L’auteur de cette lettre, Ido Moshe, a 23 ans, vit à Jérusalem, et étudie en animation. Le 7 octobre, lui et son compagnon, Daniel, se trouvaient au Festival Nova à Re’im et ont survécu au massacre perpétré par l’organisation terroriste Hamas.
Il était important pour moi de venir au Québec durant la dernière semaine pour partager mon histoire en tant que personne juive, gay et survivante du massacre du Festival Nova, le 7 octobre 2023. En tant que personne gay, cela m’attriste de voir à quel point de trop nombreuses voix juives queers sont invisibilisées à la Fierté cette année.
Au moment où l’antisémitisme explose tout autour de la planète, j’ai voulu partager mon histoire afin que «plus jamais ça» redevienne la norme. Alors que l’accueil que j’ai reçu était fabuleux de la part des nombreux représentants politiques et communautaires avec qui j’ai pu échanger, j’ai été attristé de voir comment plusieurs groupuscules s’attellent à pirater la Fierté pour amplifier l’antisémitisme trop présent à Montréal.
Alors que, contrairement à d’autres, j’ai eu la chance de survivre à ce carnage, j’ai décidé de ne pas rester silencieux. En tant que personne gay, j’ai aussi un devoir qui est celui de rejeter l’exclusion. C’est pour cela que je suis attristé de voir l’antisémitisme aussi fort dans la communauté LGBTQ+ à Montréal alors que la Fierté bat son plein en ville et que la parade de dimanche est à risque d’être piratée par des extrémistes.
Voir des gens nous tourner le dos et sortir les pires propos antisémites sous couvert d’antisionisme est blessant. Voir un mouvement se réclamant des «Queer for Palestine» fomenter la haine contre Israël et le peuple juif sans comprendre les réalités des personnes LGBTQ+ dans les territoires palestiniens est une insulte. Voir des groupuscules expliquer que nous, les voix juives queers, ne sommes que des outils au service d’un présupposé «pinkwashing» israélien est aussi homophobe que les pires insultes que notre communauté a pu subir.
Toutes ces voix demandant l’exclusion des voix juives queers de la Fierté ne travaillent pas pour l’inclusion et la diversité. Elles travaillent pour l’exclusion et la haine. Prêts à trahir leurs valeurs pour exister dans un océan de groupes violents en manque d’attention, ces groupes desservent les idéaux derrière la célébration de la Fierté. Ils gangrènent la défense de nos identités et de nos droits.
Alors que le Hamas tuerait n’importe quel membre de la communauté LGBTQ+, il est temps que la lucidité reprenne la place qui lui revient de droit au cœur de nos combats: au sommet!
Ido Moshe, Survivant du massacre du Hamas au Festival Nova le 7 octobre 2023