Il existe des villes qui se dévoilent lentement, presque avec pudeur, et d’autres qui se livrent en une multitude de couches dès les premières heures, des villes qui se visitent et d’autres qui se vivent comme une traversée sensorielle. Tokyo appartient à la catégorie des expériences. C’est un patchwork urbain où les traditions se faufilent entre les lignes épurées de l’architecture contemporaine, où les ruelles tranquilles côtoient des corridors de néons, et où l’on passe d’une atmosphère à l’autre en quelques minutes.
Ce texte est une version augmentée de celle publiée dans l’édition imprimée de Fugues
(Décembre 2025/Janvier 2026)
Élégance, lumière et premières impressions
Tokyo est immense et contient à peu près la population du Canada dans une agglomération près de trois fois la surface de la région métropolitaine de Montréal. Pour comprendre la ville, ses contrastes et ses nuances, il ne suffit pas d’aligner les quartiers sur un plan : il faut s’y déposer, quartier par quartier et les découvrir un après l’autre, question de ne pas perdre trop de temps dans les transports (qui sont néanmoins très efficaces). Comme nous le faisons de plus en plus fréquemment Ali et moi, nous avons opté de séjourner dans des hôtels situés dans des quartiers différents (Ginza et Roppongi) afin de faciliter nos déplacements quotidiens et de vivre la ville différemment.


Dès notre arrivée, les bruits, les couleurs, la dimension démesurée de certains édifices et même la chorégraphie silencieuse des passants — sur la rue, dans les transports en commun — donnent l’impression de pénétrer un monde qui se renouvelle en permanence. Cette sensation, je l’ai ressentie dès le premier soir, en déposant nos valises à l’hôtel Agora Tokyo dans le quartier de Ginza, à deux pas du majestueux Kabuki-za Theatre, dont l’architecture traditionnelle contraste de manière saisissante avec les tours environnantes.

Ce quartier réussit à être à la fois élégant, lumineux et étonnamment apaisant pour un secteur aussi central. En sortant, on tombe directement sur un Tokyo qui soigne sa présentation comme un défilé permanent : vitrines de magasins composées avec une précision presque scénographique, restaurants spécialisés où l’on pourrait passer des heures à détailler et commenter chaque bouchée.






Le matin, les rues encore calmes dévoilent une architecture impeccable, un mélange fascinant de façades modernes aux lignes minimalistes ou aux motifs répétitifs et d’édifices qui gardent la mémoire du commerce traditionnel. Au fil de la journée, le quartier prend lentement vie (plusieurs boutiques n’ouvrent d’ailleurs qu’à 11h ou midi…), comme si on montait graduellement le volume.
Les cafés au design millimétré se remplissent de gens d’affaires, de touristes et de Tokyoïtes stylés; les boutiques haut de gamme ouvrent leurs espaces au design recherché, les galeries d’art attirent les curieux en quête de contemplation silencieuse.

En soirée, les façades de verre s’illuminent et les grands magasins comme Mitsukoshi, Wako ou Ginza Six (un centre commercial qui mérite à lui seul le détour — sur son toit, on retrouve un jardin flottant offre une vue étonnante sur les façades étincelantes des grands magasins.) deviennent eux-mêmes des objets de contemplation. Chaque étage des malls et des grands magasins raconte une histoire de design, de gastronomie ou d’artisanat, comme si la ville tenait à rappeler à quel point elle valorise tout ce qui est beau, détaillé, soigné.


