Malgré des avancées historiques pour les droits des personnes LGBTIQ+, la Suisse reste marquée par une hostilité tenace.
Ces dernières années, les signalements d’actes de haine ont explosé, particulièrement à l’encontre des personnes transgenres, selon les données de la LGBTIQ-Helpline et plusieurs témoignages recueillis par le quotidien 24 Heures.
En 2020, la Suisse adoptait une norme pénale interdisant la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, puis ouvrait en 2022 le mariage aux couples de même sexe. Deux étapes majeures, qui plaçaient enfin le pays dans le sillage de ses voisins européens. Mais sur le terrain, les agressions et les insultes demeurent fréquentes, voire banalisées.
« Je me fais insulter au moins deux ou trois fois par semaine », témoigne Anna, une jeune femme trans de Lausanne. Elle décrit des moqueries quotidiennes dans la rue, des prises de photos à son insu, parfois des violences physiques. Les attaques proviennent souvent de groupes d’hommes jeunes. D’autres victimes, comme Marc ou Julien, racontent l’homophobie du quotidien : remarques déplacées au travail, insultes dans les transports, refus d’accès à certains lieux.
Pour Aymeric Dallinge, formateur et spécialiste des discriminations en Suisse, le pays vit une forme de « tolérance de principe ». « Les Suisses votent massivement pour l’égalité, mais restent mal à l’aise face à sa visibilité concrète », explique-t-il. Une attitude paradoxale nourrie par un climat mondial de polarisation et la radicalisation d’une minorité hostile aux symboles LGBTIQ+, comme les drapeaux ou bancs peints aux couleurs arc-en-ciel.
Les personnes trans apparaissent comme les premières cibles : près de la moitié des signalements concernent l’identité de genre. Or, la loi suisse ne protège toujours que l’orientation sexuelle. Ce vide juridique est aujourd’hui dénoncé par les associations, qui appellent à élargir la législation et à renforcer la prévention.
Autre enjeu : la méfiance persistante envers la police. Beaucoup de victimes hésitent à porter plainte, redoutant d’être minimisées ou moquées. Une distance héritée d’une histoire de répression, rappelle Dallinge, même si des formations de sensibilisation commencent à se déployer dans plusieurs cantons.
Au-delà du droit, les associations suisses plaident pour des politiques publiques plus ambitieuses : éducation, dialogue avec les communautés religieuses, accompagnement psychologique et social des victimes. Car malgré les progrès légaux, la violence reste une réalité ordinaire pour beaucoup.
Un paradoxe que résume Anna : « On parle de plus en plus d’égalité, mais dehors, on continue de nous faire payer le simple fait d’exister. »
SOURCE : STOP HOMOPHOBIE

