Mardi, 23 septembre 2025
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    Trois femmes transgenres exécutées par balles au Pakistan

    Trois femmes transgenres ont été retrouvées mortes, « criblées de balles », dans la nuit du dimanche 21 septembre au lundi 22, dans la périphérie de Karachi, au sud du Pakistan. La police de la mégapole a indiqué que leurs corps gisaient sur une route du quartier de Memon Goth. Aucun document d’identité n’a été retrouvé, mais les victimes ont rapidement été reconnues comme appartenant à la communauté transgenre locale.

    « Les corps portaient des blessures par balles à la poitrine et à la tête », a précisé un responsable de la police de Karachi, ajoutant que des douilles de calibre 9 mm avaient été récupérées sur les lieux. Une enquête a été ouverte, sans piste claire sur le mobile.

    Une communauté ciblée de longue date

    L’affaire s’ajoute à une série de violences visant les personnes transgenres, connues sous le nom de khwaja sira ou hijras au Pakistan. Selon les associations locales, les agressions vont du harcèlement quotidien aux meurtres, dans un climat d’impunité. Dans la province voisine de Khyber Pakhtunkhwa, plus de 260 cas de violences ont été recensés entre 2019 et 2023, mais une seule condamnation, selon le quotidien Dawn.

    Le ministre en chef du Sindh, Syed Murad Ali Shah, a réagi en appelant à des « arrestations rapides » et rappelé que les personnes transgenres représentent « l’un des groupes les plus vulnérables » de la société pakistanaise. Amnesty International dénonce « une recrudescence alarmante des violences » contre cette minorité.

    Des droits reconnus mais fragiles

    En 2018, Islamabad avait adopté une loi garantissant aux personnes transgenres le droit de déterminer leur identité et interdisant leur discrimination dans l’éducation, la santé ou l’emploi notamment. Mais en 2023, la Cour fédérale de la charia a invalidé plusieurs dispositions, considérées comme contraires à l’islam.

    Le Pakistan compterait entre 500 000 et un million de personnes transgenres, bien davantage que les chiffres officiels issus du recensement, largement sous-estimés. Beaucoup vivent en marge, privées d’accès au travail formel, et contraintes à la mendicité, à la danse traditionnelle lors de cérémonies ou au travail du sexe, dans un contexte de stigmatisation sociale.

    Silence et peur

    « Ce triple meurtre illustre la situation de peur dans laquelle nous vivons », témoigne une militante trans de Karachi, citée par un média local. « Même quand nous portons plainte, la police nous décourage, et les auteurs échappent à la justice. »

    Le contraste est saisissant entre la reconnaissance légale accordée en 2018 et la réalité quotidienne marquée par les humiliations, l’exclusion et la violence. Une réalité qui rappelle, selon un militant, que « la question n’est pas seulement de droit, mais de survie ».

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