Ce n’est pas le quartier le plus animé et le plus vibrant de la ville, mais il donne le ton et est centralement situé (pas trop loin de la Tokyo Station, là où l’on prend les Shinkansen, ces trains ultra rapides). Autour de Tokyo Station on retrouve un mélange unique de tradition et de modernité. La façade en brique rouge restaurée avec soin évoque l’époque Meiji, tandis que l’intérieur ressemble à un monde souterrain où boutiques de wagashi, restaurants élégants et échoppes de bento se succèdent. On y trouve la Ramen Street, un couloir consacré aux meilleurs bols de nouilles de la capitale. En surface, on a qu’à se traverser l’esplanade vers le Marunouchi Building et le Kitte , ancien bureau de poste transformé en un mélange de centre culturel et de centre d’achats. Depuis le toit du Kitte, la vue sur les quais illuminés est un spectacle a d’observer en soirée. À quelques pas, les vastes et superbe jardins du Palais Impérial permettent de nous ressourcer.
De là, nous sommes parti à la découverte de Ueno. un véritable carrefour culturel. En sortant de la gare, nous avons traversé le vaste Ueno Park, où musées, étangs et temples créent une mosaïque urbaine unique. Nous y avons visité plusieurs musées, dont le Musée national de Tokyo (qui est, avec ses collections impressionnantes de trésors anciens, le plus grand musée du Japon) et le Musée d’art Moderne de Tokyo. la prochaine fois on ira sans doute visiter le National Museum of Nature and Science, où un dinosaure grandeur nature accueille les visiteurs.
Au centre du parc, le Shinobazu Pond reflète les nuages au-dessus d’un temple posé sur une petite île, tandis que des pédalos en forme de cygnes glissent paisiblement sur l’eau. En quittant le parc, nous sommes descendu vers les ruelles d’Ameya-Yokochō ancien marché noir d’après-guerre devenu un labyrinthe de commerces populaires. J’y goûte volontiers des brochettes grillées dans les izakaya sous les rails, où l’ambiance est toujours chaleureuse et légèrement chaotique.
Un choc d’énergie
Le passage à Shinjuku (un arrondissement très commercial dont la population dépasse tout de même celle de Laval) frappe comme un courant électrique. En visitant cet épicentre effervescent, on accepte d’être happé. La station de Shinjuku — la plus fréquentée au monde, avec plus de trois millions de passagers par jour — sert de sas vers un Tokyo très moderne. Les tours administratives s’élèvent comme des monolithes futuristes. Depuis les observatoires du Tokyo Metropolitan Government Building, on aperçoit une mer urbaine presque infinie ; par temps clair, le mont Fuji veille à l’horizon, paisible mais imposant malgré sa distance. Le secteur de Kabukichō, où l’enseigne du Toho Building — surmontée d’un Godzilla qui semble rugir au-dessus des passants — est connu pour sa vie nocturne réservée aux adultes.
Les ruelles alentours dévoilent un quartier qui mélange bars à cocktails futuristes, salles d’arcade et petits restaurants où l’on peut, pour quelques centaines de yens, déguster un bol fumant de ramen chez Ichiran Shinjuku Central East. En soirée, on se perd un peu dans Golden Gai, cet entrelacs de ruelles historiques où chaque minuscule bar raconte une époque. Certains affichent encore des intérieurs des années 60, tandis que d’autres, comme Bar Albatross, allient chandeliers, musique jazz et une ambiance presque cinématographique.


C’est aussi l’entrée de Ni-chōme. Véritable cœur battant de la scène LGBTQ+ tokyoïte, ce secteur de Shinjuku est l’un des quartiers queer les plus denses au monde, avec plus de 200 établissements s’adressant aux communautés LGBTQ+. On y trouve une mosaïque de lieux où chaque porte ouverte semble révéler un nouveau micro-univers : bars minuscules (parfois au 2e, 3e, 4e voire au 5e étage), clubs bondés, soirées drag.

Parmi les valeurs sûres à découvrir si vous ne parlez pas japonais : Dragon Men est un incontournable, parfait pour commencer la soirée grâce à son ambiance internationale et facile d’approche. Pour une atmosphère plus intime, Kinsmen se distingue avec son décor et ses habitués curieux de rencontrer des étrangers. Côté fêtes plus éclatées, Campy! Bar pulse d’énergie drag, de couleurs vives et d’humour flamboyant. Enfin, Eagle Tokyo, bar à l’esprit bear mais inclusif, offre une ambiance lounge. Ensemble, ces adresses dessinent une scène queer accueillante, diverse et vibrante, où les visiteurs étrangers se sentent naturellement à leur place et où chaque soirée apporte son lot de rencontres inattendues.


