Contrairement à certains discours alarmistes, les femmes de la génération Z ne cherchent pas à effacer l’étiquette lesbienne. Elles sont simplement plus nombreuses à se reconnaître dans des identités sexuelles plus fluides — notamment la bisexualité, la pansexualité — et la non-binarité tout en continuant d’utiliser et de revendiquer le mot lesbienne.
C’est ce que révèle une étude récente publiée dans la revue Demographic Research, basée sur les données de 913 253 utilisatrices et personnes non binaires de l’application de rencontres Zoe, destinée aux femmes queer et aux personnes non binaires. Parmi elles, 71,1 % s’identifient comme femmes.
Globalement, près de la moitié des utilisatrices se disent lesbiennes (48,3 %), suivies de celles qui s’identifient comme bisexuelles (39,8 %), pansexuelles (6,6 %), queer (3,4 %), gaies (1,2 %) ou asexuelles (0,7 %).
Chez les femmes de la génération Z — nées entre 1997 et 2006 — la tendance se nuance : 45 % des 20–29 ans utilisent l’étiquette bisexuelle, contre 42,2 % qui se disent lesbiennes. Autrement dit, la bisexualité devance légèrement l’identité lesbienne, sans la faire disparaître.
Une sexualité vécue comme un spectre
L’étude souligne également que l’identification comme queer tend à diminuer avec l’âge, alors que les générations plus âgées privilégient davantage les termes gai ou lesbienne. Une différence générationnelle qui témoigne moins d’un rejet des identités historiques que d’une évolution dans le langage et les façons de se dire.
« Les jeunes générations nous montrent que la sexualité n’est pas une catégorie fixe, mais un spectre », explique Francesco Rampazzo, auteur principal de l’étude et professeur en statistiques sociales à l’Université de Manchester.
« De plus en plus de jeunes, partout dans le monde, se sentent à l’aise de décrire leur identité de manière fluide et plurielle. »
Une tendance qui dépasse la génération Z
Ces constats s’inscrivent dans un mouvement plus large. Un sondage mené par Gallup en 2024 révélait que 9,3 % des adultes américains s’identifient comme LGBTQ+, et que plus de la moitié d’entre eux (56 %) se disent bisexuels. Les identités gaie (21 %), lesbienne (15 %), trans (14 %) et autres complètent le portrait — les répondant·e·s pouvant cocher plus d’une option.
Un autre sondage, réalisé en 2023 par Business Insider et YouGov, montre d’ailleurs que la génération Z est plus susceptible d’adopter l’étiquette bisexuelle que les générations précédentes :
13 % chez la Gen Z, contre 7 % chez les millénariaux, 4 % chez la génération X et 1 % chez les baby-boomers.
Pour plusieurs jeunes, la bisexualité apparaît comme une façon de s’éloigner de termes perçus comme rigides ou binaires, sans pour autant renier les luttes et les identités qui ont pavé la voie.
Un regard mondial sur les identités queer
L’étude se distingue aussi par son envergure : elle analyse des données provenant de plus de 122 pays, sur tous les continents, à l’exception de l’Antarctique. Les pays où les relations homosexuelles sont criminalisées ont été exclus afin de protéger la sécurité des utilisatrices.
« La technologie ne transforme pas seulement la manière dont les gens se rencontrent », conclut Rampazzo.
« Elle transforme aussi la façon dont nous nous comprenons — et dont nous nommons qui nous sommes. »

