Bernard Lachance, qui était très actif au sein des cercles complotistes et affirmait que le sida et la COVID-19 étaient des inventions de «Big Pharma», est bel et bien mort de complications liées au VIH, conclut le rapport du coroner Pierre Bélisle.
Dans les semaines qui ont précédé sa mort, en mai 2021, M. Lachance avait affirmé dans plusieurs médias alternatifs que s’il en venait à mourir, c’est qu’il aurait été assassiné par « Big Pharma », qui cherchait à le « faire taire ». Ses thèses conspirationnistes et négationnistes au sujet de la maladie avaient été largement relayées par des têtes d’affiche du mouvement d’opposition aux mesures sanitaires.
Or, le coroner Pierre Bélisle, qui a analysé le rapport d’autopsie du Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale du Québec, conclut qu’« aucune trace de lutte ou de violence n’est observée » sur son corps : « Bernard Lachance est décédé d’une septicémie bactérienne en lien à une infection au VIH. Il s’agit d’un décès naturel », affirme-t-il.
Bernard Lachance s’est lui-même mis à risque en raison de ses croyances : « Il s’en remettait à des produits naturels et aux conseils de gens qui partageaient ses convictions ».
Rappelons qu’il avait cessé son traitement de trithérapie depuis plusieurs années, affirmant que c’étaient les médicaments en tant que tels qui rendaient malades les personnes atteintes du VIH.
Il avait adhéré aux théories conspirationnistes et s’exprimait sur le sujet à l’occasion de conférences et sur les réseaux sociaux. Il était tellement convaincu de sa position qu’il s’était brouillé avec plusieurs amis qui ne partageaient pas son point de vue.
Le rapport souligne que des policiers de la SQ de la MRC de D’Autray ont interrogé plusieurs témoins qui ont gravité autour de M. Lachance dans les jours qui ont précédé sa mort. La Sûreté du Québec affirme cependant qu’il ne s’agit pas d’une enquête en tant que telle, mais plutôt de vérifications d’usage lorsqu’un décès est constaté.
Une des sœurs de M. Lachance, Marie-Claude, dit souhaiter que l’enquête du coroner mène à des accusations criminelles « contre les complotistes qui l’ont mené à ne plus se nourrir et à faire une purge de produits naturels », même si elle reste convaincue que cela ne se produira pas.
Le rapport du coroner dit clairement qu’il est mort du sida, mais ça aurait peut-être été moins rapide s’il n’avait pas fait sa purge de produits naturels. Je ne souhaite pas que ces gens soient emprisonnés, mais au moins qu’ils cessent de faire ce qu’ils font.
Même si certains peuvent déplorer que M. Lachance se soit éloigné de la médecine traditionnelle et être convaincus que celle-ci aurait pu prolonger sa vie, il demeure que ce choix lui appartenait. Les articles 10 et 11 du Code civil sont clairs : personne ne peut être soumis sans son consentement à des soins, quelle qu’en soit la nature », écrit-il.
Rappelons que Bernard Lachance s’était fait connaître du public en 2009 lorsqu’il avait été interviewé par l’animatrice américaine Oprah Winfrey à la suite d’une série de concerts qu’il avait réussi à autoproduire, en vendant des billets dans la rue.