul, qui date de 2011 et a été signée par 45 pays et l’Union européenne, est le premier traité international à fixer des normes juridiquement contraignantes pour prévenir la violence sexiste. La décision prise par Erdogan de retirer son pays de ce traité, alors que les féminicides n’ont cessé d’augmenter depuis une décennie en Turquie, a suscité la colère des organisations de défense des droits des femmes et des critiques de l’UE, de Washington et du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.

    Le gouvernement turc a expliqué sa décision en soutenant que la Convention d’Istanbul «sape les valeurs familiales» et «normalise l’homosexualité», en raison de son appel à ne pas discriminer selon l’orientation sexuelle.

    Contrairement à de nombreux pays peuplés majoritairement de musulmans, l’homosexualité n’est pas illégale en Turquie, mais l’homophobie y est largement répandue.

    Les observateurs estiment que la décision d’Erdogan s’explique avant tout par sa volonté de rallier sa base électorale conservatrice dans un contexte de difficultés économiques. Mardi, la justice turque a rejeté un recours visant à annuler le retrait d’Ankara de la Convention d’Istanbul.

    «Ce retrait envoie un message dangereux à ceux qui commettent des violences, mutilent et tuent: il leur dit qu’ils peuvent continuer de le faire en toute impunité», a dénoncé jeudi la dirigeante de l’ONG Amnesty International, Agnès Callamard. « En matière de droits des femmes, la Turquie est revenue dix ans en arrière », a-t-elle ajouté dans un communiqué.

    De fait, les associations de défense des droits des femmes redoutent une augmentation des violences, alors que la situation est déjà critique. En 2020, 300 femmes ont été assassinées en Turquie par leur conjoint ou ex-conjoint, selon le groupe de défense des droits des femmes «Nous mettrons fin aux féminicides». Et il n’y a aucun signe de ralentissement de cette tendance, avec 189 femmes tuées jusqu’à présent cette année, d’après la même source.

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