Vendredi, 4 octobre 2024
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    Festival de films VIH ATLAS DOCS 2022 MONTRÉAL

    Comme vous le savez sans aucun doute, la 24e Conférence internationale sur le sida — mieux connue par les professionnels de la santé et de la prévention comme le IAS AIDS 2022 — se tiendra à Montréal du 28 juillet au 2 août. Durant les six jours de cette conférence aura lieu parallèlement l’ATLAS DOCS 2022, un festival de films documentaires sur le VIH, qui nous permettra de découvrir les réalités de personnes de diverses origines vivant avec le VIH.


    C’est la fondation néerlandaise Les Enfants Terribles qui présentera à Montréal ATLAS 2022, ce festival qui se donne comme mission de donner un visage et la parole à des personnes vivant avec le VIH dans une quinzaine de pays sur cinq continents.

    Le festival ATLAS 2022 s’ouvrira le jeudi 28 juillet en après-midi, au Cinéma du Musée, rue Sherbrooke. Y seront projetés, Looking for Curtis, un court métrage de 22 minutes plusieurs fois primé dans des festivals, et l’excellent documentaire, I Will Speak, I Will Speak, qui nous présente des femmes et des hommes vivant avec le VIH en Zambie, au Cambodge, en Afrique du Sud, en Russie, en Allemagne et aux États-Unis, racontant leurs histoires très personnelles de vie avec le virus.

    Après la projection, il sera possible de rencontrer les créateurs et de discuter avec eux des films autour d’un verre. L’entrée est gratuite, tout comme pour toutes les projections de ce festival d’ailleurs.

    Par la suite, du 29 juillet au 2 août, de 14 h à 22 h 30, c’est au Cinéma du Parc que seront présentés les documentaires qui ont été regroupés par continent ou par région spécifique. Le vendredi 29 juillet sera consacré aux réalités d’Afrique ; le samedi 30, les projecteurs seront mis sur les Amériques ; détour en Russie, le dimanche 31 juillet ; en Asie du Sud-Est, le lundi 1er août, et le mardi 2 août, ce sera le tour de l’Europe.

    Ce festival est le tout dernier projet de la fondation Les Enfants Terribles (en hommage et par amour pour l’œuvre de Cocteau), créée en 1988 par un couple d’hommes gais, le directeur artistique et écrivain Erwin Kokkelkoren et Gert Oele, producteur, qui vivent tous les deux avec le VIH depuis 1991. Les deux hommes sont créatifs et se complètent. Bert est le visionnaire, pour qui il n’y a aucune limite. Erwin est plus pragmatique, c’est un acteur qui trouve important que chaque projet atteigne la ligne d’arrivée, soit réalisé.

    FILM : LOOKING FOR CURTIS

    Bert et Erwin se sont rencontrés à Amsterdam, en 1982, quelques mois après qu’un premier patient ait été diagnostiqué aux Pays-Bas avec ce qu’on appelait alors un « cancer gay ». « Je travaillais dans le milieu du théâtre tout en ayant un emploi à temps partiel au café Shako, situé sur l’Amstel pour payer les fins de mois », explique Erwin Kokkelkoren, rencontré à Montréal dans le Village, fin mai. « C’est dans ce café que j’ai rencontré Bert, qui avait eu auparavant une carrière dans les soins de santé psychiatriques. Je me souviens très bien du jour où ce magnifique Adonis blond est entré dans le café. »

    Le déclic a été là tout de suite, le sexe aussi. Il faut dire qu’Amsterdam bourdonnait. Il en fut de même pour l’amour entre Erwin et Bert. Disons qu’ils se sont bien amusés avec tous les beaux hommes qui se sont présentés à eux à Amsterdam. Mais rapidement le virus frappe de plein fouet la scène gaie et le milieu du théâtre. Les gars sont tombés malades, gravement malades. Erwin et Bert ont dû faire face à la nouvelle réalité de voir leurs amis et collègues infectés et mourir, alors qu’ils étaient encore souvent très jeunes. Sans surprise, durant la seconde moitié des années 1980, les deux hommes commencent à avoir des problèmes de santé et sont tous les deux diagnostiqués séropositifs en 1991. On s’en souviendra, les prévisions d’espérance de vie à l’époque étaient très sombres, ce qui fait que leur médecin leur dit alors : « Il est temps de faire des choses amusantes, ne tergiversez plus. » Les deux hommes décident l’année suivante (en 1992) de produire au théâtre KNAST une comédie sur le sida, en se disant : « Ce sera notre dernier projet avant de mourir… »