À quelques stations de métro, on découvre un autre arrondissement générateur d’énergie. Shibuya, c’est le choc entre jeunesse vibrante, pop culture et architecture contemporaine. Le simple fait de traverser le Shibuya Crossing donne la sensation de faire partie d’un mouvement collectif. Malgré la foule immense de gens qui traversent, on dirait un ballet parfaitement orchestré où personne ne se heurte ni même se touche.
À quelques mètres, l’ascension vers le sommet du Shibuya Sky donne une vue renversante : d’un côté la densité infinie du centre-ville, de l’autre la verdure de Yoyogi qui se découpe comme une respiration. Si vous voulez accéder à l’observatoire pour admirer la ville illuminée de milliers de néons, je vous recommande de vous y prendre à l’avance : deux semaines avant mon départ pour le Japon, il ne restait plus de billets en soirée…
Pas loin de là, le Miyashita Park est un étonnant complexe surélevé où se trouvent un skatepark, des cafés et des galeries branchées. Un peu plus loin, Shibuya Parco offre un mélange unique de boutiques conceptuelles, d’art contemporain et un étage complet dédié à la culture anime et au gaming. En soirée, les cafés se transforment en bars élégants, comme le CÉ LA VI Tokyo, d’où l’on admire Shibuya scintiller sous les néons.

En se dirigeant vers Harajuku l’atmosphère et l’architecture change à nouveau. Harajuku — une section de Shibuya où l’on trouve une sélection incroyable de boutiques phares de marques de streetwear qui y testent des collections capsules — représente mieux que n’importe quel autre quartier l’identité multiple de Tokyo. À quelques pas de la gare, j’entre dans la forêt urbaine menant au Meiji Jingū, l’un des sanctuaires les plus importants de la ville. Le calme sacré du lieu contraste violemment avec l’exubérance qui m’attend à la sortie, sur Takeshita-dōri. Ici, les boutiques de mode colorée, les glaces extravagantes et les cafés thématiques se succèdent dans un tourbillon joyeux.
Parlant mode, sachez que ce quartier — et celui d’à côté, Omotesando, plus luxueux — est un terrain de chasse exceptionnel pour le streetwear audacieux et le minimalisme épuré. Depuis une quinzaine d’années déjà, la mode masculine japonaise s’y décline en trois courants majeurs : le streetwear avant-gardiste (silhouettes asymétriques, coupes surdimensionnées) ; le minimalisme haut de gamme (matières nobles, palette neutre) ; et le vintage revisité (denim selvedge, workwear, pièces rétro de grande qualité). Parmi les marques, notons BEAMS, Neighborhood, Undercover, Bape, N.Hoolyw0od, Mastermind Japan, Comme des Garçons, Auralee, Sacai, Issey Miyake Men, Kolor… Les boutiques de ces marques — minimalistes, maximalistes ou tout simplement spectaculaires — composent un écosystème unique.





