Samedi, 4 octobre 2025
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    Elon Musk appelle à boycotter Netflix à cause de la représentation trans 

    Elon Musk exhorte désormais les familles à annuler leur abonnement Netflix. Motif : la présence de personnages trans dans certaines émissions pour enfants. Le paradoxe est frappant : sa propre fille, Vivian Jenna Wilson, est une femme trans assumée et épanouie, qui s’affirme publiquement. Difficile d’ignorer un tel contraste. Retour sur les faits récents, la chronologie de cette polémique et ce qu’elle révèle des tensions entre rhétorique politique et réalité humaine.

    Pourquoi Musk s’en prend à Netflix?

    Le 30 septembre dernier, Musk a annoncé avoir annulé son abonnement Netflix. Dans les jours suivants, il a multiplié les appels au boycott, accusant la plateforme de promouvoir une « propagande transgenre » et de « sexualiser les enfants ». Le déclencheur? La résurgence d’un extrait de la série animée Dead End: Paranormal Park, diffusée entre 2021 et 2023, qui mettait en scène un adolescent trans.

    La colère paraît décalée : la série est terminée depuis deux ans et n’est plus activement promue. Son créateur l’a rappelé, tandis que l’acteur trans qui prête sa voix au personnage principal a souligné combien ce rôle avait permis à des jeunes de se sentir vus et compris. Bref, l’indignation est nouvelle, mais l’émission ne l’est pas.

    Que montrent réellement ces programmes visés?

    Une analyse rapide des titres mis en cause révèle un fil conducteur : une simple visibilité du réel.

    • Dead End: Paranormal Park : suit un héros trans dans ses aventures, centrées sur l’amitié, le courage et la croissance personnelle.
    • Transformers: EarthSpark : introduit un personnage non binaire et met en scène Optimus Prime s’excusant d’avoir mal utilisé des pronoms.
    • CoComelon : inclut une famille avec deux pères et une séquence où un enfant joue en tutu et en couronne, symbole d’imagination, non d’idéologie.
    • The Baby-Sitters Club : raconte l’histoire d’une fillette trans avec délicatesse et respect.

    Rien de radical : seulement le reflet d’une diversité de familles telle qu’elle existe déjà. Présenter ces scènes comme une menace en dit plus sur leurs détracteurs que sur le contenu.

    Une chronologie de tensions grandissantes

    • 2020 : Musk ridiculise publiquement l’usage des pronoms, tout en affirmant « soutenir les personnes trans ».
    • Juin 2022 : Vivian Jenna Wilson, à 18 ans, change officiellement de nom et de genre, affirmant ne plus vouloir être associée à son père.
    • 2022–2023 : Après son rachat de Twitter (devenu X), Musk rétablit des comptes suspendus pour propos transphobes et assouplit les règles contre le misgendering.
    • Juillet 2024 : Dans une entrevue, Musk déclare que son enfant est « mort », blâmant un « virus woke » et liant sa rupture familiale à sa guerre culturelle.
    • Août 2024 : Vivian répond publiquement, dénonçant le misgendering et rappelant l’absence paternelle dans sa vie.
    • Septembre–octobre 2025 : Musk lance sa campagne « Cancel Netflix », relayant des dizaines de messages dénonçant des contenus « inclusifs » pour enfants.

    Cette séquence montre une évolution claire : de la moquerie superficielle à un militantisme ouvert contre la visibilité trans, alors même que sa fille affirme son autonomie et son identité.

    Vivian Jenna Wilson : un contrepoint positif

    Loin des polémiques, Vivian incarne un autre récit. Elle a fait son coming out à 16 ans, a officialisé sa transition à 18 ans et construit depuis une vie indépendante, à l’écart des prises de position de son père. En 2025, elle défilait sereinement à la New York Fashion Week. Pas de scandale, pas de posture : seulement une jeune femme qui avance dans sa vie professionnelle et personnelle.

    Vivian refuse d’être réduite à son nom de famille. Elle veut être reconnue pour ce qu’elle est, non comme un symbole. Ce refus de se laisser instrumentaliser est, en soi, la meilleure réponse aux discours qui transforment les personnes trans en champs de bataille idéologiques.

    Liberté d’expression ou culture de l’annulation?

    Le paradoxe demeure : Musk se présente comme un défenseur inconditionnel de la liberté d’expression, tout en appelant à boycotter une plateforme entière parce qu’elle diffuse des histoires où des personnes trans existent. Il glorifie le « marché des idées », mais rejette un « marché des récits » où toutes les identités ont droit de cité.

    Quant à l’argument de la « protection des enfants », il résiste mal à l’examen. Montrer un robot s’excusant pour avoir mal genré quelqu’un, ou un enfant jouant en tutu, n’a rien de sexualisant. Cela transmet au contraire des valeurs d’empathie, d’imagination et de respect.

    Ce qu’il faut retenir

    • La visibilité reflète la réalité : les familles sont diverses, et les enfants gagnent à voir cette diversité représentée.
    • Le contexte compte : les extraits viraux isolent des moments sans la mise en scène nuancée et adaptée à l’âge.
    • Les polémiques passent, les vies continuent : les campagnes de boycott font beaucoup de bruit, mais la vie quotidienne des familles, des créateurs et des jeunes trans suit son cours.
    • L’expérience vécue éclaire le débat : le parcours de Vivian Jenna Wilson rappelle que ce qui aide vraiment les jeunes trans, c’est la sécurité, le respect et la liberté d’être soi-même.

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