Premier roman de Jonathan Gillot et grand gagnant du Prix Découverte de la quatrième édition du Roman gay (2016) qui l’a couronné au cœur des onze finalistes issus des 119 œuvres soumises à travers la francophonie.
Quentin, un journaliste désillusionné par le métier et ses chances de s’y tailler une place, se retrouve dans une petite ville de province, Chaumond, afin de couvrir un événement qui, à première vue, semble d’une importance toute relative.
En effet, malgré un nombre significatif de victimes, l’explosion de la salle de conseil d’un hôtel de ville, due à une fuite de gaz, n’a rien pour susciter la controverse et la passion d’un lectorat de plus en plus blasé.
Pourtant, les événements se bousculent et révèlent bientôt un nœud de vipères particulièrement complexe et malsain : la journaliste principale est assassinée pendant la nuit et Quentin subit des menaces d’hommes masqués qui le somment de quitter les lieux.
En compagnie d’un caméraman, Camille, il se prépare à prendre la poudre d’escampette lorsque les événements se déchainent et qu’un groupe terroriste nationaliste frappe la ville d’assaut et les amènent donc à faire face à la musique.
L’auteur fait preuve d’ingéniosité en ne cantonnant pas ses personnages dans des rôles unidimensionnels et antagoniques comme c’est trop souvent le cas : par exemple, l’éternel journaliste courageux versus le cliché du terroriste démoniaque aveuglé par sa mission.
Au contraire, les facettes des personnages y sont multiples et bien développées et il s’avère donc souvent difficile d’anticiper leurs mouvements. À travers ce réseau d’intrigues et de coup d’État, une relation amoureuse se tisse progressivement entre Quentin et Camille, mais ce sentiment est-il réel ou simplement la résultante d’un besoin de rapprochement au cœur d’une haletante chasse à l’homme?
Un thriller politique complexe qui ménage astucieusement sa part de suspense et de mystères. Sans aucun doute, un auteur à surveiller.
Désordres / Jonathan Gillot. Plombières les bains : Ex Aequo, 2016. 244p.