L’âme traditionnelle
En parallèle aux grandes artères et à leur rythme trépidant, Tokyo abrite des oasis spirituelles. Et l’étape suivante du voyage nous transporte dans un Tokyo ancien, presque intemporel : Asakusa. C’est ici que bat le cœur de l’époque Edo, dans l’ombre de la gigantesque lanterne rouge du temple Sensō-ji, construit en 628. Ce temple est considéré comme le plus ancien de la ville. Très populaire auprès des habitants locaux, il attire également des foules de visiteurs venus de tout le Japon et d’ailleurs. L’allée Nakamise-dōri, avec ses petites échoppes d’artisans, sent l’encens, le sucre grillé et les pâtisseries chaudes. On y achète des kimonos, des bijoux et de l’artisanat, mais aussi un melon-pan tout juste sorti du four où une autre douceur locale. Le minuscule sanctuaire Ginza Hachiman-jinja, niché entre deux immeubles, rappelle que l’esprit de Tokyo réside aussi dans les contrastes. Dans Harajuku, le sanctuaire Meiji-jingū, enveloppé dans une forêt centenaire, offre un contraste saisissant avec le reste du quartier. En franchissant son torii géant (un portail qu’on retrouve à l’entrée des sanctuaires), on quitte littéralement le rythme de la ville pour entrer dans un espace spirituel, simple et pur. Le Nezu-jinja (arrondissement de Bunkyo) profond et mystérieux, déploie ses tunnels de torii rouge dans un silence délicat. Le Gotoku-ji (quartier de Setagaya) célèbre pour ses maneki-neko (statues de chats) alignés par milliers, invite à la sérénité. Le Zōjō-ji, voisin de Tokyo Tower dans l’arrondissement de Minato), juxtapose son architecture ancestrale au rouge éclatant de la tour moderne.


À propos de cette dernière… La tour de Tokyo est bien plus qu’une simple tour de transmission : c’est un symbole national et un repère émotionnel pour les Tokyoïtes. Inspirée de la tour Eiffel mais légèrement plus haute (333 mètres), elle incarne à la fois le Japon de l’après-guerre en plein essor et la volonté d’ouverture vers le monde occidental. Dès le crépuscule et jusqu’à minuit, elle s’illumine et devient un phare urbain visible à des kilomètres à la ronde. Ses lumières changent selon la saison, l’événement ou même la météo.
Des quartiers parfois très spécialisés
Si Harajuku et Omotesando sont pour les amateurs de mode un véritable paradis des sous-cultures et de la création, et qu’Akihabara est le royaume absolu de l’électronique, de l’anime et de la culture otaku, Kappabashi est celui des ustensiles de cuisine et des restaurateurs…
En effet, situé entre Asakusa et Ueno, Kappabashi est une longue artère entièrement dédiée à l’univers de la restauration. Les boutiques y vendent tout ce qui peut se retrouver dans un restaurant japonais : couteaux artisanaux, casseroles, vaisselle en céramique, lanternes décoratives, tabliers, enseignes, faux plats en plastique, théières, fours industriels… Les chefs japonais et étrangers viennent souvent ici pour acheter leur premier couteau de Kamata Hakensha ou de Tsubaya, mais les voyageurs se régalent aussi en découvrant les magasins de food samples, ces reproductions alimentaires si réalistes qu’elles semblent comestibles. C’est un quartier qui sent l’histoire de la cuisine et le savoir-faire artisanal, où chaque boutique a un propriétaire qui pourrait parler une heure entière de sa spécialité — qu’il s’agisse du bon angle pour aiguiser un couteau ou de la composition idéale d’un bol de ramen en plastique. Nous y avons découvert de superbes boutiques de poteries et de vaisselles japonaises, mais aussi des boutiques spécialisées en thés ou en algues séchées de presque toutes les régions côtières du Japon.
Un quartier en pleine transformation

C’est à Roppongi que nous avons posé nos valises pour la deuxième partie du séjour, au Candeo Roppongi Hotel, connu pour son sky spa offrant une vue spectaculaire sur la ville. Y dormir a donné une autre profondeur au voyage.





Jadis bruyant et nocturne, Roppongi s’est réinventé en destination branchée, mais surtout culturelle, transformée principalement par le développement de plusieurs complexes gigantesques qui sont de véritables écosystèmes (condos et habitations haut de gamme, galeries contemporaines, restaurants gastronomiques, boutiques élégantes, cinémas, places publiques, musées, théâtres et temples) : Roppongi Hills, dominé par la Mori Tower (et le Mori Art Museum, incontournable pour qui s’intéresse à l’art international); Tokyo Midtown, un peu plus loin, déploie une esthétique soignée autour de la gastronomie fine, du design et de l’architecture. On y trouve, entre autres, le musée 21_21 Design Sight, signé Tadao Ando, et le Suntory Museum, consacré à la culture japonaise (on y a pris le thé, lors d’une cérémonie traditionnelle sur tatami).


