Venise a la faculté de provoquer l’étonnement. Aucune image ne rend adéquatement l’ambiance de ses ruelles tortueuses, de ses minuscules places, de ses canaux et de ses églises. Avec raison, on dit souvent d’elle qu’elle est la ville romantique par excellence. Venise, c’est du charme presque à tous les coins de rue, un étrange mélange entre le déjà-vu (les nombreux films qui y ont été tourné, les photos célèbres n’y sont pas pour rien) et l’étonnement de la découverte, entre la carte postale et un grand plongeon dans le Moyen âge.
Venise, la Sérénissime (un surnom donné à la ville de Venise, entre le 8e et le 18e siècle, alors que la ville était une République, et qui est maintenant synonyme de Venise), est une ville tournée vers la mer. Qui, de tout temps, a su préserver son indépendance.
De ce glorieux passé, elle a gardé des palais et de vieilles demeures qui, aujourd’hui, sont autant de musées et d’hôtels (une minorité de Vénitiens demeurent à Venise même, préférant le Mestre plus abordable) qui témoignent de sa puissance passée. D’une part, le quartier historique, composé d’une centaine d’iles, compte moins de 40 000 habitants, mais il voit débarquer chaque année plus de 20 millions de touristes. Le touriste qui visite Venise pour la première fois aura l’impression de visiter une ville Musée.
Si vous prenez un vol direct de Montréal, vous arriverez, comme nous, à Venise un matin avant midi. Le temps de passer les douanes, vous prendrez un bateau qui mène vers l’agglomération d’îles et, à travers les canaux, à votre hôtel ou AirB&B.
À chacun de nos derniers voyages, nous avons résidé dans différents quartiers de la ville, question de mieux connaître les spécificités et l’ambiance de chacun : dans Dorsoduro, le plus artistique des quartiers de Venise vous obtiendrez le calme (loin des foules) bien qu’il s’agit du quartier étudiant; dans le Castello, le plus grand quartier de Venise, qui englobe la zone la plus touristique du Palais des Doges jusqu’à la zone la plus modeste de l’Arsenal (c’est dans cette section que vous trouverez le plus de Vénitiens), vous trouverez le plus vaste de choix d’hébergements, du plus luxueux au plus abordable (pour la ville); puis dans San Marco qui est incontestablement le cœur de Venise où on est clairement au coeur de tout. Même s’il s’agit de l’une des plus petites zones de Venise, elle comporte la plupart des lieux les plus célèbres de la ville (on y a loué en 2024, un agréable appartement au rez-de-chaussée près du Grand Canal, sur une petite rue; et en 2022 une chambre dans un superbe hôtel boutique qui venait d’ouvrir).
Les rues et les canaux du Dorsoduro, bien que larges, ont conservé un côté intimiste et romantique. Ce quartier universitaire est devenu au cours des vingt dernière années l’un des quartier les plus chic de la ville. On y mange très bien (mieux que dans San Marcos), et on y trouve pas mal de cafés animés. C’est aussi là qu’on trouve, entre autres, la Galleria Dell’Acadamia. Ce musée installé dans un ancien couvent, renferme une collection exceptionnelle de peintures des plus grands artistes vénitiens (de Véronèse, du Titien ou du Tintoret) et des expositions temporaires d’artistes contemporains incontournables
Pas très loin de là, vous pourrez visiter la Collection Peggy Guggenheim. Fille d’un milliardaire américain mort dans le naufrage du Titanic, Peggy Guggenheim a amassé l’une des plus belles collections d’art moderne d’Europe. On y trouve des œuvres de Picasso, de Braque, de Duchamp, de Mondrian, de Chagall, de Pollock, de Calder et de bien d’autres. En 1949, elle rachète le Palazzo Venier dei Leoni, un palais inachevé de Venise, pour y vivre entourée de cette impressionnante collection de peintures et de sculptures. À sa mort, le lieu est devenu un important musée à échelle humaine.
