À 18 ans, Detox a été arrêtée pour conduite avec facultés affaiblies, ce qui l’a plus tard empêchée d’entrer au Canada pour vivre les festivités montréalaises de la Fierté. À l’époque, les autorités l’avaient renvoyée aux États-Unis. Près de 22 ans plus tard, les choses ont bien changé, puisque la drag queen réputée mondialement est l’une des grandes têtes d’affiche de la Soirée 100 % drag, qui aura lieu le 7 août à l’Esplanade du Parc olympique dans le cadre de Fierté Montréal.
Quelle est ta relation avec Montréal ?
DETOX : J’adore la ville ! Je suis venue à la Pride à quelques reprises et c’est la deuxième
fois que j’y performe. Deux ans avant la pandémie, j’avais eu une expérience spectaculaire ! Je suis donc très excitée de revenir. Lorsque je visite la ville, j’essaie toujours d’y passer quelques jours pour explorer. La communauté queer est exceptionnelle et les bars à pénis sont tellement l’fun ! J’invite toujours mon équipe à faire le tour des bars, et on s’amuse beaucoup.
Que présenteras-tu cette année ?
DETOX : Ce sera excitant, et espérons-le pas trop sexuel… Je m’étais mise dans le trouble la dernière fois, parce que j’avais été trop vilaine. Je comprends que c’est un événement destiné à tous les âges. Et dans le climat politique actuel, j’essaie de présenter mon meilleur comportement, ce qui est très difficile pour moi ! (rires) Je vais faire un numéro sur une de mes propres chansons et une vieille chanson house des années 1990.
Tu fais le tour du monde depuis des années. En quoi la foule montréalaise se démarque-t-elle ?
DETOX : C’est une foule très sexy, avec plein de personnes passionnées ! On sent que tout le monde est là pour passer un bon moment. Les gens sont respectueux et prennent soin les uns des autres. Pour moi, la Pride, c’est l’aspect communautaire avant tout. Bien sûr, on veut avoir du plaisir, et plusieurs personnes voyagent de partout pour découvrir la Pride, mais il ne faut jamais oublier l’importance de rassembler nos communautés et de célébrer nos différences, nos similitudes et notre queerness.
Tu vas partager la scène avec plusieurs reines locales et internationales comme Kennedy Davenport, Lemon, Morphine et Soa de Muse. Es-tu proche de certaines d’entre elles ?
DETOX : Je suis très proche de plusieurs d’entre elles, en particulier de Kennedy. On a fait le tour du monde ensemble avec Work the World, et on était amies bien avant Drag Race, parce que nous étions dans l’industrie depuis des années déjà. Kennedy était une grande pageant queen. Je suis obsédée par elle. J’adore aussi Lemon, et je suis excitée de voir toutes les filles !
Comment fais-tu pour rester passionnée après 25 ans de carrière ?
DETOX : Je suis un cheval de course ! J’adore travailler. Cela dit, je viens de fêter mon 40e anniversaire, j’ai commencé ma transition de genre et j’emménage dans ma maison, alors je cherche des façons de ne pas être tout le temps partie. Je veux une vie en dehors des tournées. Par contre, quand je suis chez moi, je ne sais pas quoi faire de ma peau. J’aime être sur la route. Étrangement, même si je ne suis pas apparue à la télévision depuis des années, je suis de plus en plus occupée. Je suis chanceuse et reconnaissante de toutes ces opportunités. J’adore ce que je fais depuis que j’ai 15 ans ! Avoir une telle longévité est un privilège, et je ne le tiens pas pour acquis.
Tu as aussi créé de la musique et animé à la télévision. Qu’est-ce qui te fait vibrer le plus ?
DETOX : Être devant une foule ! Entendre les applaudissements, performer devant les gens et les rencontrer après coup. Est-ce épuisant et drainant émotionnellement ? Absolument ! Je suis une personne empathique et ouverte, alors je ressens énormément les choses. J’écoute souvent les gens me parler de leurs problèmes. C’est parfois épuisant, mais j’aime ça.
