L’église catholique gangrénée par les scandales de pédophilie au sein de son clergé, qui touchent aussi bien les évêques que les simples curés de campagne, ne sait plus comment se sortir de ce bourbier. Et celui qui est en première ligne semble parler à travers sa tiare.
On accuse le premier locataire du Vatican de s’être tu trop longtemps, alors qu’il avait été informé depuis des années des agissements pédophiles de certains des serviteurs de son Église. On lui reproche même de les avoir protégés. En Argentine d’où provient François, en Irlande où le Pape a présenté de timides excuses aux victimes lors d’une messe, même aux États-Unis, des voix s’élèvent à l’intérieur de la hiérarchie pour dénoncer le silence et l’inertie du Vatican.
Le tout dernier, et non le moindre, à s’exprimer a été l’Archevêque Carlo Maria Vigano, ancien nonce apostolique à Washington, qui aurait averti aussi bien Benoît XVI que François, ainsi que de très hauts responsables en poste au Vatican des agissements de Theodore McCarrick, archevêque émérite de Washingon démissionnaire. Carlo Maria Vigano dans un document termine en demandant au Papounet de démissionner pour mettre fin à «la conspiration du silence».
Depuis deux décennies, l’Église catholique est marquée par les scandales de pédophilie, et ses dirigeants accusés de couvrir les scandales en choisissant de déplacer les prêtres accusés à d’autres postes, ou en négociant secrètement avec les plaignants pour qu’ils ne sortent pas sur la place publique.
On le sait, le Pape est pris en étau entre ses idéaux progressistes qui se heurtent aux forces traditionnalistes intégristes qui aimeraient voir le Pape libérer le Saint-Siège. Mais catholiques progressistes et catholiques intégristes font front commun pour dénoncer la pédophilie au sein de la Sainte-Mère l’Église. Et pour certains, le lien entre pédophilie et homosexualité ne fait aucun doute. Un pas franchi par le cardinal sud-africain Wilfrid Napier dans un tweet en date du 24 août dernier, affirmant que la racine du problème n’est pas la pédophilie, mais «l’activité homosexuelle» au sein de l’Église. En résumé, en nettoyant le clergé des homosexuels, les scandales de pédophilie disparaitraient au sein du clergé. Wilfrid Napier poussant le bouchon encore plus loin en présumant que des hommes attirés par des adolescents choisiraient la prêtrise pour satisfaire leur désir.
On peut alors s’étonner de la déclaration du Pape lors de son intervention devant les journalistes dans l’avion qui le ramenait d’Irlande. Il a demandé que les parents soient plus attentifs face à leurs enfants mâles qui pourraient être homosexuels et de leur proposer de se tourner vers la psychiatrie.
On peut se demander si le Pape, sommé de se prononcer et de prendre position, ne déplace pas le projecteur en ciblant la grande responsable selon les plus traditionnalistes et les plus intégristes des catholiques parmi les maux qui frappent l’Église catholique: l’homosexualité. Bien sûr, plus question de brûler le sodomite, mais que les parents traquent dès le plus jeune âge toute dérive arc-en-ciel de leur progéniture et la fasse soigner. Un énorme retour en arrière.
Est-ce pour s’attirer un peu de sympathie de la part de ses plus virulents détracteurs au sein de la curie? Est-ce pour détourner l’attention et retarder le grand ménage à faire dans son clergé? Comme celles du Seigneur, les voies de François sont impénétrables. Si en 2007, Benoît XVI déclarait que les limbes n’existaient pas ou plus, il semble que François y patauge encore.