Poète trans, José Claer se livre à nu dans un texte à la fois cru et poétique, mais toujours puissant. Le titre est particulièrement évocateur de cette volonté de déchirer cette chair qui est sienne afin de nous la mieux révéler.
Il fut un temps où José était Josée et c’est ce « e », paradoxalement muet, qui occupe toujours un espace trop important dans le regard des autres.
« Voilà que j’habite une faute d’orthographe qui est plus grande que moi / Qui ai perdu mon « e » muet au jeu du changement de genre / Les jambes serrées sur un sexe du dimanche, qui ne sert jamais d’apothéose »
Pour plusieurs lecteurs, le parcours ainsi proposé amène à accoster des terres qui sont encore trop inconnues puisque la parole trans demeure encore peu diffusée. Loin d’être victime, l’auteur arbore plutôt la tenue du défricheur de sa propre vérité : un exutoire qui mène à l’exaltation d’une appropriation pleine et entière.
« La fuite serait une évidence intolérable, ne plus renier mon sexe anicroche / Mais le brandir comme un drapeau pirate / J’ai été à jeun de la passion trop longtemps. »
Mordre jusqu’au sang dans le rouge à lèvre / José Claer. Ottawa : L’Interligne, 2019. 85p.