Le monde t’a connue durant la 5e saison de RuPaul’s Drag Race, et l’émission est rendue
à sa 17e !
DETOX : Je suis épuisée ! Je ne regarde presque plus l’émission ces temps-ci. Je suis dépassée par le nombre de franchises, de saisons et de drags à suivre. Je pense aussi que l’émission a perdu son étincelle. Je ne suis plus autant divertie par le show qu’avant. Cela dit, c’est formidable de voir à quel point c’est devenu immense. Au départ, on pensait que ça durerait quelques saisons ici et là, en restant sur un réseau queer sans soutien. Mais de voir le phénomène mondial que c’est devenu, ça me fascine. Je suis heureuse d’en avoir fait partie.
Comment as-tu évolué depuis le tournage de ta saison il y a 13 ans ?
DETOX : Je suis définitivement une meilleure artiste. J’ai développé mon éthique de travail. J’ai compris à quel point je suis déterminée et que je dois avoir confiance en moi. Surtout après avoir traversé les années de pandémie, qui ont été très difficiles pour les artistes qui font de la tournée, sans tomber en dépression et sans que ma carrière se termine. Je pense que ça illustre mon éthique de travail et à quel point je travaille avec respect.
Participerais-tu à une autre saison All Stars ?
DETOX : J’ai répondu non pendant des années, après avoir été très découragée par ce qui s’était produit dans All Stars 2. Même si Alaska a kické des culs, il y avait trop de choses suspectes de la part de la production aux yeux de plusieurs d’entre nous. S’ils veulent jouer avec mon temps, je n’ai pas besoin de refaire ça. Je n’ai pas ce désir. Mais en voyant le retour de Roxxxy, Alyssa et Ginger — de bonnes amies que je connais depuis des années —, ma perspective change un peu.
Les conditions de travail ont changé aussi.
DETOX : Oui. On est mieux payées qu’avant. C’est moins difficile d’un point de vue fiscal. Quand je suis allée sur All Stars 2, j’ai vidé mes économies pour créer mon ensemble de costumes, et on a tourné pendant deux mois sans pouvoir faire beaucoup d’argent. Peut-être que je le referais aujourd’hui, mais je doute que la production souhaite mon retour. Je ne pense pas qu’ils m’aiment beaucoup. J’ai été très vocale avec mes opinions. Ils aiment les artistes qui ne disent pas un mot et qui jouent le jeu. Je n’ai jamais été ce genre de fille, et je ne le serai jamais.
Quels sont tes autres projets ?
DETOX : Avec ma ligne de suppléments, qui sera disponible au Canada à la fin de 2025 ou au début de 2026, on va lancer une pilule d’après-party : tu prends ça quand tu arrêtes de boire après une nuit folle, si tu veux être prêt·e pour bruncher. Je m’associe également avec Freddie, une compagnie canadienne qui distribue de la PrEP et d’autres éléments de santé sexuelle destinés à la communauté queer. Je vais aller partout au Canada avec eux cette année. C’est fou quand on y pense, sachant qu’après une arrestation pour conduite avec facultés affaiblies à 18 ans, c’était toujours si difficile de rentrer au Canada. Un jour, quand je me rendais à la Pride de Montréal, on m’a retournée aux États-Unis. De toute évidence, les choses vont mieux aujourd’hui ! Je vais venir quatre ou cinq fois d’ici à la fin de l’année.
INFOS | Detox sera du spectacle 100 % Drag, présenté le jeudi 7 août 2025, sur la grande scène de l’Esplanade du Parc olympique, de 19 h à 23 h.
https://fiertemontreal.com
Elle sera également à la soirée La Louche XXL, au Club Soda, plus tard le même soir.
Pour suivre Detox : https://linktr.ee/TheOnlyDetox