Moins de deux mois après sa nomination saluée par une large majorité, Marine Rosset a annoncé la semaine dernière sa démission de la présidence des Scouts et Guides de France (SGDF), invoquant des pressions « devenues intenables » et des attaques visant « explicitement son orientation sexuelle ».
Dans un entretien accordé au journal La Croix, Marine Rosset, ancienne élue socialiste du Ve arrondissement de Paris, âgée de 39 ans, explique son retrait par la nécessité de « protéger le mouvement, sa famille, et elle-même, face à une violence quotidienne ». « On a remis en cause ma foi au seul motif que je suis homosexuelle. C’est profondément blessant », confie-t-elle.
Première femme ouvertement lesbienne à diriger le principal mouvement de scoutisme français, qui rassemble plus de 100 000 adhérents, Marine Rosset incarne une volonté de modernisation du SGDF. Mais son élection, mi-juin, a immédiatement cristallisé les tensions. Plusieurs sites d’extrême droite l’ont prise pour cible, relayant des attaques virulentes contre son soutien à l’IVG, ses engagements politiques passés, et sa parentalité en dehors du modèle hétérosexuel traditionnel.
« Certains ont instrumentalisé mes positions pour discréditer le mouvement. Ce n’est pas moi qu’ils visaient, mais une idée de ce que doivent être les Scouts de France : figés, conservateurs, silencieux sur les discriminations. Je ne pouvais pas laisser faire », affirme-t-elle.
Le contexte politique a accéléré sa décision. Une élection législative partielle a été convoquée dans sa circonscription, rendant chacune de ses prises de parole sujette à interprétation. « Le mouvement risquait d’être réduit à ma personne. Or il est plus vaste, plus riche, plus précieux que cela. »
Face à la multiplication des messages haineux, Rosset a déposé plainte début juillet pour harcèlement et propos homophobes. Les Scouts et Guides de France, dans un communiqué diffusé dans la foulée de l’annonce, ont exprimé leur « soutien plein et entier » à leur désormais ex-présidente, condamnant « fermement les propos violents, discriminants ou déshumanisants qui ont pu être exprimés ces dernières semaines ».
La situation de Marine Rosset rappelle la fragilité persistante des avancées pour les personnes LGBTQ+, même dans des structures qui se veulent inclusives. « Ce n’est pas un pas en arrière, assure-t-elle, c’est un signal d’alarme. On ne construira pas un monde plus juste tant que certaines voix seront jugées illégitimes à parler de foi, d’engagement ou d’éducation, parce qu’elles sont queer. »