On trouve aussi dans ce quartier, le seul club de la ville où l’on peut danser Le Piccolo Mondo, une disco minuscule qui rassemble les soirs de week-ends une clientèle plutôt jeune, composée d’étudiants italiens et étrangers, d’artistes bohèmes et de touristes de passage.
San Marcos
Situé en plein centre de Venise, le quartier de San Marco (Saint-Marc) est sans doute le plus célèbre de la Sérénissime. C’est l’endroit où se concentre la plus grande partie du patrimoine historique et culturel de la ville. San Marco regorge également de monuments somptueux, toutes les places sont animées et il est impossible de ne pas y faire un ou deux tours lorsqu’on est de passage à Venise. Bref, ce beau quartier a tout pour plaire et vous ne risquerez pas de vous y ennuyer.
Si vous ne devez visiter qu’un seul monument à Venise, je vous recommande le Palais des Doges. Situé sur la place Saint-Marc, l’édifice est un véritable chef-d’œuvre architectural de style gothique. Pendant plusieurs siècles, il a été le centre du pouvoir vénitien. Aujourd’hui, le Palais est le premier monument le plus visité de la ville, devenant ainsi l’image de la richesse et de la grandeur de la République de Venise.
À mon avis, le Palais des Doges est la plus belle œuvre architecturale de Venise. Les meilleurs architectes, les meilleurs sculpteurs, et les plus grands maîtres se sont succédés pour concevoir et embellir au fil des ans, ce joyau du quartier San Marco mariant l’art gothique et l’art byzantin. On accède à l’étage principal en empruntant l’escalier d’or, magnifiquement décoré de feuilles d’or et de peintures de Vénus et de Mercure. On y trouve la salle du scrutin, la salle du collège, la salle du conseil des Dix, la salle du Sénat, l’armurerie et la Salle du Grand Conseil, qui fait plus de 50 mètres de long sur plus de 20 mètres de large. Cette salle est magnifiquement décorée avec un plafond somptueux et des murs exposant les portraits des 70 et quelques premiers Doges de Venise.
On traverse le pont des Soupirs et on visite les cellules de la Prison, tout en découvrant tout au long de la visite la richesse des peintures, des sculptures et des fresques qui ornent les murs et les plafonds du palais. Depuis la cour intérieure nous admirons l’Escalier des Géants, lieu d’investiture des Doges et qui doit son nom aux incroyables statues de Mercure, dieu du commerce et de Neptune, dieu de la mer, qui ont chacun de bien belles fesses.
Entre la visite de l’incroyable Palais des Doges et un après-midi à la Biennale de Venise, prenez le temps de découvrir les rues au-delà des circuits les plus touristiques.
Nous aimons toujours errer une heure ou deux en empruntant des ponts sans regarder la carte et partir à l’aventure. De toute façon, la ville n’est pas si grande que ça et nous pouvons toujours revenir au GPS de nos téléphones intelligents.
En 2018, Ali avait sélectionné un endroit pour luncher sur le bord d’un canal, sans savoir que nous étions attablés sur la terrasse de l’un des restaurants les plus renommés de Venise, sur les bord du canal Rio de San Lorenzo et du Ponte du même nom (San Lorenzo). Un menu spécialisé dans le poisson, mais les spécialités régionales et locales ne manquaient pas. Comme toute l’Italie, Venise est réputée pour sa cuisine. Parmi les plats typiques de la ville, on cite les Sarde In saor qui sont des sardines marinées aux oignons, le Fritto misto, les seiches farcies ou encore les bigoli in salsa. Une chose est sure, on mange fort bien à Venise à condition d’éviter les pizzeria… (pour ça, il y a Naples et Rome).