    « Nous avons immédiatement prévenu la famille et les amis, planifié nos funérailles, parce qu’il valait mieux qu’elles soient arrangées. Et nous avons travaillé ensemble, souvent dans l’urgence, [nous avons] créé des productions ensemble au sein des Enfants Terribles, beaucoup voyagé, beaucoup baisé et reporté sans cesse les funérailles. Nous étions régulièrement malades, mais nous vivions. »

    Par la suite, et jusqu’en 2005, ils ont écrit, interprété et produit une douzaine d’autres spectacles qui ont été joués aux Pays-Bas et dans un certain nombre d’autres pays européens et à New York. Puis, après une pause de cinq ans au cours de laquelle ils écrivent et produisent des comédies et des drames pour la télé néerlandaise, les deux hommes décident de se lancer dans un projet plus ambitieux sur le VIH/sida.

    « C’est en 2010 que nous avons commencé le projet The Time There-After, qui trace le portrait de 30 hommes, femmes et […] jeunes qui ont, chacun d’entre eux, reçu un diagnostic de VIH entre 1982 et 2011. Ces 30 histoires combinées montraient, à travers la diversité des perspectives et des expériences, ce que cela signifie, au fil des ans, que de vivre avec le VIH. Il y a eu un livre, une grande exposition et un documentaire télé qui a été projeté dans cinq pays. »

    « En 2015, nous avons lancé Atlas 2018, pour lequel nous avons voyagé dans 15 pays sur 5 continents pour filmer dans leur environnement de nombreuses personnes vivant avec le VIH (PVVIH) : des adolescents, des camionneurs, des travailleurs du sexe, des homosexuels, des transgenres, des toxicomanes, des enfants, des survivants à long terme et autres », pour brosser un portrait mondial du VIH/sida. Toutes les histoires ont été présentées lors d’une grande exposition à Amsterdam où se tenait la Conférence internationale sur le sida en 2018.

    L’Idée était de faire la même chose pour 2020, dans le cadre de la Conférence internationale qui allait se tenir à San Francisco, mais avec l’épidémie de COVID il a fallu se limiter à une version virtuelle. « On a quand même produit un événement qui combinait des œuvres plus récentes et d’autres, plus anciennes, ainsi qu’une émission quotidienne, qui ont été diffusés en continu 24 h/24 h pendant 5 jours.

    « Nos documentaires s’inscrivent vraiment dans un projet communautaire. Ce n’est pas le projet d’une ou de deux personnes », insiste Erwin. « Et chaque film, rencontre, entrevue est le résultat de beaucoup de travail acharné avec une équipe incroyable… Nous avons fait de nombreuses expéditions aux quatre coins du monde, visitant la communauté du VIH dans leurs propres maisons, dans leurs villes… Nous avons eu des discussions à la table de la cuisine… L’idée est de se rapprocher pour avoir une perspective personnelle, mais en même temps large… qui peut rejoindre le plus grand nombre. Je trouve cela crucial, car nous sommes tous bien plus qu’un simple virus. »

    Lorsque je lui demande ce qu’il espère que le festival de films documentaires ATLAS 2022 accomplira, Erwin déclare : « J’espère que notre travail répandra le respect. Le VIH est un virus, il n’y a aucune raison de nous haïr ou de nous discriminer, comme nous l’avons vu trop de fois. Les médecins et les scientifiques travaillent sur un remède ; de notre côté, nous voulons ajouter aux informations disponibles un peu à l’humanisation de notre communauté, car nous ne nous limitons pas à un virus et que nos expériences de vie sont riches et multiples… »

    INFOS | ATLAS 2022, Festival de films documentaires sur le VIH de Montréal, du 28 juillet au 2 août. Cinéma du Parc et Cinéma du Musée (pour l’ouverture).

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