Vendredi, 3 octobre 2025
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    La première fois de Debbie Lynch-White

    Debbie Lynch-White a l’habitude de porter les mots des autres au cinéma, au théâtre et à la télévision depuis sa sortie de l’école il y a 15 ans, mais l’actrice ose cette fois écrire et mettre en scène sa toute première œuvre théâtrale, « L’usure de nos aurores » (La Licorne, 7 octobre au 15 novembre), une des rares pièces québécoises mettant en scène des personnages de lesbiennes.

    Il y a plusieurs années, tu m’as confié que tu ne te voyais pas comme une autrice. Cet automne, tu présentes ta première pièce. Comment a évolué ta confiance en ta plume?
    Debbie Lynch-White : Je suis de plus en plus confiante. À 39 ans, j’ai un peu plus de je-m’en-foutisme. Je me suis longtemps questionnée. Comme je lis beaucoup et que je vais au théâtre souvent, je me demandais ce que ma voix d’entre toutes les voix déjà si fortes apporterait de plus. Ce sentiment d’imposture m’habitait, alors que j’écris depuis mes 17 ans. Ma confiance s’est finalement solidifiée grâce à ma maîtrise en théâtre sur le silence pendant quatre ans. Durant mon parcours, j’ai reçu la validation dont j’avais besoin.

    Est-ce que l’intérêt de La Licorne a été une validation supplémentaire?
    Debbie Lynch-White : Oui et sincèrement, je n’en revenais pas! Je ne dis pas ça pour me déprécier. Je crois beaucoup au fait de commencer au bas de l’échelle. Je leur ai envoyé mon texte en rêvant que ce soit joué dans la petite salle du théâtre, en production autogérée, en sortant un peu de mes REER et en m’associant avec une jeune compagnie, parce que c’est mon premier texte et que je n’ai jamais fait de mise en scène.

    Ce n’est pas ce qui s’est passé!
    Debbie Lynch-White : Non. Le texte a bouleversé Philippe Lambert, le directeur. Quand il m’a proposé de présenter la pièce dans la grande salle… je te jure, je n’avais jamais imaginé ce scénario. Quel plateau d’argent on me donne! Depuis toujours, La Licorne est un de mes théâtres préférés. Il y a longtemps, on avait joué Chlore et Sylvie et Maurice là-bas. Ce théâtre est celui qui me donne des premières chances. Leur confiance me touche beaucoup.

    Qu’est-ce que ça signifie pour toi de savoir que ta parole va raisonner sur scène?
    Debbie Lynch-White : J’essaie de ne pas trop imaginer le soir de la première. Je pense que je vais m’évanouir! Cela dit, je suis confiante en ce que je défends. J’amène quelque chose de profondément sincère. Ne serait-ce que de mettre des lesbiennes sur scène dans une pièce québécoise. Elles sont où au théâtre? Il n’y en a presque pas, à part Christine la Reine Garçon de Michel Marc Bouchard et Coco de Nathalie Doummar. Pour moi, c’était un moteur très fort. En plus, je souhaite mettre sur scène une forme d’ultra intimité, ce qu’on ne devrait pas voir, ce qu’on ne sait pas des gens, ce qui se passe dans leur chambre à coucher.

    Dans la pièce, tu demandes combien de chances on est prêt à donner en amour. Pourquoi cette question était assez brûlante pour en faire une œuvre?
    Debbie Lynch-White : Parce que je suis une grannnnde amoureuse et romantique. J’ai vécu des histoires qui n’ont pas de bon sens que je raconterai un jour dans ma bio de vieille actrice. Aussi, j’ai manqué d’amour, alors j’ai compensé de plein de façons. Je fais partie de celles qui ne se sont pas toujours respectées par amour. Heureusement, merci à ma psy, à la vie qui change et à mes ami-es, j’évolue de belle façon. Dans les dernières années, je me suis beaucoup questionné à propos de notre conception de l’amour. Longtemps, j’ai voulu qu’il soit grandiose et douloureux. J’ai cherché cette intensité-là, mais plus je vieillis, plus je pense que le vrai amour n’a pas besoin de t’arracher le cœur à tout prix. C’est quelqu’un qui calme ton système nerveux, qui est à l’écoute de tes besoins, qui est vraiment là pour toi. Dans la pièce, ces filles-là donnent trop de chances à l’amour et ne se respectent pas beaucoup.

    Présentes-nous tes personnages, Élisabeth et Justine.
    Debbie Lynch-White : Justine est chirurgienne-dentaire. Elisabeth travaille dans une compagnie de techno. On les retrouve le soir des 35 ans de Justine. On assiste à la fin de la fête quand elles s’apprêtent à se coucher. Elles se mettent à jaser et tout part. Finalement, elles ne dormiront jamais. Je ne voulais pas mettre une bourreau et une victime. Pour moi, c’est beaucoup plus complexe que ça. Les deux sont embourbées dans leurs traumas et il leur manque encore une couple d’années de psy. Elles sont prises dans le cycle de la violence qui les réaspire constamment. Kim Despatis et Rose-Anne Déry jouent les deux femmes.

    Qu’est-ce qui a orienté ton casting?
    Debbie Lynch-White : Le choix de Kim allait de soi. Elle est capable d’être super sympathique et attachante, mais en une réplique, elle devient terrifiante. Rose-Anne, je trouve que c’est une grande actrice aussi. Ça me prenait des interprètes qui ont un super sens du timing et qui étaient capables d’habiter les silences dans une économie de gestes. Je voulais des actrices drôles, touchantes, épeurantes et assez en forme pour jouer la pièce qui est physique. En plus, elles ont déjà joué des blondes et des sœurs au théâtre. J’étais chanceuse que ce ne soit pas la première fois qu’elles se rencontrent sur scène
    .
    Quels sont tes autres projets cet automne?
    Debbie Lynch-White : Je tourne une série à Télé-Québec. À la fin octobre, je vais jouer dans Malaise dans la civilisation (Salle Fred Barry, 28 octobre au 15 novembre) d’Étienne Lepage. On tourne ce show depuis deux ans et demie. On est allé en Belgique, à Los Angeles et à New York. On va bientôt aller en France. Tout le monde nous demandait quand on allait le jouer à Montréal. On y sera trois semaines. C’est vraiment bon! On suit quatre personnes qui débarquent dans un théâtre sans trop savoir où elles sont et elles finissent par tout saccager avec des dialogues très philosophiques : c’est vraiment niaiseux!

    Tu as aussi deux sorties de films durant les prochaines semaines.
    Debbie Lynch-White : Oui, « Et maintenant », un film franco-ontarien du réalisateur Jocelyn Forgues que j’ai tourné à Ottawa l’été passé avec Pierre-Paul Alain et Vlad Alexis. C’est une super belle histoire d’amitié autour d’un gars qui apprend qu’il a le cancer. Et puis, Les Furies, notre film de roller derby, qui va sortir fin novembre. J’ai assez hâte de voir ça! On s’est entraînées pendant des mois. Il y a des reines de la comédie là-dedans. Je pense vraiment que ça va être bon.

    INFOS | L’usure de nos aurores , un texte et une mise en scène de Debbie Lynch-White,
    du 7 octobre au 15 novembre, au Théâtre La Licorne
    https://theatrelalicorne.com

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