Une œuvre graphique où, à travers un personnage tourmenté, le bédéiste Quentin Zuttion interroge la liberté d’aimer dans un monde corseté par le poids des normes sociales. Après une rupture amoureuse, Simon se retrouve seul dans une ville où il ne se reconnait plus, au gré des rencontres d’un soir et de silhouettes bleutées qui semblent le poursuivre et l’observer.
Des figures fantomatiques qui incarnent le fardeau de ses souvenirs et le poids des attentes sociales qui pèsent toujours sur lui. Ces réminiscences ressurgissent par bribes et dévoilent ses cicatrices ainsi que ses histoires d’amour passées : la fausse petite copine pour contenter ses parents, les blagues de pédé qui l’ont touché dès son plus jeune âge ou encore, les insultes lancées dans les vestiaires par des sportifs qu’il déteste et désire à la fois. Se révèle ainsi un fil conducteur qui relie ses choix actuels à son passé, nourrissant autant sa solitude que son envie de s’en libérer et de se reconstruire.
La BD se distingue par un trait épuré et fluide où le choix des couleurs traduit l’état émotionnel des personnages : les teintes chaudes suggèrent la proximité et la tendresse, alors que les nuances de bleu froid traduisent l’isolement, la dérive et la pression des conventions sociales. Une plongée envoûtante et poétique au cœur de la construction des désirs et de l’identitaire.
Sage / Quentin Zuttion. Paris : Le Lombard, 2025. 184 p.