Personnellement, je m’arrange pour faire coïncider mes séjours en Italie avec une arrivée ou un départ de Venise, entre avril et octobre, pour assister à la Biennale. Depuis plus de 130 ans, la Biennale de Venise rythme le monde de l’art et a su s’imposer comme un carrefour incontournable du marché, en attirant plus de 800’000 visiteurs, pour y découvrir les artistes les plus novateurs de la scène contemporaine. Lors de notre dernière visite, en 2024, elle abritait les œuvres de plus de 330 participants venant de 87 pays. À l’occasion de cette 60è édition, le commissaire de la Biennale Adriano Pedrosa avait choisi de traiter la thématique de l’étrangéité. Il confiait lors de l’inauguration: «J’ai souhaité traiter ce thème sous quatre angles différents: celui de l’immigrant, celui de l’exilé, en me penchant aussi sur le mot queer, qui fait référence à la fois à l’étranger et à l’étrange, mais aussi celui de l’artiste outsider, opérant en dehors des circuits traditionnels modernes et contemporains et celui de l’artiste autochtone, celui-ci étant souvent traité comme un étranger dans son propre pays».
Dans les espaces immenses de l’Arsenal, dans les pavillons du Giardini et dans une trentaine de Palazzo, les espaces d’exposition sont généreux et divisés en sections spécialisées géographiquement ou par thématiques. Certaines œuvres que j’y ai vu sont spectaculaires, d’autres ludiques. Plusieurs sont minimalistes mais stupéfiantes.
Musées privés
Inaugurés en 2006 et 2009, Palazzo Grassi et Punta della Dogana sont les deux musées d’art contemporain de la Collection Pinault à Venise. En proposant de façon continue des expositions temporaires, aussi bien monographiques que collectives, François Pinault, un des plus importants collectionneurs d’art au monde, partage avec le public une extraordinaire collection, qui compte aujourd’hui plus de douze mille œuvres rassemblées depuis plus de cinquante ans. Après avoir vu sur Netflix, il y a quelques années, le documentaire Treasures from the Wreck of the Unbelievable, sur l’incroyable exposition de Damien Hirst présentée au Palazzo Grassi en 2017 (à visionner si vous ne l’avez pas encore fait), je suis toujours curieux de visiter ce musée dont les œuvres exposées changent au moins deux fois par année. Notez que l’escalier d’honneur du Palais Grassi est d’une beauté incroyable, ainsi que les plafonds. Le lieu a été rénové avec un soucis maniaque des détails par l’architecte japonais Tadao Ando.
À deux pas de là, un arrêt s’impose dans les jardins du Palais Franchetti qui exposent chaque été une installation ou des sculptures d’un artiste engagé dans une cause.
Passez vite sur le très touristique et décevant Pont Rialto, et préférez-lui le Fontego dei Tedeschi (en vénitien) ou Fondaco dei Tedeschi. À l’origine une halle marchande pour les négociants allemands, le lieu est devenu un centre névralgique pour le commerce des épices, de la soie et autres produits d’Orient. En 2010, l’édifice est acheté pour en faire un grand magasin de luxe où l’on trouve les marques les plus prestigieuses. Nous n’allons pas là d’habitude pour magasiner — si ce n’est des yeux— mais pour la terrasse située au 4e étage, qui offre une vue panoramique (et gratuite) de la ville à 360°. Incontournable.
La meilleure période pour visiter la ville?
Considérée comme une haute saison, la période de la fin de juin à la mi septembre est la plus onéreuse de l’année. Il fait beau la plupart du temps et parfois la température monte à près de 30 degrés, mais les soirées sont très agréables. La période la moins chère pour partir reste l’hiver (qui est humide, sachez-le). Certes le climat est froid, mais le prix des vols, des hébergements et autres sont très abordables. Au printemps (mai – juin) et après la saison estivale (de la mi-septembre à la mi novembre), le climat est plus agréable et les prix redeviennent corrects après la fin de la Mostra, le festival international de films.
Se déplacer dans la ville
À moins d’être pressé, évitez les bâteau-taxis très chers. Le service de vaporetto (des bateaubus) est très efficace et il est possible de prendre un abonnement pour un nombre illimité de trajets pour une durée de 24, 48 ou 72 heures. Visitez le site de ACTV, la STM locale. Buon voyaje.