Et récemment, Azabudai Hills est venu redessiner le coin avec un projet un peu fou : jardins suspendus, résidences haut de gamme, cafés modernes, ambassades, un marché public sous-terrain, des écoles internationales et, évidemment, des espaces culturels… dont un lieu permanent pour TeamLab Borderless, qui offre une expérience immersive défiant toute logique visuelle.


TeamLab est un collectif artistique japonais qui se distingue par la création de lieux (intérieurs et extérieurs) où les installations interactives où les œuvres évoluent en fonction de la présence des visiteurs. À Tokyo, le collectif opère deux musées et un restaurant (le MoonFlower Sagaya Ginza, Art by teamLab). Pour notre part, nous avons expérimenté le TeamLab Planet qui propose un voyage sensoriel et immersif à travers des installations lumineuses, des projections numériques, des zones aquatiques et d’autres expériences interactives. À la fois ludique et inoubliable.
Tokyo, capitale gastronomique du monde

Tokyo n’est pas seulement une métropole moderne et tentaculaire : c’est l’une des villes les plus riches au monde sur le plan culinaire. La capitale japonaise détient depuis des années le record du plus grand nombre de restaurants étoilés Michelin, dépassant même Paris. Pourtant, la grandeur gastronomique de Tokyo ne réside pas uniquement dans ses tables prestigieuses : elle se manifeste aussi dans ses minuscules comptoirs de ramen ouverts la nuit, dans ses cafés spécialisés d’un seul produit, dans les échoppes centenaires des quartiers anciens, dans les izakaya enfumés sous les rails et dans les restaurants modernes qui réinventent les traditions japonaises avec audace.

Ce qui rend Tokyo unique, c’est la cohésion entre rigueur technique, respect du produit et créativité. Ici, un chef peut consacrer toute sa vie à perfectionner un seul plat — un bol de ramen, un tendon, un tonkatsu — et être considéré comme un maître dans son domaine. Cette obsession du détail, combinée à un approvisionnement d’une fraîcheur absolue grâce aux marchés comme celui de Toyosu, fait de chaque repas, même modeste, une expérience mémorable.
Inépuisable en découvertes muséales, Tokyo est aussi une capitale gastronomique. On y passe d’un ramen fumant à un kaiseki millimétré, d’un comptoir de sushis traditionnel à un marché animé, d’un bistrot de quartier à un étoilé Michelin. Si les cuisines de tout le Japon sont à l’honneur, on retrouve aussi des spécialités des quatre coins du Monde, souvent revisitées par la créativité et les saveurs du Japon.

