Que faire si votre fils a des comportements ou tient des discours qui témoignent d’une intolérance vis-à-vis de la diversité des genres ou, tout aussi pire, s’il embrasse des clichés éculés au regard des rôles associés au sexe ? C’est face à cet épineux problème que fut confrontée Eve Martin Jalbert, qui a choisi l’arme qui lui semblait la plus appropriée : sa plume !
Étant non binaire, on aurait pu s’attendre à ce que son fils soit naturellement éveillé à une réalité constituée de toute une nuance de gris, plus particulièrement au regard de la transidentité, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Un constat qui confirme sans doute la puissance de l’environnement culturel dans la formation de notre pensée et de nos croyances.
Eve Martin Jalbert choisit donc d’écrire une longue lettre à son ado et, par la bande, à un lectorat plus étendu, afin de brosser un portrait qui va bien au-delà de la vision binaire dans laquelle on se complaît bien souvent à contenir l’humanité. Que la biologie, par exemple, n’est pas une formule mathématique absolue, qu’elle peut parfois compter des défaillances et qu’un individu peut ressentir une discordance entre ce qu’il est fondamentalement et le corps qu’il occupe.
Bref, qu’il faut apprendre à être authentique envers soi-même, mais également accueillir l’autodétermination des autres. L’auteur.e s’abreuve à de nombreuses sources, de tous horizons, qui enrichissent son discours : Caroline Hays, Judith Butler, Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Sara Ahmed, Didier Éribon, Arnaud Alessandrin, Audre Lorde, Simone Weil, etc.
Petit bémol : on peut regretter que l’ouvrage ne comporte aucune division par chapitre ou par thème, ce qui aurait permis de s’y référer plus aisément. Bien évidemment, cette remarque va à l’encontre de la forme épistolaire utilisée, mais avec près de 200 pages, une telle structure aurait sans doute facilité une relecture ultérieure.
INFOS | Promesse d’un monde encore incertain : lettre à mon fils à propos de transphobie et de nos devenirs / Eve Martin Jalbert. Montréal : Éditions de la rue Dorion, 2024, 194 p.