Mercredi, 15 octobre 2025
• • •
    Publicité

    Soa de Muse, la drag afro-futuriste débarque à Montréal

    Au cours des derniers mois, Soa de Muse a joué dans deux pièces de Virginie Despentes. Depuis le 10 juillet, on peut la voir dans Drag Race France All Stars. Elle foulera la scène de Fierté Montréal le 7 août prochain durant la Soirée 100% drag aux côtés de plusieurs étoiles locales et internationales comme Detox, Kennedy Davenport, Lemon, Morphine Love Dion, Gisèle Lullaby, Sasha Baga, Jimmy Moore, Fabien L’Amour, Clay Torris, Rainbow et Marla Deer.

    Que vas-tu présenter le 7 août?
    Soa : Quelque chose qui me ressemble beaucoup. Ce sera exclusif à Montréal assurément. Je l’ai fait trois fois en France hexagonale. Ça va représenter mes origines et ma vision afro-futuriste. Il y aura une musique connue du grand public et la deuxième est surtout populaire sur mon île, la Martinique.

    Combien de fois es-tu venue au Québec et dans quelles circonstances?
    Soa : Je suis venue trois fois pour performer. La première fois avec Bertha, on avait performé au Mado; la deuxième aussi. Et la troisième fois pour la Pride de Montréal. J’ai ressenti un tel choc émotionnel que j’ai décalé mon billet deux fois. Pas que le Québec est l’eldorado, mais il y a une forme de déconstruction qui est intéressante. Je me suis même demandé si je devais habiter à Montréal, mais le froid m’a vite convaincue du contraire.

    Que retiens-tu des gens d’ici?
    Soa : Il y avait toutes sortes de personnes. Une forme d’ouverture. Une certaine joie. J’ai rencontré des gens extraordinaires. Je me suis sentie très accueillie.

    Comment décris-tu Soa de Muse?
    Soa : C’est une créature un peu mythologique et un personnage de cabaret. Elle utilise plein de choses de la scène et de ce qu’elle voit dans le monde pour exprimer un message, en essayant de faire partir les gens en vacances d’eux-mêmes. La seule différence entre moi et Soa, c’est les costumes, qui me
    mettent dans une corporalité différente. J’ai une esthétique qui touche le cabaret et l’afro-futurisme : j’essaie d’imaginer quelque chose qui n’existe pas, qui ne se base pas sur une histoire que les communautés noires ont pu vivre ou je m’en sers pour faire quelque chose de plus fort. Je veux aussi faire rayonner mon corps, ma peau et ma chair.

    Tu es née en Île-de-France. À 15 ans, tu as déménagé en Martinique. Cinq ans plus tard, tu es retournée vivre en France pour étudier. De quelle façon ce bagage influence-t-il ton art?
    Soa : Ça me permet de voir des possibles. Quand tu viens d’Île-de-France et que tu suis des cours d’histoire-géographie, on ne va pas forcément te parler de l’histoire de la Martinique, à l’exception du commerce triangulaire et des épices. On ne va pas te parler de notre richesse ou des grandes personnalités qui ont fait notre renommée, comme Aimé Césaire et Christiane Taubira. J’ai envie moi aussi de faire partie de l’histoire. Je suis la première drag queen martiniquaise qui se sert de plusieurs formes d’art. On sent ce bagage aussi dans mon choix de chansons. J’essaie de mettre en lumière en majorité des artistes noir.es.

    Tu as été finaliste de la première saison de Drag Race France. Quel a été l’impact de
    l’émission?

    Soa : Les gens attendaient ça, surtout nos communautés queers. Bien sûr que ça a fait réagir certaines personnes qui ne comprennent pas notre art, comme si on critiquait la musique ou le théâtre sans comprendre l’histoire de l’art. Le drag, c’est politique. C’est un art où chaque artiste apporte ses propres ingrédients. Bref, je ne regarde plus les haters. Si ça gêne, ça veut dire que ça fonctionne bien.

    Quelle était l’ampleur de la tournée qui a suivi?
    Soa : C’était fou! On devait avoir une quinzaine de dates devant environ mille personnes chaque fois et on a plus que doublé. Ça a duré grave longtemps. On a présenté le spectacle devant plus de 30 000 personnes. C’était blindé tout le temps.

    Quelles ont été les opportunités qui t’ont été offertes ensuite?
    Soa : Ça m’a apporté des contacts et des possibles. J’ai participé à Drag Race Global All Stars. J’ai eu un rôle dans la pièce Woke où je joue le personnage imaginaire de Virginie Despentes, une drag queen rock and roll. Je joue également dans Romancero Queer : un personnage qui s’adresse au public et qui ressemble beaucoup à Soa.

    On peut te voir dans Drag Race France All Stars depuis peu. Qu’est-ce ça t’a fait de retourner devant les juges français?
    Soa : Ça a justifié le fait que je suis métamorphe dans mon art. Je me suis rendue compte que je ne dois pas m’arrêter à un seul chemin pour m’exprimer. Denali a dit récemment que Drag Race est une émission de télé formatée avec des archétypes, alors que le monde drag est historique, divers et infini. On essaie de le « représenter » dans une émission, mais c’est trop peu. Je n’ai pas changé mon caractère pour la saison All Stars, mais je suis plus mature, moins frivole et je sais où je veux aller. Donc, quand les jurys me demandent des choses, peut-être que je les écoute et peut-être pas.

    INFOS | SOA DE MUSE sera de la soirée 100% Drag (animée par Rita Baga et Barbada), aux côtés de plusieurs étoiles locales et internationales de la drag, le 7 août, de 19h15 à 23h, sur la scène principale de l’Esplanade du Parc Olympique.
    https://fiertemontreal.com

    Du même auteur

    SUR LE MÊME SUJET

    LAISSER UN COMMENTAIRE

    S'il vous plaît entrez votre commentaire!
    S'il vous plaît entrez votre nom ici

    Publicité

    Actualités

    Les plus consultés cette semaine

    Publicité