Les grandes spécialités que l’on retrouve dans les restaurants de Tokyo
Sushi et sashimi — le raffinement du produit pur. À Tokyo, on sert le sushi dans toutes ses versions : des comptoirs étoilés où chaque bouchée est un rituel, jusqu’aux sushis tournants familiaux. Les meilleurs établissements utilisent du poisson acheminé directement depuis Toyosu Market, avec des variétés comme le toro (thon gras), le buri (seriole), l’uni (oursin) ou la crevette botan ebi. Tokyo est également le berceau du edomae sushi, un style traditionnel où le poisson est légèrement mariné, saisi, salé ou vieilli pour en révéler les nuances.
Ramen — l’obsession populaire. Chaque quartier a son style de ramen, et les Tokyïtes peuvent faire la file des heures pour leur bol préféré. Les variations sont infinies : Shoyu ramen (bouillon au soja, typique de Tokyo); Tonkotsu (riche et crémeux, originaire de Fukuoka mais omniprésent); Shio (sel) : (clair, délicat, subtil); et les Tsukemen (nouilles froides trempées dans un bouillon très concentré). Des adresses comme Ichiran Shinjuku ou Afuri Harajuku sont devenues emblématiques, mais les petites boutiques locales offrent un meilleur rapport qualité-prix.
Tempura — la légèreté maîtrisée. Le tempura tokyoïte, surtout dans les restaurants spécialisés, est une œuvre d’équilibre. Les légumes de saison, les crevettes ou les poissons sont enrobés d’une pâte si fine qu’elle devient presque translucide. Dans les grands restaurants, chaque pièce est servie à la seconde, directement sortie de l’huile, pour garder une texture idéale.
Tonkatsu — le porc pané croustillant. Ce plat simple en apparence peut atteindre un niveau de perfection époustouflant. Le porc — parfois du Kurobuta, une race prisée — est pané au panko, frit lentement pour rester juteux, puis servi avec chou finement haché, riz, soupe miso et sauce tonkatsu maison. À Tokyo, il existe des restaurants qui ne font que du tonkatsu, et qui en ont fait une spécialité presque noble.
Yakitori — brochettes grillées au charbon. Dans les ruelles de Shinjuku, Yurakucho Roppongi, et Nakameguro, les izakaya s’animent autour de grills au binchotan, un charbon ultra pur qui donne aux brochettes une saveur subtile. On y trouve :
Okonomiyaki et monjayaki — les crêpes japonaises à personnaliser. Plus rare que le ramen ou le sushi, le monjayaki est une spécialité typiquement tokyoïte, surtout du quartier Tsukishima. Plus liquide que l’okonomiyaki d’Osaka, il se prépare directement sur une plaque chauffante intégrée à la table, créant une texture croustillante et fondante.
Unagi — l’anguille grillée. L’unagi est un plat d’apparat, délicat et riche en saveurs. L’anguille est grillée au charbon après avoir été laquée d’une sauce secrète transmise de génération en génération. Mangé avec du riz dans une boîte en laque, c’est un rituel culinaire d’une rare élégance. Certains restaurants tokyoïtes cuisent l’unagi depuis plus de 100 ans, toujours dans les mêmes conditions.
Soba & udon — les nouilles de terroir. À Tokyo, des maîtres soba préparent encore les nouilles à la main, en fonction de la saison. Le soba froid accompagné d’une sauce tsuyu, surtout en été, est un plaisir simple mais raffiné. L’udon, plus épais et plus moelleux, apporte réconfort et chaleur durant les mois d’hiver.
Cuisine kaiseki — la haute gastronomie japonaise. Le kaiseki est souvent décrit comme l’équivalent japonais du « menu dégustation ». Dans les meilleurs restaurants tokyoïtes, chaque plat suit un ordre précis et met en valeur la saison, la couleur, la texture et l’équilibre général. Le repas peut comprendre jusqu’à une dizaine de services miniatures — une expérience sensorielle complète, demandant un savoir-faire d’une rare finesse.
Vous aurez compris que cette première expérience à Tokyo, nous a donné le goût d’y retourner.
INFOS | Pour plus de détails sur le Japon et Tokyo, je vous recommande de visiter l’excellent site de l’office touristique du Japon, JAPAN TRAVEL, qui a une section en français canadien.
Le projet Tokyo Toilet

Au Japon, les toilettes publiques impressionnent depuis longtemps les voyageurs étrangers grâce aux innovations de marques comme TOTO. À Tokyo, un projet audacieux a choisi d’en faire aussi des lieux de créativité et de beauté. Lancé en 2020 dans l’arrondissement de Shibuya, le projet The Tokyo Toilet est né d’une idée de Koji Yanai, héritier du groupe Uniqlo, de transformer l’expérience des toilettes publiques, souvent associées à l’insécurité, au manque de propreté et à l’inaccessibilité.


Dix-sept toilettes ont été conçues par seize architectes, designers et artistes de renom. Les réalisations se distinguent par leur inventivité. Ces toilettes sont devenues des repères dans Shibuya, attirant aussi bien les résidents que les touristes. The Tokyo Toilet n’est pas qu’un projet architectural : c’est un manifeste, une invitation à repenser l’ordinaire, à lui redonner de la valeur et à célébrer la beauté du quotidien.



